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L'Espagne : la crise inextricable de trop

Publié le jeudi 25 juin 2020 . 4 min. 42

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Avant la crise du Covid-19, l’économie espagnole, c’était le phénix qui renaissait de ses cendres avec un taux de croissance supérieur au reste de la zone euro de 1 point en moyenne sur les 5 dernières années. Une remontada stoppée nette par l’épidémie, puissante révélatrice des faiblesses du pays. Cinq ressortent plus particulièrement.


Un tissu productif fragile


La première, c’est la structure du tissu productif. L’Espagne, comme l’Italie, est le royaume des TPE et des indépendants. Rapporté à la population pour gommer l’effet taille, l’Espagne compte 56 entreprises de moins de 20 employés pour 1 000 habitants. C’est un chiffre assez proche de celui de l’Italie, mais beaucoup plus élevé que celui de la France et encore plus de celui de l’Allemagne. De petites structures familiales qui n’ont pas forcément la trésorerie pour tenir en cas de coup dur.

Malgré des reports fiscaux ou encore des garanties de liquidité, de nombreuses TPE vont se retrouver en difficulté et il faut s’attendre à une hausse de 22% des défaillances selon la Coface. A l’autre bout du spectre, très peu de grandes structures. Et beaucoup sont de surcroît des filiales de grands groupes étrangers. Dans le top 100 des multinationales non-financières classées selon leurs actifs détenus à l’étranger, l’Espagne en place seulement 3. C’est très loin des Etats-Unis qui en compte 18, ou de la France (avec 15 unités), devant le Royaume-Uni et l’Allemagne. Au moment où chaque gouvernement en appelle au patriotisme des champions nationaux pour recentrer leur production dans leur pays d’origine, l’Espagne en est démunie. Et la liste des fermetures des sites de production et des plans de licenciements s’allonge : Nissan a annoncé vouloir arrêter ses trois établissements catalans, ArcelorMittal une baisse significative de l’activité de ses 12 usines espagnoles, Alcoa la fermeture de son site de Lugo… La liste est longue.


Des emplois précaires en nombre


Deuxième faiblesse de l’économie ibérique : la dualité de son marché du travail. Malgré de lourdes reformes, l’Espagne reste LE pays du travail intérimaire. C’est plus du quart de l’emploi total en Espagne, record en Europe où la moyenne est de 16%. C’est aussi plus de 10 points supérieurs aux autres grandes économies eurolandaises. Ces emplois précaires sont les premiers à être détruits en cas de choc. L’ajustement est rapide, beaucoup plus violent que dans le reste de la zone euro et le taux de chômage s’envole. Cela a notamment été le cas lors de la grande récession de 2008-2009, puis des crises à répétions qui ont suivi avec un taux de chômage dépassant le quart de la population active. Pour éviter le pire, le gouvernement espagnol a pris cette fois-ci toute une série de mesures pour renforcer le bouclier social avec pêle-mêle : l’interdiction des coupures d’eau et d’électricité pendant l’état d’alerte, la suspension des procédures d’expulsion, le moratoire pour les loyers dus aux HLM, etc. Ces mesures temporaires ne suffiront pas. Avec un taux de chômage attendu à 20% cette année, le taux de pauvreté qui était déjà l’un des plus élevé d’Europe, va mécaniquement augmenter, d’autant plus que contrairement à celle de 2008, la crise du Covid-19 a aussi paralysé l’économie informelle.


Un secteur touristique hypertrophié


Troisième talon d’Achille : le poids du tourisme dans l’économie ibérique. Pas n’importe quel type de tourisme, principalement le tourisme de masse. Les visiteurs étrangers ont dépensé 92 milliards d’euros en Espagne en 2019, soit l’équivalent de 7,5% environ du PIB, avec de grandes disparités géographiques. Les recettes touristiques étrangères, c’est ainsi plus de 45% du PIB d’une région mono-spécialisée comme les Baléares ou plus de 37% pour les Canaries. Pour ces régions, sans les visiteurs étrangers, l’économie est à terre. Or, sur les 4 premiers mois de l’année, les recettes touristiques se sont effondrées de 76% pour les premières et de 48% pour les secondes. Même pour les régions de Madrid, de Valence ou l’Andalousie, le choc est rude et l’est d’autant plus que la crise du Covid-19 s’accompagne aussi d’une remise en cause du tourisme de masse.


Un commerce extérieur au ralenti, surtout avec l’Amérique du Sud


Outre le tourisme, la remontée de l’Espagne s’était axée en priorité sur le commerce extérieur. Les gouvernements successifs ont avant tout misé sur la contraction des salaires pour regagner en compétitivité-coût, avec un certain succès au départ : la demande intérieure a été étouffée, ce qui a limité les imports et boosté les exportations. Le déficit commercial avait été ramené de 100 à 25 milliards d’euros en quelques années, une amélioration suffisante pour dégager des excédents courants (proche de 2% du PIB) grâce notamment aux gigantesques recettes touristiques. Mais cette dynamique a très vite trouvé ses limites et maintenant que les débouchés se referment, c’est la catastrophe.


D’autant plus, et c’est le cinquième point faible, que l’Espagne est traditionnellement tournée vers l’Amérique du Sud et Centrale en pleine débâcle. Nul doute, cette fois la « remontada » sera un défi redoutable et sans espoir sans l’euro et la solidarité européenne.


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