Depuis le début de l’année, les banques sont de nouveau au cœur de la tempête. On pensait pourtant que l’assainissement bancaire entamé à marche forcée dans la foulée de la crise des subprimes et la mise en place de l’Union bancaire avaient consolidé le secteur et rassurer les investisseurs. Etait-ce une illusion ? Décryptage.
D’où est venu le déclic ? Des banques italiennes. Depuis 2008, le taux de prêts non performants n’a cessé d’augmenter atteignant 225 milliards d’euros en janvier dernier selon la Banque d’Italie. Pour les banques italiennes, les prêts douteux représentent entre 15% et 20% du total des prêts là où ils devraient être à 5%. L’information était disponible depuis des années mais les investisseurs se sont voilés la face jusqu’à ce que la question de la création d’une bad bank, très certainement nécessaire, soit évoquée. Panique généralisée. En l’espace de 40 jours, la capitalisation boursière du secteur a perdu près de 35 milliards d’euros.
Le problème, c’est que la contagion s’est propagée à l’ensemble des banques européennes. Les difficultés de l’Italie ont jeté le discrédit sur l’ensemble du secteur. Parfois à tort. En est-il ainsi pour les banques françaises. Elles sont plus saines, plus solides qu’en 2008 et, surtout, leur modèle de banque universelle a fait ses preuves au cours de la crise.
Le vrai risque n’est peut-être pas là où l’on croit. C’est outre-Rhin que les inquiétudes peuvent paraître les plus légitimes. En particulier pour Deutsche Bank dont les résultats détonent avec les bons bénéfices affichés par ses concurrents des deux côtés de l’Atlantique. La Banque a accusé une perte de 6,8 milliards d’euros en 2015. Il est loin le modèle de banque-industrie qui était une composante essentielle du capitalisme rhénan ! Deutsche Bank paie encore le coup de sa trop forte focalisation sur la banque d’investissement au détriment du marché domestique.
Quel est le problème pour Deutsche Bank ? C’est son exposition inconsciente aux produits dérivés qui atteint près de 60 000 milliards de dollars. C’est près de 24 fois le PIB allemand et presque l’équivalent du PIB mondial. Il suffit d’une perte de 0,1% sur son exposition brute aux produits dérivés pour que la banque soit contrainte de demander l’aide de l’Etat allemand. En résulterait pour l’Allemagne vertueuse une hausse de plusieurs dizaines de points de base de son endettement. Too big to fail ? Apparemment, l’Europe n’a pas complètement tiré les leçons des déboires des banques américaines.
Christopher Dembik, Les vrais risques sur les banques européennes sont en Allemagne, une vidéo Xerfi Canal TV
Publié le lundi 7 mars 2016 . 3 min. 08
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