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Avant la crise de la COVID-19, Donald Trump était en passe, semble-t-il, de gagner son pari économique. Tout allait bien en apparence, notamment du côté du marché du travail. Le taux d’emploi — une mesure de l’utilisation des ressources de main-d’œuvre disponible, calculée en divisant le nombre d'actifs occupés par la population en âge de travailler (par convention les 15-64 ans) — était bien relancé. À près de 67%, le pic de 2006 est même dépassé fin 2019.


Cette évolution est au cœur de la progression des revenus des Américains qui se sont élevés de 7,3% en termes réels ces trois dernières années. Une hausse des revenus d’activité à laquelle s’ajoutent de puissants effets de richesse avec d’un côté des prix immobiliers qui ont dépassé leur ancien sommet de 2008 et sont à un niveau record, tout comme l’était le Dow Jones fin 2019. Après une phase de dépression avec la crise de la COVID, la bourse américaine est même à nouveau à un pic.


Croissance à crédit


Ces bons résultats doivent pour beaucoup à la poursuite du plus long cycle de croissance de l’économie américaine. Une performance qui doit absolument être lue à travers le stimulus fiscal massif intervenu en 2017. La masse de l’impôt sur les bénéfices des sociétés est notamment passée de 2,1% du PIB en 2015, avant l’arrivée de Donald Trump, à 1,1% en 2018. Cela a en partie dynamisé l’investissement et en partie favorisé l’accumulation de cash dans les entreprises, dont une partie a été brûlée par le rachat massif d’actions pour soutenir les cours. Mais il y aussi eu une contrepartie à la politique fiscale : la dégradation des finances publiques. Le déficit public s’est notamment creusé, passant de 4,7% du PIB en 2016 à 6,7% en 2019. Le déficit public structurel (c’est-à-dire corrigé des effets du cycle économique qui est traditionnellement un meilleur indicateur pour évaluer le caractère expansionniste ou restrictif de la politique budgétaire) s’est détérioré de plus de 3 points de PIB (de -3,7% à -6,8% du PIB entre 2016 et 2019). C’est presque autant que le stimulus budgétaire de 2009-2010, au sortir de la crise financière. En d’autres termes, c’est une croissance à crédit qu’a acheté Donald Trump, à charge pour les prochains présidents de la financer. En outre, les effets de la baisse de la fiscalité sur l’investissement des entreprises étaient déjà avant la crise de la COVID-19 en train de se retourner : l’investissement est alors reparti dans un cycle négatif.


« Reprimarisation » de l’économie US


La guerre commerciale avec la Chine et l’Europe n’a pas eu non plus les effets escomptés. D’abord, la balance courante ne s’est pas améliorée ces quatre dernières années et le déficit représente toujours un peu plus de 2% du PIB. La faute à une balance commerciale toujours archi-déficitaire, malgré les mesures protectionnistes mises en place.


En outre, derrière l’apparente stabilité du solde commercial, se cache une évolution beaucoup moins flatteuse : la détérioration du solde commercial non-énergétique, compensée par l’amélioration de la balance commerciale énergétique avec le développement du gaz et du pétrole de schiste. Car c’est aussi çà la croissance à la Trump : la poursuite du formidable essor de la production de pétrole et gaz non-conventionnels dont la production fin 2019 a atteint son niveau historique. C’est une filière d’entraînement qui va bien au-delà de son simple poids dans la création de la richesse nationale. Mais c’est tout un symbole : le poids des industries extractives dans le PIB a progressé sous l’ère Trump (malgré la chute de la production de charbon). C’est marginal, mais c’est un mouvement de reprimarisation de l’économie américaine.


Surtout qu’en face, la part de l’industrie manufacturière, elle, n’a cessé de s’éroder. Le rapatriement industriel n’a pas eu lieu. Et il y certains échecs retentissants dans la sidérurgie notamment. Selon le bureau du travail américain, il y aurait 1 900 salariés de l’acier de moins entre le début et la fin du mandat du président républicain. Et les industries utilisatrices de métal auraient aussi perdu quelque 75 000 emplois. Dans le secteur automobile notamment, la production de véhicules particuliers a poursuivi son déclin.


Derrière un bel affichage, ce que l’on découvre, c’est une croissance à crédit, des rachats massifs d’actions pour soutenir les cours, une guerre commerciale pour rien, une reprimarisation de l’économie, la poursuite du déclin industriel, une hyper-concentration des fruits de la croissance sur une poignée d’hyper-riches et pour finir une crise démocratique. Et in fine Trump a géré les Etats-Unis comme il a géré ses propres affaires, dans une fuite en avant à la Ponzi, avec en bout de chaîne un surcroît de richesse que la moindre étincelle pourrait faire partir en fumée.


Publié le jeudi 3 décembre 2020 . 4 min. 26

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