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La catastrophe survient, alors que l'industrie nucléaire française se trouvait déjà dans une situation délicate. Areva, le chef d'orchestre de cette filière, était déjà confrontée à d'importantes difficultés liées à la conjoncture et à des problèmes organisationnels. Mais aussi à une montée croissante de la concurrence. Sans oublier ses relations difficiles avec son principal client. C'est-à-dire avec EDF. Toutes ces questions peuvent apparaître dérisoires aujourd'hui, après la catastrophe de Fukushima. Pour autant, il faut bien comprendre nos défis énergétiques.La demande mondiale d'énergie va augmenter de 40% d'ici 2030. Cette progression est directement liée à l'accroissement de la population, à l'augmentation du niveau de vie et à l'urbanisation. Pour répondre à cette évolution, les États ne privilégient pas une mais plusieurs sources d'énergies. Aucune n'était laissée de côté. Y compris le nucléaire. Regardez ce graphique. Il montre, à gauche, les combustibles utilisés en 2007 pour produire de l'électricité et, à droite, la projection de ce mix-électrique à l'horizon 2030. Et que voit-on ? Que le charbon, le gaz, le pétrole resteront des sources importantes car on ne pourra pas modifier facilement les centrales électriques. Les investissements seraient en effet insurmontables. On voit aussi que les énergies renouvelables vont bien sûr se développer face à l'urgence en matière de changement climatique. On constate enfin que le nucléaire devait avoir toute sa place dans le bouquet électrique mondial. Depuis quelques années, le nucléaire faisait l'objet d'un véritable retour en grâce. D'ailleurs, les programmes se multipliaient partout dans le monde face à l'envolée du prix du baril de pétrole. Constructions de nouvelles centrales ou mise à niveau des centrales les plus anciennes : aujourd'hui tout est remis en cause. L'option de construire de nouvelles centrales risque fort de se refermer aujourd'hui, comme celle de prolonger la durée de vie des centrales les plus anciennes. Ce sont alors des dizaines de milliards d'euros qui risquent d'échapper ces vingt prochaines années aux entreprises de la filière nucléaire. Quelle est la position de l'industrie française sur ce marché mondial ? Et bien jusqu'à récemment, elle régnait en leader. La preuve ? La France a construit près d'un quart des réacteurs dans le monde. Aujourd'hui, c'est Areva qui concentre le savoir-faire français dans ce domaine. C'est un groupe dit « intégré », c'est-à-dire présent à la fois en amont et en aval des deux grands métiers que sont le cycle du combustible et les équipements. En amont, c'est-à-dire dans l'extraction et l'enrichissement de l'uranium, la conception et la construction des centrales. En aval, c'est-à-dire dans les activités de recyclage de l'uranium, dans la maintenance des réacteurs et enfin le démantèlement des centrales. Véritable chef de file de l'industrie nucléaire française, Areva fait aussi appel à de nombreux sous-traitants. Des sous-traitants comme Alstom, des groupes du BTP ou encore une multitude de PME. Selon nos estimations, plus de 100 000 emplois en France sont concernés directement par l'énergie nucléaire dont 20 000 chez les sous-traitants d'Areva. Bref, l'un des fleurons de l'industrie française, déjà déstabilisé, va devoir s'adapter à la nouvelle donne. Une nouvelle donne où la croissance ne se fera plus sur la construction de centrales mais sur la rénovation et la sécurisation du parc existant.


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