Le pouvoir d’achat de 40% de la population épargnée par la crise de la Covid-19. C’est de la pure arithmétique.
Les revenus des retraités préservés
Pour les quelque 15 millions de retraités, pas de préoccupations majeures en effet. Les pensions sont évidemment normalement versées et le resteront ces prochaines années. Bien entendu, entre les périodes de gel des pensions, de faibles revalorisations, de décalage des dates de revalorisation et d’alourdissement de la fiscalité, la pression est montée sur les retraités ces dernières années et l’impact de la crise de la Covid-19 sur les finances publiques peut les rendre suspicieux quant à la trajectoire à venir de la revalorisation de leurs pensions. Un coup de rabot à court terme reste néanmoins très hypothétique surtout à la veille des élections départementales et régionales de 2021 et des présidentielles et législatives de 2022.
Plus fondées a priori, les craintes sur l’évolution de leurs revenus complémentaires issus de leurs placements financiers et immobiliers. Les retraités sont ici en première ligne, car la valeur du patrimoine tend à s’accroître avec l’âge, excepté aux valeurs extrêmes. Rien de plus normal : c’est le fruit de l’accumulation de plus de 40 ans de vie professionnelle. Déjà malmené par la baisse des rendements de l’assurance-vie, des taux servis sur les livrets, on pouvait s’attendre au pire pour l’évolution des revenus des placements financiers en début de crise avec la chute spectaculaire du CAC 40. Mais la bourse s’est reprise depuis et même si elle a tendance à plafonner, une partie des pertes a d’ores et déjà été effacée. Quant à l’immobilier, les prix restent en hausse et atteignent des sommets. En déversant des tombereaux de liquidités, la BCE alimente la hausse des prix des actifs mobiliers comme immobiliers et préserve du moins en partie les revenus issus de ces placements. Il n’y aura donc pas de chute du niveau de vie des retraités avec la crise de la Covid-19.
Un quart des emplois à l’abri de la crise
Autre partie de la population dont les revenus sont garantis, les agents de la fonction publique. La France compte un peu moins de 5,5 millions de personnes travaillant dans les trois versants de la fonction publique répartis entre 2,427 millions dans la fonction publique d’État, un peu moins de 2 millions dans la fonction publique territoriale et 1,168 million dans la fonction publique hospitalière.
Tous ne sont pas titulaires. Plus d’un agent de la fonction publique sur 5 est contractuel, statut qui ne garantit pas la totale sécurité de l’emploi. Comme pour les retraités, les revenus des agents publics sont assurés. Les salaires sont et seront versés normalement. Seule inquiétude pour le personnel, le gel du point d’indice, en place depuis 2017, restera d’actualité, ce qui écornera leur pouvoir d’achat. Aux agents travaillant directement dans la fonction publique s’ajoute ensuite le personnel des différentes entreprises ou organismes dont l’État ou les collectivités territoriales sont l’actionnaire principal, voire unique, et qui comme les fonctionnaires ont leur emploi et leur rémunération assurés, crise ou pas crise : SNCF, RATP, La Poste, la Banque de France, etc. De fil en aiguille, sur les quelque 27,5 millions d’emplois que compte la France, un peu moins de 7 millions, soit près du quart, sont à l’abri d’une chute brutale de leurs revenus.
Le calcul est simple 15 millions de retraités d’un côté, 7 millions de salariés préservés de l’autre, soit un total de 22 millions de personnes pour une population adulte de 55 millions, soit 40%. Le recul de 2,6% du pouvoir d’achat depuis le début de l’année semble finalement modeste par rapport à l’ampleur du choc subit. Mais ce n’est qu’une moyenne qui masque le maintien du niveau de vie pour certains et un décrochage massif des revenus pour les autres alors que l’essentiel des ajustements est encore devant nous.
Publié le jeudi 10 septembre 2020 . 3 min. 39
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