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La bombe sociale du prix du carburant : ses causes profondes

Publié le mardi 24 octobre 2023 . 4 min. 12

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Le passage à la pompe est devenu tellement douloureux que le gouvernement met la pression sur la grande distribution pour qu’elle ne marge plus sur les carburants. Le but : éviter un dérapage incontrôlé du budget « essence » des ménages, sujet socialement hautement abrasif.


Comparaison historique des prix de l'essence


C’est à la fois légitime et absurde. Absurde parce que le prix de l’essence n’est pas le problème. Il faut remonter le temps. Prendre 1978 à titre de comparaison offre un énorme avantage. Le SMIC horaire en fin d’année était alors à 11 francs et 31 centimes contre 11 euros 27 aujourd’hui. Ce sont quasiment les mêmes chiffres, il est donc possible de lire directement les prix de 1978 en francs comme s’ils étaient en euros.


L’évolution des types de carburants rend les comparaisons complexes, mais un litre d’ordinaire valait en 1978 2 francs et 36 centimes, contre 1 euro 91 début octobre pour le gazole ou le SP 95. C’est près de 20% de moins. Dit autrement, mesurer en heures de travail payé au SMIC, le prix d’un plein de 50 litres est passé de 10 heures et 26 minutes à 8 heures 17 minutes. Les progrès des techniques d'extraction et de production ont fait baisser le prix de revient, la concurrence entre les grandes surfaces alimentaires et les réseaux de stations-services traditionnels a mis la pression sur les marges.


Deux autres éléments sont à intégrer dans l’équation. Le premier : l’amélioration du rendement des moteurs. Une Renault 5 de 60 chevaux consommait environ 6,8 litres d’essence aux 100 km en cycle mixte au début des années 80. Un modèle similaire aujourd’hui sera plus sobre d’environ 20%. Bref, le coût « carburant » au kilomètre pour une personne payée au SMIC est 40% inférieur à ce qu’il était il y a 45 ans ! Second élément, le prix à l’achat du véhicule est nettement moins cher, notamment grâce au low cost qui n’existait pas au début des années 80. À y regarder de plus près, seul l’entretien-réparation dont le prix est, comme pour la majorité des services, accroché à l’évolution des salaires, a progressé peu ou prou au même rythme que le SMIC.


Plus encore qu’hier, la voiture est indispensable au quotidien


Alors pourquoi autant de crispations autour du plein ? Car il est à l’intersection de quatre transformations majeures de la société française :


1. La montée du travail féminin. Elle s’est accompagnée d’une demande de mobilité accrue. L’automobile est devenue une absolue nécessité pour de nombreuses femmes pour se rendre au travail et gérer les responsabilités familiales. Le nombre de détentrices du permis de conduire a explosé dans les années 80-90 jusqu’en 2000. Finalement, femmes et hommes passent quotidiennement environ 1h à se déplacer avec une fréquence d’utilisation de l’automobile quasi-identique.
2. Ce mouvement en a télescopé deux autres : la flambée immobilière qui a contraint les ménages modestes à s’éloigner des centres-villes où se concentrent l’activité, les services administratifs et les loisirs.

3. À quoi s’ajoute la destruction de nombreux emplois industriels situés dans les campagnes et remplacés par des emplois dans les services localisés dans les cœurs de villes : en 20 ans, la distance domicile-travail a augmenté de moitié pour les habitants ruraux. La disparition des commerces de proximité, la désertification médicale ne sont pas sans conséquence non plus dans l’allongement du rayon d’action des Français et l’utilisation plus intensive du véhicule familial et/ou la multi-motorisation : la France comptait ainsi moins d’un véhicule en moyenne par foyer en 1980 contre près de 1,3 aujourd’hui. Et le nombre de kilomètres parcourus s’est allongé, excepté durant la crise sanitaire.


4. Dernière transformation profonde : ce sont les ménages modestes qui utilisent le plus quotidiennement leur voiture alors que son usage était plus intense en haut de l’échelle des revenus il y a 50 ans.


L’essence coûte moins cher aujourd’hui, c’est une évidence, mais en passant plus souvent à la pompe, le budget « carburant » devient étouffant. C'est une bombe sociale.


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