L’énergie est un sérieux problème pour l’Europe. Plus dépendante que les Etats-Unis, l’Union européenne est en concurrence de plus en plus vive avec les grands pays émergents comme la Chine ou l’Inde pour ses approvisionnements. Ce qui pose, à l’évidence, des problèmes de sécurité mais aussi de coûts, et in fine de compétitivité : les importations assurent plus de la moitié de la consommation intérieure brute européenne d’énergie, une tendance haussière depuis le début des années 90.
Certes, la progression n’est pas constante et la dépendance énergétique s’est réduite depuis son pic de 2008. Mais depuis peu, nouveau retournement, et certains groupes d’experts prédisent une dépendance de 70% d’ici 20 ou 30 ans, faute de mesure. Il s’agit bien entendu d’une moyenne et ces chiffres ne doivent pas masquer la diversité des situations, liées soit aux ressources naturelles localement disponibles soit à des choix nationaux très tranchés en matière de politique énergétique.
Parmi les cinq plus gros consommateurs, les moins dépendants des importations sont le Royaume-Uni et la France, au contraire de l’Allemagne, de l’Espagne et encore plus de l’Italie. Avec une production moyenne de près de 135 million de tonnes équivalent pétrole ces 5 dernières années, la France est le premier producteur d’énergie d’Europe (17% de l’ensemble), avec un profil totalement atypique puisque 83% de la production d’énergie est nucléaire contre 15% pour la moyenne européenne (hors France). Le solde est totalement ou presque assuré par les énergies renouvelables à hauteur de 15%, soit dix points en dessous environ de la moyenne européenne. Les 2% restants sont surtout constitués de pétrole brut et de gaz.
En comparaison, l’Allemagne, 2ème producteur d’énergie européen, présente un profil bien plus diversifié. Le charbon arrive en tête (37%), suivi des énergies renouvelables et du nucléaire, une source d’énergie vouée à la disparition après la décision du gouvernement d’arrêter tous les réacteurs d’ici 2022. Le solde (14%) est couvert au deux tiers par la production de pétrole, de gaz naturel et liquéfié. La production de pétrole brut et de gaz naturel est essentielle pour certaines grandes économies européennes. Au Royaume-Uni, bien sûr, avec les gisements de la Mer du Nord : 70% de la production d’énergie primaire viennent encore du pétrole brut et du gaz, là aussi c’est un profil atypique en Europe. Mais c’est aussi le cas en Italie notamment grâce aux gisements situés en Sicile : les hydrocarbures forment ainsi plus du tiers de la production totale d’énergie du pays.
Les consommations nationales sont à l’image des productions nationales, excepté pour le pétrole brut et le gaz naturel, massivement importés. La France produit nucléaire, elle consomme donc nucléaire, pour 44% contre 7% en moyenne en Europe. Nucléaire, pétrole et gaz naturel pèsent ainsi près de 90% de la consommation primaire d’énergie française. De même, en dehors du pétrole, l’Allemagne consomme d’abord du charbon pour produire son électricité, devant les énergies renouvelables. Ce n’est pas un hasard non plus si le poids du pétrole et du gaz dans la consommation totale primaire est supérieur au Royaume-Uni et en Italie que dans le reste de l’Europe.
S’il semble vain de réaliser un panorama européen compte tenu de l’importance des particularismes nationaux, deux tendances fortes se dégagent : 1- la réduction de la consommation (donc de la production) sur moyenne période. C’est le résultat d’une meilleure efficacité énergétique mais aussi de la tertiarisation de l’économie. 2- La montée générale des énergies renouvelables dans le mix énergétique. Moralité, la totale dépendance de l’Europe à ses approvisionnements extérieurs n’est pas une fatalité.
Alexandre Mirlicourtois, L'Energie en Europe : chacun pour soi, une vidéo Xerfi Canal TV.
Publié le mardi 7 mars 2017 . 4 min. 03
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