Xerfi Canal présente l'analyse de Laurent Marty, directeur général de Xerfi
La question n’est plus de savoir si la zone euro est ou non en récession. Elle l’est. Non, la question désormais c’est quand pourra-t-on entrevoir la sortie de crise. A court terme, c'est-à-dire avant l’été 2013, cela semble compromis vu la dégradation des fondamentaux. D’ailleurs, les chefs d’entreprise n’y croient pas, comme le montre l’évolution de leurs anticipations. A 72, l’indice est à plus de 20 points en dessous de sa moyenne de long terme. A 72, il est à quelques encablures seulement des niveaux planchers enregistrés lors de la récession de 2008-2009. A 72, c’est un niveau conforme avec un nouveau recul du PIB début 2013. Autant dire que la nouvelle année va commencer sur une très mauvaise base. De quoi hypothéquer, déjà, la performance moyenne à espérer. Mais cette vision d’ensemble ne cache-t-elle pas une dispersion des résultats ? Pour faire bref, la fracture entre le Nord et le Sud sera-t-elle toujours d’actualité ? C’est ce que semble accréditer les chiffres du chômage. Le taux de chômage dépasse les 25% de la population active en Grèce et en Espagne. Il frôle dangereusement les 16% au Portugal. Voilà pour le Sud. Au Nord, il campe sous la barre des 5,5% en Allemagne ou au Pays-Bas pour tomber à 4,4% en Autriche. Pourtant, une analyse plus fine des différentes données économiques montrent un resserrement en marché des performances. Prenons l’exemple de la croissance pour bien comprendre. Entre le 2e et le 3e trimestre, l’écart type, disons plutôt l’éparpillement des performances, s’est resserré d’environ 25% entre les principaux pays de la zone euro. C’est aussi ce que montre l’évolution des résultats du commerce extérieur avec moins d’excédents pour les uns et moins de déficit pour les autres. L’Allemagne dégage de confortables excédents. Près de 200 milliards d’euros avant la crise de 2008-2009, un peu moins au plus dur de la récession, et un excédent qui devrait être certes important cette année mais qui restera éloigné de son record. Prenons le cas de l’Espagne maintenant. Le pays est déficitaire, on le sait aussi. En 2008, le trou était de 102 milliards d’euros, , revenu en 2010 à 52 milliards, il ne devrait pas excéder 40 milliards d’euros cette année. Un déficit divisé par 2 en seulement 4 ans. Quant à l’Italie elle est déjà redevenue excédentaire. Et à nouveau il faut s’interroger. C’est le Sud qui va de mieux en mieux ou c’est le Nord qui va de moins en moins bien ? Hélas, c’est surtout le Nord qui va moins bien. Le rééquilibrage des échanges extérieurs du Sud doit beaucoup à la baisse des importations liée à l’affaissement de leur demande intérieure. Alors c’est vrai aussi qu’à force de déflation salariale, les pays du Sud gagnent en compétitivité. Mais ils gagnent évidemment sur leurs voisins immédiats, et donc sur la France. Et à ce petit jeu, ce que les uns gagnent est perdu par les autres. A ce petit jeu, il n’y a aucun doute : la récession va se prolonger en 2013 et la reprise attendue pour 2014 s’annonce très fragile avec moins de 1% de croissance. A ce petit jeu, le rééquilibrage de la croissance eurolandaise s’effectuera donc par le bas.
Laurent Marty, Zone euro : le Nord contaminé à son tour, une vidéo Xerfi Canal
Publié le lundi 03 décembre 2012 . 3 min. 37
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