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Alexandre Grothendieck est un des plus grands mathématiciens du 20ème siècle et à sa mort en 2014, on a trouvé chez lui 68 000 pages non publiées qui s’ajoutent aux 28 000 déjà répertoriées par l’université de Montpellier et également non publiées. Ces pages ont fait l’objet d’une demande d’évaluation de la part de ses héritiers, comme l’exige la loi, pour pouvoir déterminer les droits de succession qu’ils devront payer. Cette question est loin d’être anecdotique mais relève au contraire d’un profond débat sur ce qui a de la valeur dans nos sociétés et sur la forme que prend cette valeur selon la nature du bien considéré.


On est ici dans le domaine du non-marchand puisqu’il n’y a pas de marché pour les écrits mathématiques. Les références manquent donc pour qu’un expert puise proposer une évaluation. Et puis les vrais experts sont des mathématiciens dont toute la pratique s’appuie sur la discussion entre pairs des travaux en cours, disponibles sans contrainte sur des sites spécialisés ce qui conduit « naturellement » à fixer un prix nul pour ce type d’écrits. De fait il n’y a rien de « naturel » ici, mais une pratique sociale de la science où les progrès des connaissances ne peuvent se faire que si celles-ci sont partagées par ceux qui y contribuent. Cette évaluation est aussi en accord avec la théorie économique, dans la mesure où ces écrits ont le statut de biens communs, c’est à dire de biens ayant une utilité pour toute la collectivité et n’ayant pas à être réservés à quelques-uns, ce que l’attribution d’un prix impliquerait immédiatement.


La science avance en s’appuyant sur les travaux des anciens (les épaules de géants comme le disait Newton) et nul doute que les épaules de Grothendieck soient parmi les plus puissantes. Ne pas rendre publics ces textes pour que la communauté mathématique puisse s’en servir serait une erreur intellectuelle, car seule cette communauté a les compétences pour les utiliser et les apprécier à leur juste valeur. Une valeur qui ne se mesure pas en euros mais aux avancées qu’elle permet en mathématique. Compte tenu de la nature de ces textes, on voit mal un collectionneur prêt à payer des fortunes pour avoir ces manuscrits dans un coffre en Suisse. Et qu’un mécène puisse se porter acquéreur pour en faire bénéficier la communauté mathématique créerait un précédent qui pourrait affecter à l’avenir toutes les productions scientifiques posthumes et donc le fonctionnement libre des échanges de connaissances. On retrouverait ici, sous une autre forme, le système de brevetages des idées qui permettent de limiter leur diffusion pour permettre que leurs auteurs (mais surtout leurs financeurs comme les industries pharmaceutiques) reçoivent les rentes qu’ils espèrent. Mais la finalité de la recherche mathématique telle que Grothendieck la concevait n’est pas celle des laboratoires Servier. On peut comprendre que les héritiers soient frustrés d’une telle évaluation mais ils n’ont pas de droits de propriété intellectuelle sur ces textes, n’en étant pas les auteurs. Et s’il leur venait l’idée saugrenue d’interdire l’accès à cette production sous prétexte qu’ils sont les enfants d’un génie, ils ne feraient que manifester l’incompréhension de ce qui faisait justement le génie de leur père.


Bien au contraire, préserver les manuscrits de Grothendieck c’est les laisser en accès libre gratuitement pour tous ceux qui s’y intéresseront. C’est le seul moyen de les faire vivre.
Kant, écrivait dans Fondements de la métaphysique des

mœurs « Dans le règne des fins tout a un prix ou une dignité. Ce qui a un prix peut tout aussi bien être remplacé par quelque chose d’autre à titre d’équivalent. Au contraire, ce qui est supérieur à tout prix, ce qui par suite n’admet pas d’équivalent, c’est ce qui a une dignité ». Que la production mathématique d’Alexandre Grothendieck ait une dignité plutôt qu’un prix c’est ce que nous risquons de découvrir à nos dépens si nous continuons à vouloir absolument lui en attribuer un autre que zéro.


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