Xerfi Canal présente l'analyse de Jean-Michel Quatrepoint, Journaliste-essayiste
François Hollande est un homme intelligent, qui a des compétences, y compris dans le domaine économique. Et il veut certainement bien faire. D'où vient alors, ce désaveu massif à l'égard de son action et de celle de son gouvernement ? L'explication est, en fait, relativement simple. François Hollande et les socialistes ont fait une erreur de diagnostic : une erreur d'analyse de la crise en raison notamment d'une méconnaissance profonde de ce qu'est devenu le monde depuis deux décennies. Ils ont cru, ils croient encore, que cette crise est une crise de plus, comme le capitalisme en connaît périodiquement, et qu'elle s'intègre dans les cycles traditionnels. Une crise, aggravée par les dérives de la finance, et par la politique de leurs prédécesseurs, qui ne pouvait être que mauvaise. Dès lors, il suffisait de faire le gros dos, avec quelques gestes à destination de l'électorat populaire ; de faire payer un peu plus les classes moyennes et les riches ; de serrer de-ci de-là quelques boulons ; de donner du temps au temps… le temps que la croissance revienne, mécaniquement de l'extérieur. En attendant, on laissait l'Allemagne prendre le leadership, imposer sa politique économique, budgétaire et monétaire. Imposer sa vision d'une austérité, qui ne pouvait être que passagère, puisque la croissance allait mécaniquement revenir. Malheureusement, cette fois c'est différent : la crise n'est pas conjoncturelle mais structurelle. Elle n'est pas due qu'aux dérives de la finance mondiale ou à l'excés d'endettement public Ni aux erreurs de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy. Cette crise est structurelle, parce que la montée en puissance de pays comme la Chine et la libre circulation des produits, des hommes , des capitaux, s'accompagne d'une nouvelle révolution industrielle. Celle du mariage des robots, des réseaux, d'Internet, qui bouleverse les systèmes productifs, les modes de distribution, la conception des produits. Il faut donc avoir le bon diagnostic, pour prendre les bonnes décisions. Ne pas rafistoler avec une vieille boîte à outils, une plomberie défectueuse, ou une installation électrique d'un autre temps. Afin d'offrir une perspective à long terme, avec des enjeux clairs, à une population qui est prête à des sacrifices, dès lors qu'ils servent à quelque chose. C'est cette fresque, cette épopée, cette vision à dix, vingt ans, que François Hollande n'a pas su, ne sait pas présenter aux Français. Sortir par le haut de cette crise structurelle impose un changement radical des mentalités, une modification de fond en comble de notre appareil productif et de notre système éducatif. Cela prendra du temps, et nécessitera beaucoup d'investissements, financiers et humains. Il s'agit donc d'optimiser les ressources, de privilégier les investissements publics et privés qui tendent vers cet objectif à long terme. Ne pas faire de l'austérité pour l'austérité, qui nous mène droit dans le mur, mais savoir mixer les désinvestissements là où il le faut, et les nouveaux investissements qui nous permettront de rebondir. Cela implique aussi une redéfinition des relations entre l'État, les entreprises, et les acteurs économiques. Autour de deux grands critères : la compétitivité, non pas celle de telle ou telle entreprise ou secteur d'activité, mais de l'entreprise France, et l'attractivité du site France. Comment former les jeunes générations aux emplois de demain ; comment adapter l'appareil économique à un monde où l'innovation sera permanente ; comment attirer les cerveaux, ce qui amènera à repenser la politique d'immigration ? Le tout sur fond d'un nouveau patriotisme, où ceux qui jouent le jeu doivent être aidés et ceux qui se refusent à jouer le jeu, pénalisés. Ce qui revient à refonder le pacte social entre le capital et le travail. Car l'un ne peut aller sans l'autre et réciproquement.
Jean-Michel Quatrepoint, La faute originelle de François Hollande, une vidéo Xerfi Canal
Publié le mardi 30 avril 2013 . 4 min. 14
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