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Suisse : une insolente santé menacée

Publié le mercredi 3 mai 2023 . 5 min. 29

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La Suisse a fait un brutal retour à la Une de l’actualité économique quand Crédit Suisse, en proie à de grandes difficultés, a fait trembler la finance européenne. Le problème a été résolu en quelques jours : la Banque centrale annonce d’abord mettre les liquidités nécessaires à disposition de l’établissement, puis c’est l’opération éclair de son rachat par UBS sous la pression des autorités. Rapide et efficace. L’économie suisse demeure, à bien des égards, un OVNI en Europe. Faible, l’inflation n’y a jamais dépassé 3,5%. Elle se situe certes actuellement au-dessus des standards du pays et de la cible de la Banque centrale. Mais elle se place nettement en dessous des niveaux atteints en Europe.


Inflation faible, monnaie forte


À l’origine de cet écart, une hausse des prix de l’énergie jusqu’à encore peu 10 points inférieurs à celle de la zone euro. Cette différence le pays la doit à son mix électrique fait de nombreux barrages hydro-électriques et de centrales nucléaires qui lui assurent son autonomie sur une partie de l’année conjuguée à un système de tarification qui n’accroche pas le prix de gros de l’électricité à celui du gaz. Seul bémol, la Suisse importe de l’électricité pendant la période hivernale, ce qui a entrainé une forte augmentation de la facture début 2023.


Deuxième spécificité, les droits de douane sur les produits agricoles et de l’élevage. Afin de protéger son agriculture, le pays impose des droits de douane très élevés aux produits importés jusqu’à leur faire atteindre le niveau de prix des producteurs locaux. Quand les prix à l’importation flambent, les droits de douane baissent ce qui tempère l’inflation alimentaire importée.

 
Pays riche, le revenu moyen des Suisses est également plus élevé que dans la plupart des pays et le budget consacré par les ménages aux besoins primaires est mécaniquement plus faible. Mais ce n’est pas tout. Spécialisation sur des marchés de niche haut de gamme, salariés hautement qualifiés, les entreprises suisses, notamment industrielles, supportent un coût de la main-d’œuvre nettement plus élevé que ceux des pays de la zone euro, notamment vis-à-vis de l’Allemagne. Toute chose égale part ailleurs, le coût matière dans le coût total y est mécaniquement plus faible et l’impact de la hausse des matières premières plus dilué.


Il y a, enfin, le bouclier du franc suisse contre l’inflation importée. Le franc s’est renforcé de 8% face à la monnaie européenne en 2022. Or, la zone euro c’est près de la moitié des importations suisses en moyenne sur les 5 dernières années. Le franc est aussi une des rares monnaies à avoir si peu cédé de terrain face au billet vert l’année dernière et si l’affaire « Crédit Suisse » a fait tanguer la monnaie helvète à la mi-mars, la parenthèse s’est très vite refermée.


Inflation faible, monnaie forte, les autorités monétaires se retrouvent ainsi avec plus de marge de manœuvre pour mener leur politique. Dernière grande banque centrale européenne à sortir des taux négatifs, la Banque Nationale suisse ne devrait pas s’engager dans un processus de resserrement aussi brutal que celui de la Banque d’Angleterre, de la BCE ou de la Fed.


L’économie suisse ne peut faire cavalier seul


Malgré tous ces points forts, auxquels il faut ajouter des comptes publics très solides avec un taux d’endettement à peine supérieur à 40% du PIB et des comptes extérieurs tout aussi brillants avec l’empilement d’excédents courants, les perspectives de croissance pour 2023 sont quasiment identiques à celles des économies de la zone euro, soit environ 1%. Et pour cause, la force de l’économie suisse s’appuie en partie sur celle de ses exportations. Très dépendante du dynamisme des marchés européens, le pays ne saurait être un ilot de prospérité alors que son environnement extérieur et que la compétitivité de sa devise se dégrade comme le montre le lien étroit entre la variation du PIB suisse et de celui de la zone euro. D’ailleurs, depuis janvier 2023, l’indice PMI du secteur manufacturier se situe sous la barre des 50 qui marque la frontière entre zone de contraction et d’expansion de l’activité.


Handicapée par l’environnement international, l’économie suisse se retrouve aussi freinée par une consommation fragilisée. Certes, l’inflation est plus faible qu’ailleurs, mais les revalorisations salariales aussi, si bien que le pouvoir d’achat des salariés se contracte et ce recul pèse sur le moral des ménages. Cela n’a pas fait sombrer la consommation, mais cassé sa dynamique. Des Suisses d’autant plus prudents qu’ils ont aussi dû encaisser l’érosion de la valorisation de leur patrimoine. Ce n’est pas tant l’immobilier qui est en cause, mais le patrimoine financier qui a été durement impacté par la chute de la valeur des actions comme en témoigne le plongeon entre le début et la fin 2022 du Swiss Market Index, indice phare des valeurs cotées à Zurich. En cause, les valeurs bancaires, mais aussi les difficultés dans la pharma et 2023 s’annonce pour le moins chahutée.


Le retour du risque financier est d’ailleurs à surveiller. Le secteur financier contribue très directement à la création de plus de 9% du PIB et emploie 5,2% de la population active. C’est environ deux fois plus qu’en France. Et encore ces chiffres ne mesurent pas les effets d’entrainement sur les autres secteurs.


Petite économie très ouverte sur l’extérieur, l’économie suisse ne peut faire cavalier seul et n’échappera donc pas au ralentissement général, mais à la différence des autres économies européennes elle dispose encore des marges de manœuvre budgétaires et financières nécessaires si d’aventure la situation économique mondiale devait virer au rouge.


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