La crise sanitaire du coronavirus a mis sur le devant de la scène les questions industrielles et le « made in France ». Dès le premier confinement, les appels aux relocalisations et à renforcer notre souveraineté se sont multipliés.
Les sondages ont également montré une volonté renforcée des Français de consommer des produits français. Pourtant, il existe encore un décalage entre volonté d’acheter français et réalité de consommation. Différentes raisons expliquent cette situation :
- Pouvoir d’achat,
- Diversité de l’offre Made in France,
- Qualité de l’information et surtout accès à l’information sur l’origine du produit,
- Contraintes européennes.
Il est important de rappeler que les délocalisations et la destruction d’emplois industriels est lié, en particulier dans le b-to-c, à nos choix de consommation.
Or, le développement d’une offre française repose également sur nos capacités à privilégier des produits français, en tant que consommateurs, mais également pour les entreprises, par les stratégies d’approvisionnement et pouvoirs publics.
- Dans un rapport de 2018, le Conseil d’orientation pour l’emploi a estimé que si les Français achetaient 10% de produits français parmi les biens consommés, 150 000 emplois nets seraient créés.
- Une étude du cabinet de PWC et du Conseil National des Achats réalisée à l’été 2020 montre qu’une sécurisation de certains approvisionnements stratégiques avec un approvisionnement en France permettrait de créer environ 70 000 emplois.
Ces chiffres sont d’autant plus importants quand on sait qu’un emploi direct dans l’industrie génère 3 à 4 emplois indirects. Il s’agit donc de recréer un cercle vertueux après 40 années de désindustrialisation.
Au-delà des questions économiques, il est également possible d’invoquer des raisons environnementales. Les rapports s’empilent pour dire que notre modèle n’est plus soutenable, alors même qu’une production locale, en petites séries, dans des unités de production modernisées, permet de réduire notre impact environnemental.
Bien entendu, il faut qu’elle s’accompagne d’une réflexion sur le cycle de vie du produit et sur les impacts environnementaux de l’ensemble de la chaîne de valeur.
Rappelons néanmoins que le droit européen complexifie la traçabilité des produits puisque la Cour de justice des Communautés européennes a jugé dans les années que l’obligation de mentionner l’origine d’un pays était incompatible avec le traité de Rome.
Ainsi, si l’administration connaît l’origine des produits pour appliquer les règles douanières, le consommateur lui n’a pas accès à cette information. Or, il faut offrir au consommateur cette information sur :
- L’origine du produit,
- L’origine des principaux composants,
- Les lieux de principales transformations et leur impact environnemental.
L’Union européenne ne le permet pas aujourd’hui, pourtant l’accès à l’information est clé, y compris pour privilégier des entreprises vertueuses sur le plan environnemental et social.
En outre, produire à proximité des lieux de consommation répond à des problématiques d’emplois et de décarbonation de notre économie. Donner accès à l’information, c’est donner les moyens aux citoyens de faire un choix de consommation libre et raisonné. C’est donner les moyens de soutenir nos industries et nos territoires.
Publié le lundi 18 janvier 2021 . 3 min. 46
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