Xerfi Canal présente l'analyse d'Olivier Passet, directeur des synthèses économiques de Xerfi
La récente inflexion fiscale en faveur des ménages modestes est-elle significative ? Le gouvernement a axé sa communication sur les 3,2 millions de ménages concernés. Une remise de 300 euros pour un célibataire rémunéré sous 1,1 SMIC et de 700 euros pour un couple, avec un seuil d'éligibilité qui croît en fonction de la taille du foyer fiscal. Une mesure applicable dès 2014, qui annule en partie l'effet des mesures fiscales adoptées depuis 2010 sur le nombre de ménages imposable. En tout 1 milliard d'adoucissement de la facture fiscale pour les plus modestes. Le calcul est vite vu :
La consommation des ménages en France c'était 1126 milliards de dépenses individuelles et 372 milliards de dépenses socialisées (services de santé ou d'éducation notamment), 1498 milliards donc. Le cadeau fiscal de Manuel Valls représente donc moins de 0,07 % de la consommation, une contribution mineure à la croissance, et qui ne sera pas en mesure redonner l'élan nécessaire à une activité qui s'étiole.
Une mesure qu'il faut aussi mettre en perspective au regard de l'ensemble des arbitrages budgétaires de 2014 et de 2015.
Car 2014 constitue encore une année de forte hausse de la fiscalité des ménages, entre la majoration de la TVA en début d'année, l'abaissement du quotient familial, et la montée en puissance de la fiscalité écologique. En tout 10 milliards de prélèvements supplémentaires sur les ménages. Côté moins, encore, les économies budgétaires de 15 milliards en 2014 et de 21 milliards supplémentaires en 2015 : elles affectent directement le pouvoir d'achat des fonctionnaires et des inactifs et agissent mécaniquement sur la composante individuelle et socialisée de la consommation. La ponction de ces mesures sur le potentiel de consommation des ménages est au total de 1,7% en 2014 puis de 1,4% supplémentaire en 2015.
Face à cela, le + 0,07% de cadeau que j'ai évoqué précédemment à destination des ménages modestes fait bien pâle figure. A cela on peut encore ajouter les allègements de cotisations salariales entre 1 et 1,3 smic, pour 2,5 milliards. Et si l'on veut compter large, la baisse de 4,5 milliards de cotisation employeur jusqu'à 4,5 SMIC qui devraient se partager en grande partie entre emploi et salaire supplémentaire. Dans le meilleur des cas cela fait un apport de 0,5 % sur la dépense des ménages.
Au final : -1,7% en 2014 puis -1,4 % en 2015 de ponction sur la dépense individuelle et socialisée des ménages et 0,5% d'allègements côté plus. Et une reprise qui se fait de plus en plus poussive. En l'état de notre équation budgétaire, il y a bien de quoi s'inquiéter sur les risques d'un grippage de la croissance en France.
Olivier Passet, Baisses d'impôts sur les ménages : l'impact réel, une vidéo Xerfi Canal
Publié le mardi 27 mai 2014 . 3 min. 44
Mots clés :
Politique économique
Les dernières vidéos
Politique économique
#66e8e1
ÉCONOMIE
Exonérations de cotisations : le remède est devenu poison pour l’économie française Philippe Gattet
11/10/2024
03:27
#66e8e1
ÉCONOMIE
L'obsession de la réindustrialisation française : un défi ou un mirage ? Philippe Gattet
01/10/2024
03:53
#66e8e1
ÉCONOMIE
Le gouvernement peut-il enfin mener une politique industrielle efficace ? Philippe Gattet
25/09/2024
03:37
#66e8e1
ÉCONOMIE
Les 5 pièges émotionnels qui paralysent les réformes économiques en France Philippe Gattet
17/09/2024
03:46
Les dernières vidéos
d'Olivier Passet
#66e8e1
ÉCONOMIE
Le parti de la raison économique : antidote ou poison démocratique ? Olivier Passet
02/07/2024
06:14
LES + RÉCENTES
#ffb742
RESEARCH
Tennis : comment l’économie éclaire les performances des champions François Lévêque
12/10/2024
05:25
#ffb742
RESEARCH
Le management peut-il et doit-il repenser son rapport au vivant Aurélien Acquier
12/10/2024
06:37
#66e8e1
ÉCONOMIE
Réconcilier économie et écologie par l'efficacité et la sobriété Pierre Veltz
11/10/2024
05:40
LES INCONTOURNABLES
#a544a3
STRATÉGIE & MANAGEMENT
Le droit à l'erreur : la «fail safe» culture Christine Kerdellant
01/10/2024
04:00
#a544a3
STRATÉGIE & MANAGEMENT
Managementwashing : ces solutions superficielles pires que le mal Ibrahima Fall
02/10/2024
04:55
#a544a3
STRATÉGIE & MANAGEMENT
Prévenir plutôt que guérir : le nouveau défi santé des entreprises Bérangère Szostak
02/10/2024
04:28
#66e8e1
ÉCONOMIE
Opticiens : quelles stratégies face au péril de la descente en gamme ? Anne Césard
04/10/2024
03:16