Xerfi Canal présente l'analyse d'Alexandre Mirlicourtois, directeur des études de Xerfi
Les pays avancés sont dans une impasse. C’est ce que confirment les résultats du 3ème trimestre, avec une croissance à l’arrêt ou presque. Une croissance passée d’un rythme annuel de 2% en début d’année à 0,4% cet automne. Une piètre performance d’ensemble qui ne doit pas masquer une ligne de fracture très nette entre d’un côté les Etats-Unis où avec 2%, la croissance reste soutenue, et de l’autre une Europe paralysée, sans parler du Japon qui décroche. Alors, pourquoi un tel décalage ? Simplement parce que les Etats-Unis ont réussi à ranimer les moteurs internes de leur croissance. Réveil des prix de l’immobilier, retour progressif des effets richesse, relance de la construction. Plus de doute, l’investissement résidentiel va de nouveau soutenir la croissance. Mais l’économie américaine peut aussi s’appuyer sur un second socle. Un socle qui traduit la transformation profonde du pays. Je veux parler de sa ré-industrialisation. Un mouvement qui se voit désormais dans l’évolution de la production manufacturière. Du coup, le contraste avec la zone euro est d’autant plus criant. Alors c’est vrai, le nouveau gouvernement va devoir gérer la falaise budgétaire, combinaison d’une brutale réduction des dépenses publiques et de la fin des abattements fiscaux introduits par l'administration Bush. Mais le coût sera amorti. Selon notre scénario, la reprise américaine ne sera donc pas compromise début 2013 mais poussive. Ce qui va entraver la performance moyenne à espérer sur l’année (+1,2% seulement). Mais ce qui pose les jalons d’une année 2014 beaucoup plus dynamique avec 2% de croissance anticipée. Difficile de faire mieux tant les principaux partenaires des Américains sont englués dans les pires difficultés. C’est le cas du Japon. Alors oui, le Japon affichera en 2012 une croissance positive, supérieure à la majorité des pays de l’OCDE. Mais c’est en réalité grâce à l’élan d’un début d’année encore marqué par la reconstruction de la région de Tohoku. Pour le reste, l’Archipel a été rattrapé par ses problèmes structurels : faiblesse de la consommation une fois éteint le programme de soutien à l’achat de véhicules propres, population vieillissante et déclinante, pertes de parts de marché face à la Corée, la Chine et les Etats-Unis. Sans oublier l’instabilité politique avec les prochaines élections anticipées, alors que se profile une hausse significative de la TVA en 2014. La coupe est pleine. Après un baroud d’honneur en 2012, avec 1,6% de croissance, une année noire s’annonce au Japon avant une nouvelle année perdue en 2014. Finalement, même si l’Europe est embourbée, elle fait mieux. Alors certes, l’Union européenne, et plus particulièrement la zone euro, avancent en ordre dispersé. Les exigences allemandes d’assainissement accéléré des comptes publics ont cassé le peu de croissance qui restait. Au sud de la zone, les demandes intérieures en chute libre plombent les exportations de l’Europe du Nord. Les perspectives européennes sont donc très ternes pour 2013 avec un maigre 0,2% attendu et un redémarrage poussif en 2014 avec seulement 1,2% espérés. Une fois de plus, ce sont donc bien les Etats-Unis qui feront la course en tête des pays avancés.
Alexandre Mirlicourtois, Pays avancés : le cavalier seul des Etats-Unis, une vidéo Xerfi Canal
Publié le mardi 27 novembre 2012 . 3 min. 23
Les dernières vidéos
Économie mondiale
Les dernières vidéos
d'Alexandre Mirlicourtois
LES + RÉCENTES
LES INCONTOURNABLES