Réparer des appareils coûte de plus en plus cher, non pas malgré, mais à cause du bonus réparation, titrait récemment un journal économique. Ordinateurs, aspirateurs, lave-linges, smartphones, machines à café, ou encore, depuis peu, ressemelage des chaussures, retouche des vêtements, la liste des produits éligibles à cette nouvelle aide s'élargit. Son objectif, louable, est d'allonger la durée de vie des biens en favorisant leur réparation. C'est bon pour l'environnement et le porte-monnaie. Sa conséquence, malheureuse, a été de faire grimper les prix, réduisant de facto l'intérêt des ménages à réparer leurs équipements. L'objectif initial n'est donc pas atteint. Quant aux consommateurs ayant bénéficié de l'aide, pour certains, il s'agit d'un effet d'aubaine, les finances publiques prenant à leur charge une partie de la facture de réparations qu'ils auraient réalisées, bonus ou pas.
Comportement opportuniste des réparateurs
Ces constats sont largement étayés par les informations tirées du bilan de l'observatoire du fonds réparation des équipements électriques et électroniques. Le coût moyen des travaux des 10 équipements les plus réparés par les professionnels labélisés QualiRepart et ayant bénéficié du bonus a augmenté de plus de 15% entre janvier et novembre 2023, selon nos calculs. Sur la même période, l'inflation est restée bloquée à 2% pour l'ensemble du secteur de la réparation d'appareils ménagers et a même reculé concernant la remise en état de matériels audiovisuel, photographique ou informatique. Le comportement opportuniste de certains réparateurs est une évidence. De quoi décourager les consommateurs et, c'est un fait, le nombre d'interventions stagne depuis l'été dernier. Quant à l'effet d'aubaine, près de la moitié de la clientèle aurait fait réparer même sans bonus, c'est plus que le pourcentage déclarant que l'aide a eu un impact substantiel.
En fait, tout ceci n'est pas une surprise. Pour ceux qui ont de la mémoire, ils se souviennent de la baisse de la TVA dans la restauration, passée de 19,6 à 5,5% en juillet 2009. Cette ristourne fiscale, qui a coûté 3 milliards d'euros au budget de l'État pour la seule année 2010, avait comme contrepartie les engagements pris par les représentants de la profession dans le Contrat d'Avenir. Les gains devaient être équitablement distribués entre patrons de restaurants, personnel, et clients. Les résultats de l'étude de l'Institut des politiques publiques sont sans nuance : moins de 10% ont été transférés aux clients, l'essentiel ayant été capté par les entreprises. Ce n'est évidemment pas spécifique à la restauration.
Effet inflationniste des aides à l'investissement
L'impact inflationniste des aides au logement est parmi les plus étudiées, notamment les aides à la personne sur les loyers. Les estimations suggèrent qu'un euro d'aide supplémentaire est suivi d'une augmentation de 78 centimes du loyer. L'impact inflationniste est d'autant plus fort que les bailleurs ont la capacité de connaître les locataires éligibles et perçoivent parfois directement ces aides.
Les aides en direction de l'investissement locatif, qui permettent à un investisseur de bénéficier de nombreux avantages fiscaux, n'échappent pas à la critique non plus. La mise en place du Scellier a entraîné en moyenne en France une hausse des prix du foncier de 9 à 10% et de l'ordre de 25% sur le pourtour méditerranéen. Une véritable aubaine pour les propriétaires de terrain constructible. La Cour des Comptes, de son côté, a calculé que le coût pour les finances publiques d'un logement de 190 000 euros bénéficiant de l'avantage Pinel était trois fois plus élevé que celui d'un logement social comparable. Le même schéma se répète : la demande est aidée, l'offre est figée, l'ajustement s'effectue par les prix.
Taux de TVA réduit, primes et bonus en tout genre, crédits d'impôt se retrouvent finalement dans les marges des professionnels, des propriétaires-bailleurs. Le consommateur n'y gagne rien ou pas grand-chose, le contribuable paie, lui, la facture.
Publié le mercredi 17 janvier 2024 . 3 min. 57
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