Xerfi Canal TV présente l'analyse d'Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture et de la prévision de Xerfi
C’est au tour de l’Europe de tirer la croissance mondiale. C’est une évidence. L’Asie est empêtrée dans les pires difficultés. La bourse chinoise a collapsé, le yuan a été dévalué ce qui officialise que le pays est en crise. Plus personne n’accorde d’ailleurs quelque crédit que ce soit au chiffre officiel de 7% de la croissance au 2ème trimestre Dans une note de juillet dernier, Patrick Artus , directeur de la recherche à Natexis met en évidence l’incohérence de ce chiffre vis-à-vis de l’évolution des importations, de la production d’électricité et du fret et arrive à cette conclusion très brutale : sur un an, au 2ème trimestre 2015, la croissance chinoise aurait été de l’ordre de 2%.
2%, la faiblesse du chiffre peut surprendre mais elle est bien plus cohérente avec l’activisme du gouvernement. Et l’onde de choc de la crise chinoise se fait ressentir dans toute l’Asie. Il y a d’abord l’économie japonaise qui a lourdement chuté au 2ème trimestre avec un PIB en recul de 0,4%. C’est aussi la Corée du Sud qui déçoit avec un rythme de croissance annuel passé de 3,3% à 1,2% entre l’hiver et le printemps. Déjà sous pression avec l’assèchement de ses débouchés extérieurs, l’économie thaïlandaise est, en plus, affectée par la pire sécheresse depuis 10 ans et les conséquences des attentats sur le secteur stratégique du tourisme. S’ajoute, la Malaisie et l’Indonésie fragilisées par l’épuisement de leur manne pétrolière et gazière avec l’effondrement des cours du pétrole.
Bien entendu tous les pays producteurs d’hydrocarbures (pays du Golf, Russie, Brésil, Venezuela en tête…) sont concernés. Mais l’hécatombe ne se limite pas aux seuls producteurs de pétrole. Tous les pays producteurs de matières premières sont pris dans la tourmente. L’ogre chinois à la naissance du super-cycle des matières premières a perdu son appétit alors même que les récentes vagues d’investissement dans les mines et les sites de production donnent leurs pleins effets : la chute des cours est assurée. L’indice global S&P GSCI centré sur les métaux décrit très bien la tendance à l’œuvre. Le mouvement, baissier depuis 2010, s’est accentué en août et le niveau des cours est tombé à son plus bas niveau depuis 2009. Géographiquement, bon nombre de perdants se trouvent en Amérique Latine : le Chili premier producteur de cuivre au monde mais aussi la Colombie, le Pérou ou l’Argentine en sont les principales victimes. Sans compter certains pays avancés comme le Canada et l’Australie qui sont aussi pris dans la nasse. Au fur et à mesure, les grandes zones de prospérité se réduisent comme peau de chagrin. Reste l’Inde. Oui mais, son rôle d’entrainement sur l’économie mondiale est marginal compte tenue de son modèle de développement très autocentré. Face à ces forces dépressives qui laminent la croissance de toute une partie du monde, qui peut alors prendre le relai ?
Les Etats-Unis, font déjà le job. Mais cela fait maintenant 7 ans que l’économie américaine progresse bon an mal an de 2% par an. Les derniers indicateurs sont plutôt bons mais il est impossible de demander beaucoup plus. Reste donc l’Europe. Mais après des années de disette, la croissance balbutie toujours : +0,3% seulement au 2ème trimestre. Et de deux choses l’une : où les gouvernements se mettent à l’unisson pour sortir de la torpeur actuelle et la croissance européenne donne un coup de fouet à la croissance mondiale et lui permet de s’extirper des 2,3% qui lui sont promise cette année. Et encore c’est un chiffre surestimé car calé sur les chiffres officiels de la Chine. Où en 2016, l’Europe coince toujours au risque de faire sombrer la croissance mondiale en dessous des 2%. Une chose est sur : sa responsabilité est historique.
Alexandre Mirlicourtois, La croissance mondiale suspendue à l'Europe, une vidéo Xerfi Canal TV
Publié le mardi 1 septembre 2015 . 3 min. 58
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