Xerfi Canal présente l'analyse d'Alexandre Mirlicourtois, directeur de la prévision et de la conjoncture de Xerfi
Comment ont évolué les marchés ces 6 derniers mois. J’ai volontairement mis le projecteur sur une série resserrée d’indicateurs dans le but d’aller à l’essentiel pour faire un tour d’horizon des marchés en moins de 5 minutes. D’abord les matières premières. Elles ont été principalement animées au 1er semestre par les évolutions très tranchées des prix des produits agricoles : brutale envolée, de février jusqu’à la fin avril (+24%) ; puis rechute, toute aussi violente entre mai et juin (-15%). Une volatilité qui tient en trois mots : météo, Ukraine, spéculation. Météo parce que le mauvais temps de début d’année faisait craindre de mauvaises récoltes. Ukraine, car avec sa situation explosive, des doutes sont apparus sur sa capacité à honorer ses contrats à l’export. De quoi alimenter la spéculation. L’éloignement de ces menaces a ensuite renversé la tendance. Maintenant, c’est le pétrole qui fait la Une. Très sage depuis janvier, autour d’une moyenne à peine supérieure à 108$ le baril, le prix du Brent a brutalement changé de cap pour casser des 112$. En cause, l’intensification des combats en Irak qui menacent la production du 2ème producteur de l’Opep. Face à cette agitation, les cours des métaux sont restés sans orientation précise. C’est l’un des symptômes actuels du manque d’allant de la croissance mondiale. L’indice d’ensemble est la résultante de toutes ces forces contradictoires. Après un début d’année en hausse, la dynamique s’est stoppée début mars et les cours restent stables depuis. Passons maintenant aux taux de change. Le panorama donne une bonne vision d’ensemble : partant d’un très haut niveau, la monnaie européenne reste forte mais un peu moins depuis peu. Deux zooms suffisent pour l’illustrer Le premier sur la confrontation entre l’euro et le dollar. Après avoir tutoyé le sommet des 1,40$, la monnaie européenne s’est repliée vers 1,36$ à la suite des mesures prises par la BCE. Mais attention à l’effet loupe à 1,36$ l’euro reste surévalué d’environ 20% pour les producteurs français. Le deuxième coup de projecteur porte sur la livre sterling parce que le mouvement est plus marqué encore et s’est depuis peu amplifié avec les anticipations à la hausse des taux directeurs de la Banque d’Angleterre. Bilan depuis la mi-mars, l’euro a cédé environ 5%. Aux taux d’intérêt maintenant. Le visuel d’ensemble donne une image fidèle du mouvement général de baisse. Et en arrière-plan la décision de la BCE de placer le 5 juin dernier son principal taux de refinancement à un plancher historique (0,15%). Deux gros plans sont quand même nécessaires. Le premier sur l’Euribor 3 mois. Sa remontée brutale, sa chute impressionnante doivent pour beaucoup à l’effet loupe lié à l’échelle. En fait, il s’agit de micro-fluctuations dont l’amplitude est inférieure à moins de 15 points de base. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’à moins de 0,25% l’Euribor est à un plancher. En ajoutant les marges des banques, les entreprises qui disposent des meilleures signatures empruntent actuellement autour de 0,75%. Autant dire que les effets de leviers sont de retour et avec eux les « fusacs ». Il y a ensuite le reflux du « superspread » (qui est somme des différentiels de taux d’intérêt des pays du Sud par rapport à la dette publique allemande à 10 ans) Son niveau traduit bien l’apaisement des craintes des marchés sur la stabilité financière de la zone euro et l’aplatissement relatif des taux périphériques. Reste à effectuer un détour par les principales places boursières. Et là, seul le Nikkei fait tache dans une tendance haussière. La faute au calendrier des « abenomics » avec au 1er avril la hausse du taux de TVA et les craintes que cela a suscité sur ses conséquences économiques. Pour le reste, le flot de liquidités déversé par les banques centrales inonde les marchés financiers et non l'économie réelle. Résultat, les bourses sont en hausse. Au bilan des 6 premiers mois, les craintes du début d’année ne sont plus celles d’aujourd’hui. Pour les 6 prochains mois deux indicateurs vont être à surveiller de très près. Le 1er c’est celui du cours du pétrole qui peut s’embraser à tout moment et mettre en péril l’embryon de reprise qui se profile. Le second c’est celui du change de l’euro qui peut, s’il devait descendre un peu plus, donner un petit coup de main à l’activité en Europe.
Alexandre Mirlicourtois, Le bilan graphique des marchés au 1er semestre : matières premières, taux, devises, bourses, une vidéo Xerfi Canal
Publié le lundi 23 juin 2014 . 4 min. 58
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