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La France redeviendrait-elle une société d’héritiers ? Un premier indice est donné par l’évolution du patrimoine dans le revenu national. Après avoir beaucoup diminué jusque dans les années 1950 où il atteint son point bas, il remonte légèrement puis stagne des années 70 à 90 pour finalement s’envoler à partir de 2000 et se situer aujourd’hui à un niveau comparable à celui du début du 20e siècle. Cette hausse pourrait être le fruit d’accumulations personnelles, récompense d’années de travail. Elle s’accompagne toutefois d’une forte augmentation du flux successoral (donation et succession), signe que le patrimoine accumulé n’est pas intégralement consommé au cours de la vie et est transmis aux générations suivantes.


L’héritage est étalé dans le temps du fait des donations


L’héritage fait donc un retour en force et participe de plus en plus à la constitution du patrimoine. La fortune héritée représente ainsi aujourd’hui 60% du patrimoine total, contre moins de 35% en moyenne au début des années 70. Bref, la richesse des individus est plus qu’auparavant déterminée par celle de leurs ascendants plutôt que par leur propre trajectoire de revenus. Cette tendance se double d’une autre, celle d’une concentration toujours plus forte de la richesse. La moitié des ménages la moins bien lotie ne détient que 8% de l’ensemble du patrimoine des ménages alors que les 10% les plus fortunés en détiennent quasiment la moitié et les 5% les mieux dotés plus du tiers.


Ce retour de l’héritage s’accompagne en outre de transformations majeures. Tout d’abord, l’âge moyen des héritiers ne cesse d’augmenter pour atteindre 51 ans, contre 30 en 1900 et 40 en 1960. C’est la conséquence mécanique de l’augmentation de l’espérance de vie des ascendants. Ce recul de l’âge de l’héritage a un impact sur la manière dont le capital circule entre générations.


Mais il ne faut pas croire pour autant que les jeunes générations ne bénéficient pas ou que très tardivement de la fortune de leurs ainés. Il y a, pour cela, les donations. Le système fiscal offre en effet la possibilité de défiscaliser une partie de son patrimoine et de le transférer de son vivant à ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants. C’est bien pourquoi la part des dons entre vifs ne cesse de progresser, passant de 10% des transmissions en 1900 à près de la moitié aujourd’hui. C’est un changement radical : de nos jours l’héritage est étalé dans le temps. Près d’un ménage sur 5 reçoit ainsi une donation au cours de sa vie et la première arrive à 36 ans en moyenne. Si la moitié des donations reçues représentent moins de 30 000 euros, près d’un tiers se situe dans la fourchette comprise entre 30 000 euros et 100 000 euros et 19% au-delà. Avec cette particularité, les ménages dont la personne de référence a entre 40 et 49 ans au moment de la donation reçoivent plus fréquemment que les autres les sommes les plus importantes. Ce sont de sérieux coups de pouce, notamment pour accéder à la propriété, car cela sert souvent d’apport. Le fait de recevoir une donation augmente ainsi de 20 points la probabilité d’être propriétaire et permet aux donataires (toute chose étant égale par ailleurs) de disposer d’un patrimoine net (c’est-à-dire hors emprunts) 2,4 fois plus élevé que la moyenne des Français.


50% des individus vont hériter de moins de 70 000 euros


Aux donations s’ajoutent les successions. Au bout du compte, à la fin de leur vie, 50% des ménages auront touché au moins une fois un héritage stricto sensu, dont les deux tiers sont inférieurs à 30 000 euros et 13% supérieurs à 100 000 euros. Pour avoir la vue la plus exhaustive possible, il est impératif de cumuler les multiples transmissions entre les individus d’une même génération. D’après les calculs du Conseil d’Analyse économique, au sein d’une cohorte, 50% des individus vont hériter de moins de 70 000 euros. Mais pour les 10% touchant le plus, le montant passe à 500 000 euros net de droits. Au sein même de ce décile, le top 1% recevra en moyenne plus de 4,2 millions d’euros et le club très fermé des 0,1% obtiendra de son côté environ 12,5 millions d’euros, soit 180 fois l’héritage médian. Ces écarts sont sans commune mesure avec ceux observés entre les revenus. Après paiement des impôts et augmenté des prestations sociales, le rapport entre le niveau de vie médian et les 0,1% les plus aisés est de 1 à 10.


Enfin, l’héritage change de nature et a eu tendance à se financiariser malgré la forte hausse de la valeur des biens immobiliers comme l’indique l’évolution de la répartition du patrimoine brut des ménages entre actifs financiers et immobiliers. C’est un fait, la France renoue avec une société d’héritiers. La nature, la forme de l’héritage ont peut-être changé, mais il n’en reste pas moins au cœur de la dynamique des inégalités.


Publié le mardi 31 janvier 2023 . 5 min. 06

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