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Nuages noirs dans le ciel du paradis (fiscal) irlandais

Publié le mardi 29 novembre 2022 . 5 min. 11

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Sous perfusion des géants de la Tech, l’économie irlandaise pourrait bien subir un sérieux coup de frein après l’avalanche de plans de restructuration annoncés par les GAFAM. Une source d’inquiétude légitime : les technologies de l’information et de la communication génèrent 18% de la valeur ajoutée du pays ; 140 000 emplois en dépendent soit 6% de l’emploi total et sont une manne financière représentant 12% des rentrées fiscales du pays.


Le ciel irlandais s’est voilé


Or, ces chiffres hors norme tiennent aux grands groupes étrangers bien plus qu’aux start-up locales et si ces sociétés se sont établies en Irlande, c’est que le pays mêle trois atouts :


- c’est une porte d’entrée aux marchés de l’Union européenne ;
- la fiscalité y est ultra-attractive avec un taux d’imposition sur les sociétés à 12,5% ;
- enfin son marché du travail est très flexible.


Au-delà même de la Tech, beaucoup de grandes sociétés se sont installées sur le territoire irlandais pour bénéficier de cet environnement avec notamment comme première conséquence une très forte dépendance de Dublin à l’impôt sur les sociétés, qui représente près de 16% de l’ensemble de ses rentrées fiscales. C’est une anomalie totale dans le paysage fiscal européen. Un impôt sur les sociétés dont 90% est acquitté par des multinationales étrangères, c’est là aussi complètement iconoclaste. Surtout, la moitié provient de seulement 10 grands groupes américains dont Alphabet (ex-Google), Apple, Meta (ex-Facebook), Microsoft et autres Pfizer. C’est une véritable manne, mais c’est aussi une épée de Damoclès au-dessus des finances publiques irlandaises, totalement assujetties aux choix de chefs d’entreprise étrangers de localiser leurs profits là où ils optimisent. Or, le ciel irlandais s’est récemment voilé avec l’assèchement des profits des GAFAM, l’acceptation du pays, sous pression de ses partenaires, de relever son taux d’IS à 15%, et la montée récente du risque de rétorsions américaines.


Souhaitant aussi attirer les investissements chinois, l’île se retrouve au cœur des tensions sino-américaines. L’annonce de la création d’un centre européen de services de cloud à Dublin par Huawei (entreprise considérée comme un danger pour la sécurité nationale par les États-Unis) est à cet égard une source de conflit potentielle avec Washington, ce n’est pas la seule.
Ces menaces très sérieuses sont à même de faire vaciller le modèle irlandais en dépit d’une économie visiblement étanche à toutes les crises, qu’elles soient économiques ou sanitaires : le PIB n’a non seulement pas sombré en 2020, mais il a continué son ascension. Finalement, en dix ans, il a plus que doublé, contre une progression d’à peine 11% pour les autres pays membres de la zone euro.


Supercherie statistique


Ce n’est pas un exploit, mais une supercherie statistique. Deux témoins de cette duperie :


1. Le 1er, le niveau des exports de biens et services par emploi. À près de 230 000 euros surclassant l’Allemagne et les autres pays européens ;  même les économies portuaires, comme les Pays-Bas où la Belgique, sont submergées. Or étonnamment, aucun port irlandais n’apparaît dans le top 10 européen. Dans les faits, ce tour de passe-passe est simple : créer une filiale, voire domicilier son siège en Irlande et jouer ensuite sur les prix de transferts dans le but de vendre sa production réalisée ailleurs le moins cher possible à sa structure irlandaise qui la facturera ensuite au prix le plus élevé possible. Les profits sont de fait transférés en Irlande et sont faiblement taxés. Ces mouvements d’achat-vente ne sont que des opérations comptables et l’effet d’entraînement sur l’économie locale est quasi nul.


2. Deuxième témoin, les chiffres de l’investissement du pays, qui ont de fait déconnecté le PIB de la réalité de l’économie locale : les jeux d’écritures les gonflent artificiellement, sans réalisation concrète et véritable effet d’entraînement sur le territoire. Or, comme partout en Europe, la hausse des prix attaque le pouvoir d’achat, mine la confiance des ménages et fait plier leur demande comme le dévoile le recul des ventes en volume dans le commerce de détail depuis 5 mois.


D’ailleurs, le niveau de consommation en volume à la fin du 2e trimestre dernier n’avait toujours pas restauré son niveau d’avant-pandémie et sa performance ne se démarque pas de celles des autres pays européens, signe que les Irlandais sont loin de s’être enrichis au même rythme que le pays. Côté chefs d’entreprise, la confiance se délite également que ce soit dans les services, la construction ou l’industrie la tendance baissière se renforçant. Dans l’industrie manufacturière notamment, le taux d’utilisation des capacités de production recule et la production sur les 10 mois de l’année est en baisse de près de 7% par rapport à la même période de 2021.


Crise de la Tech, statut de paradis fiscal menacé et économie locale chancelante, le tigre celtique ne rugit plus.


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