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L'incohérence des réformes économiques en France

Publié le dimanche 2 octobre 2016 . 5 min. 19

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Nous l’avons maintes fois souligné, le prêt à porter de la réforme taille unique en Europe est une machine à broyer les spécificités nationales, et à affaiblir des modèles qui ont ou avaient leur cohérence propre. L’Europe est un agglomérat de pays, dont les spécificités résistent d’ailleurs à l’acharnement thérapeutique dont ils font l’objet. Les cultures comportementales sont plus fortes que les lois ou les décrets, accouchés au forceps, sans adhésion véritable des populations.

 

Et le danger des représentations uniformes est de créer une véritable défiance interne et externe à l’égard de modèles que l’on condamne d’emblée pour leur déviance à l’ordre commun. Et c’est précisément ce qui se passe en France. La pédagogie de la réforme a créé une perte de confiance et une perte de sens à l’égard de modes de régulation qui sont pourtant l’épine dorsale de notre modèle de croissance. A vouer notamment aux gémonies nos systèmes d’assurance, ce sont les débouchés que l’on sape. Et c’est au final, la croissance de long terme que l’on mine.

 

Bref, à force de ne pas assumer notre système, on oublie de travailler sa cohérence. Or la cohérence interne d’un mode de régulation est probablement la chose la plus décisive pour en assurer le succès. Or sur quelle menace d’incohérence devrait-on travailler dans le cas français ?

 

La première d’entre-elle, c’est l’articulation nécessaire entre notre désir collectif de stabilité de l’emploi, des revenus et de notre niveau du coût du travail. Cette stabilité a nécessairement un coût pour l’entreprise, notamment les plus petites. Pour que la stabilité ne soit pas pénalisante en termes de compétitivité et de profitabilité, les salariés français devraient accepter une certaine modération en niveau de leur salaire, de sorte que les entreprises puissent provisionner le risque qu’elles acceptent de porter et d’assurer. C’est sur ce point que le compromis implicite français doit être questionné, plus que sur sa viabilité intrinsèque. Et c’est sur ce point aussi que doit être questionné la réforme des 35h. Rien ne sert de la diaboliser comme la marque de la préférence française pour le loisir. Rien ne sert de pinailler à l’infini pour savoir qui de la baisse des charges ou de la baisse de la durée est à l’origine du rebond de l’emploi observé sur la période, alors même que les deux réformes sont inextricables. Non. La vraie question c’est de se demander si la réforme n’a pas produit des effets pervers sur les coûts du travail dans la durée. La baisse des charges a certes neutralisé la dérive des coûts unitaires qu’aurait produit mécaniquement la réforme… mais à un moment ou l’Allemagne était à l’offensive et réglait le curseur en deçà du niveau français. La est probablement le cœur du problème. La France n’a pas su gérer dans le temps son écart de coût du travail avec son principal concurrent, minant de la sorte ce qui devrait être le corolaire de la stabilité.  

 

Le second risque d’incohérence provient de l’articulation nécessaire entre productivité et salaire pour une économie qui a la consommation pour socle. Dans un pays qui doit avoir la modération salariale comme contrepartie de la stabilité, le socle de la hausse des salaires doit être la productivité et la montée des compétences. La baisse des charges sur les bas salaires est-elle la meilleure voie pour cela ? Pas certain lorsque l’on observe la dynamique des salaires, qui sur le moyen terme finit par absorber l’impact des baisses de charge et donne un signal de hausse à l’ensemble des secteurs, même ceux qui bénéficient le moins de la mesure. Pas certain lorsque l’on scrute la récente évaluation du CICE, qui signale que la mesure a été défavorable à l’emploi des cadres et totalement neutre sur la R&D. Pas certain enfin lorsque la philosophie implicite de ce type de dispositif est de faire subventionner le secteur abrité par le secteur exposé. Les pays qui ont obtenu durablement une modération des coûts, l’ont fait sur la base de négociations centralisées ou par branche portant directement sur le salaire. Et c’est probablement sur ce point que la méthode française pèche.

 

Troisième risque d’incohérence enfin. L’articulation entre notre fiscalité et la spécificité de notre appareil productif. Faut-il à tout prix se construire un mittelstand en fantasmant sur nos voisins allemands ou italiens. Alors que cela n’a jamais été dans la tradition française, ou bien faut-il tirer les conséquences du fait que la puissance économique française s’est bâtie sur un tissu de multinationales qui tirent la majeure partie de leurs revenus de l’étranger ? Dans ce cas, l’enjeu de la fiscalité, notamment du capital, est d’inciter au réinvestissement des revenus dégagés à l’étranger. Elle est aussi de favoriser l’attractivité du territoire. De consolider l’implantation des sièges sociaux ; de faire vivre un élan entrepreneurial qui régénère le tissu hexagonal… 

 

Autant d’enjeux clés que le prêt-à-penser de la réforme finit par nous faire perdre de vue.

 

 

Olivier Passet, L'incohérence des réformes économiques en France, une vidéo Xerfi Canal TV.


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