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Le Brexit a pu sonner à ses débuts comme la fin d’une anomalie. L’exception insulaire, dérogatoire sur de nombreux points, prendrait fin, sortant du jeu décisionnel un pays empêcheur d’intégrer en rond. L’UE gagnerait de la sorte en cohérence et en unité. Le Brexit mettrait fin aux infidélités du couple franco-allemand, resserrant le noyau dur, et ouvrirait l’opportunité d’une relance du projet européen autour d’un moteur qui gagnerait en cohérence, la fameuse avant-garde franco-allemande. Attardons-nous un instant sur cette idée de cohérence renforcée pour initier une relance du projet européen. L’UE, sans le Royaume uni, c’est quoi ?


Paralysie décisionnelle


C’est une France supposée être un trait d’union entre le Nord et le Sud, souhaitant relancer le projet d’une Europe politique autour d’un budget renforcé, autour de transferts entre régions et de projets d’investissement porteurs de croissance. C’est une Allemagne qui se perçoit comme le cœur de l’UE, qui reste cambrée sur une Europe de la stabilité et de l’intégration commerciale comme vecteur de paix et d’unité, et qui à travers l’élargissement, prolonge l’option d’endiguement pacifique de la Russie héritée de la guerre froide. Ce couple ne s’est jamais bâti sur l’entente géopolitique ou économique, mais sur la complémentarité. Et c’est sur le dépassement de ses propres dissensions que s’est bâti le compromis européen.


Selon cette représentation, la France trait d’union Nord-Sud et l’Allemagne pôle d’intégration Nord-Est, sont la cheville de l’unité européenne. Dans ce partenariat coopétitif, le contrepoids britannique a été instrumenté par l’Allemagne pour freiner les projets étato-bureaucratiques français. Penser que la sortie du Royaume-Uni va ressouder le binôme et redonner une dynamique au projet est néanmoins un leurre. L’Europe a en son sein, avec la Pologne en chef de file et certains PECO, un contrepoids atlantiste, libéral et souverainiste qui prend le relai britannique avec une efficacité aussi redoutable et aussi utile à l’Allemagne. Le triangle de Weimar, cadre de coopération instauré en 1991 — qui allie la France, la Pologne et l’Allemagne — est un triangle d’incompatibilité au moins aussi puissant et paralysant que celui de Londres-Paris-Berlin.


L’Europe doit dans ce contexte de paralysie décisionnelle s’interroger sur la puissance des forces centrifuges qui menacent son intégrité, et sur la capacité du couple franco-allemand à les endiguer.


Allemagne : vers une perte de leadership


Si l’on croit à la division des tâches intégratrices de la France et de l’Allemagne, et que l’on s’intéresse à la zone d’influence allemande, l’intégration par l’intensification des liens croisés commerciaux peut sembler une réussite. L’Allemagne a non seulement réintégré son hinterland dans ses chaînes de valeur nationales. En témoigne l’évolution de la part des exportations des PECO dans le commerce intra-européen. En témoigne surtout la part de l’Allemagne dans les exportations de ces pays. Slovaquie, Roumanie, Hongrie, Pologne et Tchéquie ont entre un cinquième et un tiers de leurs exportations dirigées vers l’Allemagne. Et lorsque l’on intègre le poids des échanges croisés entre les différents pays d’Europe centrale et orientale, on prend toute la mesure de cette sous-plateforme d’intégration au sein de l’espace européen. Tout cela est allé de pair avec un puissant mouvement de rattrapage des PIB par habitant et des coûts du travail.


On pourrait penser au regard de cela, que sur cette partie de l’UE, l’Allemagne a réussi sa mission d’intégration et d’homogénéisation de l’espace européen par le commerce et les règles. À cela près que le modèle d’intégration commercial allemand, dépourvu de leadership politique et d’accompagnement social, a accouché d’un monstre politique, cocktail d’autoritarisme, de nationalisme, de xénophobie latente, d’ultralibéralisme climato-sceptique dont la maîtrise lui échappe et pervertit les principes qui guidaient la construction européenne. L’Allemagne, confrontée aujourd’hui à la perspective de son propre déclin industriel, risque de voir s’affaiblir son rôle de locomotive et son ascendant économique, perdant encore un peu plus l’ascendant sur des PECO qui ont gagné en influence et ont pris le relai du Royaume-Uni, comme cheval de Troie des États-Unis.


Délabrement du jeu démocratique


Côté Français, trait d’union Nord-Sud, même constat. La fiction d’un leadership politique français sur un Club-Med dispendieux et portant le projet d’une Europe des transferts est plus un phantasme allemand qu’une réalité politique. La désagrégation sociale de ces pays produit ses effets délétères. Le délabrement du jeu démocratique a pris des formes diverses, ni plus, ni moins visible qu’ailleurs. Surtout, chacun de ces pays joue sa carte politique propre, loin d’un esprit de club sous leadership français non assumé d’ailleurs. La Grèce, en liquidation, cherche son salut du côté de la Chine, de la Russie et du Moyen-Orient, devenant notamment un cheval de Troie commercial chinois en Europe. Portugal et Espagne, jouent la carte du dumping. L’Italie, en perdition, s’engouffre inexorablement vers le repli nationaliste.


Sans sursaut politique en vue, sans pivot intégrateur et moteur, l’Europe n’a ni les moyens ni la volonté de bâtir le contre-modèle coopératif au Brexit. Et dans ce contexte, toutes les conditions sont réunies pour qu’il se transforme en maladie contagieuse pour l’UE.


Publié le jeudi 13 février 2020 . 6 min. 12

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