Xerfi Canal TV présente l'analyse d'Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture et de la prévision de Xerfi
C’est avec un grand « ouf » de soulagement que le gouvernement japonais a accueilli les chiffres de croissance du 1er trimestre. Avec un PIB en hausse de 1%, l’économie japonaise accélère et tourne le dos à sa 4ème récession en 7 ans ! Mieux, l’expansion est générale et s’appuie sur tous les moteurs. La consommation des ménages, en hausse de 0,4% n’en est cependant pas la principale locomotive. Alors qu’elle pèse pour 60% du PIB, elle n’a contribué qu’au quart du sursaut du premier trimestre. Le gouvernement attend d’ailleurs beaucoup mieux de cette composante car elle doit contribuer à la mise en place d’un cycle économique vertueux et prendre le relais des plans de relance massifs ainsi que de la politique monétaires ultra-accommodante menés dans le cadre des Abenomics. Et c’est vrai, il existe un vrai potentiel de ce coté là. La hausse de 5 à 8% du taux de TVA en avril 2014 avait fait plonger la consommation bien au-delà de ce qui était attendu et elle demeure aujourd’hui encore en retrait de 4% environ de son pic historique. Un pic, boosté il est vrai, par les achats anticipés avant la hausse de la TVA. Il reste ainsi encore de la place pour une franche accélération des dépenses des ménages. On comprend mieux ainsi l’exhortation du 1er Ministre Abe aux grands groupes d’augmenter les salaires. Et il a été reçu 5 sur 5. Les négociations salariales du printemps dernier, le « shunto », ont débouché sur des hausses significatives dans l’automobile ou l’électronique. Selon les estimations des syndicats de 25 grandes entreprises, les salaires de base y ont augmenté de 36 000 yens (environ 275 euros) en moyenne sur un an. Un bonus qui représente 75% de plus qu’en 2014. Cette tendance doit désormais gagner les PME dans lesquelles 70% des Japonais travaillent. C’est nécessaire pour transformer l’essai et assurer un régime de croissance plus soutenu à la consommation. Et les entreprises nippones y croient. Après 2 trimestres de baisse des stocks, la contribution de ces derniers à la croissance est redevenue positive, signe que les chefs d’entreprise ont aujourd’hui une perception plus optimiste de la demande finale. Preuve supplémentaire de cet optimisme, l’investissement est lui aussi reparti. Il est vrai que le moteur extérieur tourne aussi à plein régime. L’impact de la baisse du prix du pétrole joue certes un rôle décisif dans l’amélioration spectaculaire du solde commercial, qui flirte désormais avec l’équilibre. Ce n’était plus arrivé depuis février 2011, juste avant la catastrophe de Fukushima et ses conséquences, notamment sur les achats massifs et au prix fort des hydrocarbures pour faire tourner les centrales thermiques après la mise à l’arrêt du parc nucléaire. Mais il y a aussi le nouvel élan des exportations. En hausse de près de 2,5%, les exports de biens et services en volume ont dépassé au 1er trimestre leur record de début 2008. Un record facilité par la baisse du yen, orchestrée par la Banque du Japon. Evidemment, le Japon peut mieux faire. L’inflation fait toujours du rase-motte et la cible des 2%, objectif ultime des Abenomics, est reportée à 2016. Evidemment, la BoJ va être confrontée à la remontée des taux longs (aujourd’hui inferieurs à 0,5% pour le 10 ans) alors que le pays est surendetté. Mais une chose est sûre : audacieuse, téméraire ou insensée, la stratégie japonaise à le mérite de donner une leçon de volontarisme.
Alexandre Mirlicourtois, Japan is back !, une vidéo Xerfi Canal TV
Publié le lundi 22 juin 2015 . 3 min. 29
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