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La campagne électorale est lancée aux États-Unis. Et sauf surprise, ceux qui espèrent un affaissement de la conjoncture américaine d’ici novembre devront déchantés car les effets des trumponomics perdurent. Le pari était audacieux : stimuler la demande par la mise en place d’une politique budgétaire expansionniste dans une économie au plein emploi en s’appuyant sur le statut de monnaie de réserve du dollar pour la financer.


La job machine tourne à plein régime


Et c’est un fait les déficits jumeaux (déficit public et extérieur) se financent avec aisance tant la demande mondiale de dollars reste forte : les taux à 10 ans sont bas, bloqués en dessous de 2% ; c’est moins que l’inflation et c’est aussi deux fois moins environ que la croissance nominale du PIB et aucune inversion de tendance n’est anticipée d’ici la fin de l’année 2020.


Selon les experts, l’allongement du cycle de croissance devait inévitablement se fracasser contre des contraintes physiques, notamment une pénurie de main-d’œuvre bloquant les entreprises à produire davantage. C’était oublier qu’une hausse des gains de productivité permet aux entreprises de produire plus avec le même emploi. Or la productivité s'est réveillée en même temps que l’appareil productif a été mis sous tension. Quant à ceux qui pronostiquaient que le plein emploi jouerait rapidement comme un butoir, c’était oublier que le taux d’emploi pouvait rapidement augmenter compte tenu de son reflux au cours des deux décennies précédentes et du halo d’emplois ubérisés qui créent un réservoir. Et c’est le cas, signe que les entreprises américaines acceptent d’embaucher massivement des salariés considérés jusque-là comme peu employables.

Malgré tout, le taux d’emploi est très loin encore d’indiquer une mobilisation maximale de la population disponible et il reste encore une importante réserve de main-d’œuvre.


C’est un tour de force, le taux de chômage est à un plus bas depuis 50 ans, mais la job machine continue de tourner à un rythme soutenu et permet à la croissance de se prolonger et de rester forte. Au rythme actuel, le nombre d’emplois nets créés dépassera les 8 millions d’ici l’élection.


Les effets richesse soutiennent la consommation


Il faudrait un donc un sérieux choc pour que tout à coup le tableau s’assombrisse. Côté consommateur on ne voit rien venir. La confiance plafonne mais à très haut niveau, largement au-dessus de sa moyenne de long terme. Ces petites hésitations se sont traduites par une légère remontée du taux d’épargne mais sans excès, signe que le socle de la consommation reste solide et que les inquiétudes sur l’avenir sont finalement limitées d’autant plus que cette hausse de l’épargne accompagne une reprise de l’investissement résidentiel.


Le retour des effets richesse n’est pas étranger à la solidité de la confiance. Les prix de l’immobilier ont repris leur marche aux sommets, rejoignant ceux de l’avant-crise. Les marchés d’actions, de leur côté, ont explosé tous leurs records, multipliant par deux les niveaux déjà vertigineux de 2007. Côté immobilier, on peut parler de lente récupération, sur 10 ans, sans excès du crédit en sous-jacent. Côté actions, les choses sont plus fragiles, comme le montre Olivier Passet dans sa vidéo « Etats-Unis : la croissance destructive », mais pas de là à pronostiquer un krach à court terme. Les effets richesse devraient donc perdurer d’ici novembre prochain.


Industrie et déficit commercial à surveiller


Côté offre, il faut distinguer les services — dont l'indice des directeurs d'achat est bien ancré au-dessus de 50, c’est-à-dire en zone d’expansion — de l’industrie manufacturière qui est tombée dans la zone indiquant une contraction. Compte tenu du poids des services, un retournement fort de cycle de type « récession » n’est pas d’actualité. En revanche, un ralentissement ou une décélération semble des plus plausibles. C’est néanmoins peut-être ici que va se situer le talon d’Achille de Donal Trump en novembre prochain. La promesse de la ré-industrialisation ne sera pas tenue, et les élections se dérouleront dans un contexte industriel compliqué  avec un secteur emblématique — l’automobile — en perdition. En niveau, la production a dévissé de 34% depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump et la pente ne sera pas remontée de sitôt.


Autre difficulté, le déficit commercial pourrait bien être à un record d’ici quelques mois ce qui mettrait en échec la politique protectionniste de la Maison Blanche. On comprend mieux ainsi son récent empressement à signer un accord avec la Chine dans lequel Pékin s’engage à acheter pour 200 Md$ de produits américains supplémentaires sur deux ans.
Malgré ces deux zones d’ombres, force est de constater que Donald Trump a réussi à jouer les prolongations et que les élections se dérouleront dans un contexte économique qui lui sera favorable.


Publié le lundi 20 janvier 2020 . 4 min. 43

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