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La reprise volontariste de l'économie japonaise

Publié le mercredi 31 mai 2023 . 5 min. 20

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Libérée des dernières restrictions sanitaires qui l’entravait, l’économie japonaise a repris sa marche en avant au 1er trimestre avec un PIB en hausse de 0,4%, soutenue à la fois par la consommation des ménages et l’investissement des entreprises. Avec la réouverture totale des frontières depuis octobre dernier, les touristes étrangers commencent aussi à revenir en masse, ce qui dope l’activité dans les services. Il y a donc un effet rattrapage dans ce bon chiffre du début 2023, un effet qui devrait jouer les prolongations une partie de l’année.


Confiance des ménages et des entreprises


Empêchés de consommer normalement, les ménages se sont constitués une surépargne et disposent d’importantes réserves estimées à 10% du PIB. De quoi alimenter la consommation ces prochains mois d’autant que la confiance revient peu à peu et avec elle l’opportunité de faire des achats de biens durables. La remontée est amorcée et devrait se poursuivre.


Le contexte est aussi favorable aux entreprises. D’autant que s’ajoute le desserrement des contraintes sur les approvisionnements, même si certaines frictions pourraient perdurer dans la livraison de composants pour l’industrie automobile. L’indice Tankan, qui mesure le niveau des conditions générales d’activité, se redresse progressivement et les chefs d’entreprise sont plutôt sereins pour les prochains mois.


Seule petite ombre au tableau, les volumes exportés peinent à remonter la pente, mais devraient bénéficier en cours d’année de l’amélioration de la conjoncture en Chine à laquelle ils sont très liés, même s’il ne faut pas en surestimer l’impact : la reprise chinoise s’appuie jusqu’à maintenant principalement sur le boum de ses services domestiques (tourisme interne, restauration, loisirs…) dont l’effet d’entrainement est marginal pour ses partenaires commerciaux. La réduction du déficit extérieur tient donc plus du reflux des prix de l’énergie que du retour du « made in Japan » sur la scène internationale.


La balance courante reste toutefois largement excédentaire, le déficit commercial étant amplement couvert par les forts revenus provenant des investissements de portefeuille du Japon à l’étranger.


Le risque d’une normalisation de la politique monétaire


Finalement, le diagnostic du Japon c’est une économie qui semble être sur la voie d’une reprise graduelle avec 1% de croissance prévue pour cette année. Mais aussi avec un gros caillou dans la chaussure : celui du retour de l’inflation. C’est peut-être le cygne noir capable de faire collapser l’économie nipponne et de faire vaciller l’économie mondiale. Cela fait plus de 40 ans que l’Archipel n’a pas connu une telle inflation et à 3,4%, sans tenir compte des produits frais, la hausse des prix dépasse pour le 13e mois consécutif la cible de 2% que s’est fixée la Banque centrale.


Ce n’est pas tant les conséquences sur les revenus des ménages qui sont à craindre, ils disposent de suffisamment d’économie pour faire le dos rond et les salariés japonais des grands groupes ont obtenu une hausse des salaires de 3,8% en moyenne pour cette année, un record depuis 30 ans. Le ton est donné et les employés des PME vont eux aussi bénéficier de fortes revalorisations salariales.


Le risque est donc ailleurs et se situe dans la modification de la conduite de la politique monétaire. Depuis septembre 2016, la Banque du Japon applique une politique de contrôle des taux longs qui consiste à acheter le montant d’obligations souveraines nécessaires pour atteindre le niveau de taux d’intérêt qu’elle s’est fixé : autour de 0%. En 2021, une marge de fluctuation comprise entre -0,25% et +0,25% a été permise, puis au 30 décembre dernier la BoJ a de nouveau élargi sa fourchette à
+/- 0,5%. Mais cela reste très peu et compte tenu de la hausse des prix, les taux d’intérêt réels à long terme sont fortement négatifs et, puisque les taux d’intérêt à court terme sont nuls, ils alimentent l’inflation.


La Banque centrale devrait donc poursuivre la normalisation de sa politique monétaire, voire abandonner sa politique de contrôle des taux longs. Dans un cas comme l’autre, cela provoquera immédiatement une hausse des taux d’intérêt à 10 ans plus ou moins brutale. C’est un risque sérieux pour la situation budgétaire d’un pays en déficit public depuis 30 ans et dont la dette publique à 262% du PIB en fait le pays le plus endetté au monde. Selon les calculs de Natixis, l’abandon progressif du contrôle des taux longs ferait passer le déficit public de 5,5% du PIB en 2023 à 7,2% et la charge de la dette de 1,3% à 3%. C’est une menace pour la stabilité financière du pays, mais pas que. Pour trouver quelque rentabilité, les épargnants japonais, via des fonds de pensions ou autres ont investi un peu partout dans le monde : ils détiennent ainsi 10% de la dette publique australienne, 8% de celle de la Nouvelle-Zélande, 6% de celle de la France, 5% de celle du Royaume-Uni, 4% de celle des États-Unis, le tout représentant près de 2 150 milliards de dollars.


Un rapatriement massif des capitaux nippons vers leurs pays d’origine attirés par le rendement plus fort des obligations japonaises provoquerait alors une très forte poussée des taux longs partout dans le monde. Avec à la clé un risque de récession. L’économie du Japon va mieux, mais menace la stabilité financière mondiale.


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