Xerfi Canal présente l'analyse d'Olivier Passet, directeur des synthèses économiques de Xerfi
Les annonces des liquidations ou de redressements judiciaires n’en finissent pas de ponctuer une crise qui s’étire en longueur. C’est l’usine de Juy, spécialisée dans la tôlerie fine, c’est l’une des dernières PME de textile en Ariège, la société Sotap Carol, c’est le vendéen Forège, fabricant de meubles, ce sont deux unités de production du fabriquant de meuble Cauval, c’est le fabriquant de rotatives Goss International, ce sont 5 usines du groupe chimique Kem one qui sont menacées de faillite. Et ce sont à chaque fois 100, 200, 1000 emplois qui sont menacés. Des métiers, des compétences spécifiques qui disparaissent de façon irréversible. Des savoir-faire qu’aucune reprise prochaine ou lointaine ne pourra restaurer. Ces liquidations défraient moins la chronique que le dépôt de bilan de Virgin, or on le sait, les emplois de Virgin se reconstitueront sous une autre enseigne, basculeront certainement pour partie sur le E-commerce… Mais ils ne disparaitront pas.Le baromètre de la Coface, ou celui de la banque de France confirme bien une recrudescence des défaillances depuis un an de l’ordre de 1 à 2 %. Mais c’est moins l’augmentation des défaillances qui frappe depuis quelques mois que la durée de l’hécatombe et la taille des entreprises touchées.
La durée du phénomène d’abord : le nombre de défaillances culmine aux alentours de 60 000 depuis près de 4 ans. La saignée est équivalente en durée et en amplitude à celle de 1992-1997. Autrement dit la restructuration est égale en intensité à celle des années 1990, période qui avait porté le chômage de masse français à un premier point culminant. Une ampleur équivalente à celle de la reconversion des années 1990, alors que les conditions de financement sont beaucoup plus souples qu’il y’a 20 ans, alors que les structures bilans des PME ou ETI étaient bien plus robustes en début de crise. Cela en dit long sur la dégradation des conditions d’activité en France.
La taille ensuite : parmi les entreprises qui font faillite, le poids des ETI et des grandes entreprises va croissant. Leur nombre est en progression de 16,4 % en un an. Le taux de défaillance des ETI tend en effet à augmenter depuis 2 ans. Du coup la facture sociale et financière des défaillances s’alourdit. Les dettes restant à la charge des fournisseurs représentent désormais 0,22% du PIB contre 0,16% en 2007.
L’effort de consolidation de l’Etat a été mené on le sait au nom du désendettement compétitif. Mais on le sait aussi, lorsque l’Etat se désendette à marche forcée, par une hausse des prélèvements, il ne fait que transférer sa dette sur les agents privés, des agents privés dont la contrainte de financement est beaucoup plus problématique que celle de l’Etat. Le désendettement ne devient plus alors qu’un affichage où l’Etat poursuit son intérêt propre, comme s’il était disjoint de l’intérêt commun. L’affaiblissement du tissu des ETI est la traduction concrète du fait que le désendettement public n’est en rien compétitif. C’est au mieux un artifice de communication rattrapé par la réalité économique.
Olivier Passet, Des destructions graves de compétences industrielles, une vidéo Xerfi Canal
Publié le jeudi 25 avril 2013 . 3 min. 28
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