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Xerfi Canal présente l'analyse de Jean-Michel Quatrepoint, Journaliste-essayiste

François Hollande a-t-il fait une erreur de casting en choisissant Cécile Duflot comme ministre du Logement ? À voir la manière dont ce dossier est géré depuis plus d'un an, on peut se le demander.

Sur le constat, tout le monde était pourtant d'accord. Les ménages français consacrent une part trop grande de leurs revenus à se loger. Surtout, quand on les compare aux Allemands. Les prix au mètre carré et les loyers dans les grandes villes, notamment à Paris, sont beaucoup trop élevés pour permettre aux classes moyennes de se loger à proximité de leur travail.

On a trop privilégié l'accession par rapport à la location. Au détriment de la mobilité des personnes. Enfin, les excès de réglementation de toutes sortes ont fait grimper en flèche les prix de la construction. Sans parler de la spéculation foncière.
Tout le monde s'accorde sur un chiffre : il manque actuellement un million de logements. Et il faudrait que les mises en chantier retrouvent le niveau de 500 000 par an. On va tomber, cette année, à moins de 350 000. Si les maisons individuelles tirent leur épingle du jeu, pour les logements neufs, non sociaux, c'est un peu la descente aux enfers.

Pourtant, en période de disette de croissance, la construction pourrait être un secteur porteur. C'est une activité non délocalisable, créatrice d'emplois qui, eux, ne coûtent rien aux finances publiques. C'est aussi un secteur où l'on peut multiplier les innovations, la créativité architecturale, les nouvelles technologies, les énergies renouvelables. Dernier élément, et non des moindres, cette activité fait rentrer de l'argent dans les caisses de l'État : TVA, droits de mutation et autres impôts.
Logiquement, Madame Duflot aurait dû être le ministre de la relance de la construction, de la reconstruction. Elle aurait pu y associer tous les acteurs. Car il n'y a pas de grande politique sans un minimum de consensus. Il n'y a pas de grande politique quand elle n'est que partisane. Or, madame Duflot est partisane. Et son projet de loi ALUR, Accés au Logement et un Urbanisme Rénové n' a pas  belle allure.

Plutôt que de faciliter les mises en chantier ; plutôt que d'inciter les investisseurs à revenir dans un secteur qu'ils délaissent ; plutôt que de revoir les innombrables règlements ubuesques, qui pèsent aujourd'hui sur la construction, elle a préféré, dans son projet de loi, choisir la voie de la réglementation, de la contrainte, pour tenter d'obtenir un plafonnement des loyers. Avec cette fausse bonne idée : mettre en place une garantie universelle  des loyers financée par la collectivité, c'est-à-dire le contribuable.

Avec son projet de loi qui vient d'être voté à l'Assemblée, Mme Duflot va faire fuir ce qui reste encore de petits propriétaires bailleurs. Or, le logement ne saurait se réduire au logement social et aux maisons individuelles. Il faut que les classes moyennes puissent se loger en ville, dans des immeubles collectifs, en étant locataires. Les compagnies d'assurance ont déjà déserté ce marché et et s'il n'y a plus les petits propriétaires bailleurs, qui va investir ? Visiblement, Mme Duflot ne s'est pas penchée sur la question.

François Hollande non plus. À moins qu'il ne soit en quelque sorte prisonnier de sa ministre du Logement, qui est aussi une des dirigeantes des Verts. Depuis son élection, le Président et les Verts sont engagés dans une politique de petits compromis politiciens. Je te donne un Fesenheim, mais pas tout le nucléaire. Je te donne beaucoup de malus sur l'automobile, mais je n'aligne pas le gasoil sur l'essence. Dans ce petit jeu, François Hollande est obligé de laisser la bride sur le cou à sa ministre du Logement. Tant pis pour la relance de la construction. Tant pis pour la croissance. La loi Dufflot ne va pas nous faire changer d'allure.

Jean-Michel Quatrepoint, Loi Duflot : dommages collatéraux et intérêts politiques, une vidéo Xerfi Canal


Publié le jeudi 19 septembre 2013 . 3 min. 52

Mots clés :

Immobilier

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