De l'intelligence des données à l'expertise augmentée
Connexion
Accédez à votre espace personnel
Recevez nos dernières vidéos et actualités quotidiennementInscrivez-vous à notre newsletter
ÉCONOMIE
Décryptages éco Intelligence économique Intelligence sectorielle Libre-propos Parole d'auteur Graphiques Notes de lecture
STRATÉGIE & MANAGEMENT
Comprendre Stratégies & Management A propos du management Parole d'auteur
RESEARCH
RUBRIQUES
Économie généraleFranceEurope, zone euroÉconomie mondiale Politique économique Emplois, travail, salairesConsommation, ménagesMatières premières Finance Géostratégie, géopolitique ComprendreManagement et RHStratégieMutation digitaleMarketingEntreprisesFinanceJuridiqueRecherche en gestionEnseignement, formation
NEWSLETTERS
QUI SOMMES-NOUS ?

Voir plus tard
Partager
Imprimer

Après avoir baissé la garde, les principales capitales européennes ont adopté dans l’urgence de nouveaux plans de réarmement avec la guerre en Ukraine. À peine plus de 5 400 milliards de dollars ont en effet été consacrés aux dépenses militaires par les pays de l’Union et le Royaume-Uni sur la période 2000-2021, contre près de 14 000 milliards aux États-Unis, soit un rapport de 1 à 2,5. C’est un véritable gouffre. Il est toujours possible de se rassurer. Finalement, c’est l’Amérique qui est hors norme, tandis que l’Europe reste dans la course, notamment vis-à-vis de la Chine, puissance militaire montante qui a alloué un peu moins de 3 000 milliards de dollars de crédit à sa défense sur la même période et plus encore vis-à-vis de la Russie (à peine plus de 1 100 milliards).


L’Europe déclassée


Toutefois, si les comparaisons des budgets militaires en dollars courants ont du sens pour des pays à niveau à développement comparable, elles sous-estiment l’effort mené par les pays émergents sur la base de coûts bien moindres. Dans ce cas-là, le meilleur critère reste la mesure en parité de pouvoir d’achat, en appliquant le système de prix US à tous les pays. Ainsi retraitée, l’Europe se trouve en partie déclassée. Selon les données de l’Assemblée nationale française, le cumul des budgets défense en parité de pouvoir d’achat des trois principales puissances économiques européennes — à savoir l’Allemagne, la France, et le Royaume-Uni — s’est élevé à 850 milliards d’euros entre 2016 et 2021. C’est un niveau comparable à celui de la Russie, mais 2 fois moindre environ que celui de la Chine et 4 fois moindre que celui des États-Unis.


Ces écarts se retrouvent dans les effectifs militaires. Hors réservistes, effectifs paramilitaires et civils travaillant pour le compte de l’armée, le trio européen est seulement capable de mobiliser 543 000 hommes, contre 900 000 en Russie, jusqu’à 2 millions en Chine. En intégrant les réservistes, l’écart se creuse encore plus. Même si ces chiffres ne prennent en considération ni la qualité de formation ni celle des équipements, la comparaison reste éclairante.


Ce n’est pas le seul écueil. Le second, c’est celui de l’éparpillement là où il faudrait concentrer les moyens pour plus d’efficacité. C’est symptomatique, l’Europe est le seul continent qui se paie le luxe d’avoir développé trois programmes d’avions de chasse concurrents : l’Eurofighter anglo-germano-italien, le Gripen suédois et le Rafale français. La faiblesse européenne est d’abord allemande. Berlin a délibérément sous-investi dans sa défense depuis des années : de 2000 à 2021, les dépenses militaires allemandes ont en moyenne représenté 1,2% du PIB, contre 2% pour la France et 2,3% pour le Royaume-Uni. En position de quasi-passager clandestin de la défense française et britannique et misant sur le bouclier de l’OTAN, l’Allemagne s’est ainsi grandement facilité le contrôle de ses finances publiques.


Français et Britanniques ont relâché leurs efforts


Il n’en reste pas moins, que les Britanniques, mais plus encore les Français ont aussi considérablement relâché leurs efforts au fil du temps, suivant une séquence finalement assez proche qui s’est déroulée en 5 actes :


1.  Le premier dans les années 80. C’est celui de la guerre froide et de la course aux armements avec comme point d’orgue la crise des euromissiles qui entraîne une hausse des dépenses militaires. Cet épisode prend fin en 1987.
2. Les années 90 sont celles de la rupture. À la suite de la chute du mur de Berlin et de la dislocation de l’URSS s’ouvre la phase dite des « dividendes de la paix ». Les budgets de la défense sont revus à la baisse et deviennent une variable d’ajustement avec la disparition de la principale menace militaire. La France met notamment en coupe toutes les dépenses publiques à la suite des accords de Maastricht, au premier rang desquelles le budget des armées.
3. Les années 2000 sont celles d’un réinvestissement modéré dans la défense. Avec le retour de la croissance, les États disposent de davantage de marges de manœuvre et les armées se transforment en profondeurs : moins d’hommes, mais mieux équipés. C’est aussi pour l’armée française la multiplication des opérations extérieures, sa capacité de projection unique en Europe entraînant des surcoûts.
4. Les années 2010 sont à nouveau celles du sous-investissement. Pressés de faire des économies, les États français comme britannique taillent dans leurs dépenses militaires.
5. Alors, certes à grands coups d’annonces, le projecteur est à nouveau mis sur la hausse des dépenses de défense. L’Allemagne a mis d’un coup 100 milliards d’euros sur la table et annoncé qu’elle allait investir 2% de son PIB dans sa défense. De leur côté, la France comme le Royaume-Uni annoncent vouloir muscler leurs budgets militaires.


Dans un contexte international caractérisé par le réarmement des grandes puissances et l’arrivée de nouvelles, c’est un minimum au risque sinon d’une poursuite du déclassement militaire de l’Europe.


Publié le jeudi 12 janvier 2023 . 5 min. 05

x
Cette émission a été ajoutée à votre vidéothèque.
ACCÉDER À MA VIDÉOTHÈQUE
x

CONNEXION

Pour poursuivre votre navigation, nous vous invitons à vous connecter à votre compte Xerfi Canal :
Déjà utilisateur
Adresse e-mail :
Mot de passe :
Rester connecté Mot de passe oublié?
Le couple adresse-mail / mot de passe n'est pas valide  
  CRÉER UN COMPTE
x
Saisissez votre adresse-mail, nous vous enverrons un lien pour définir un nouveau mot de passe.
Adresse e-mail :