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Face à la crise sanitaire, l’idée que ses effets s’apparenteraient à ceux d’une guerre est tentante. Au-delà des mots prononcés par le président de la République au début de la pandémie, « nous sommes en guerre », pour lancer la mobilisation, c’est l’ampleur de son impact économique qui nous renvoie inévitablement au second conflit mondial, puisque rien d’aussi déstabilisant ne s’est produit depuis 1939. Sans parler de la posture martiale de l’exécutif, de l’effet produit par le compte rendu journalier de notre position face à l’ennemi invisible et du retour manifeste d’un certain dirigisme sur la production et sur les individus.


Après-guerre, le rattrapage s’est opéré en 4 ans


Mais au-delà de ces points de résonance, l’analogie est-elle pertinente ? Nous permet-elle de penser le choc et les scénarios de sortie d’une façon appropriée ? Car il est vrai que prisonniers de nos modèles économiques standards, nous avons tendance à assimiler ce qui se passe à ce que nous connaissons le mieux. L’arrêt de la production et sa récupération incomplète, à 95% aujourd’hui, est traité comme si l’économie subissait un gros choc de demande de 5 points de PIB... avec tous les enchainements dépressifs inévitables. L’économie étant en surcapacité, salaires, emploi, consommation et investissement vont trinquer… Cette représentation de la crise produit mécaniquement une grosse récession.


Il est clair que si les économistes avaient dû aborder la période d’après-guerre, à travers le même prisme, ils auraient dit n’importe quoi. En 1944, le PIB par tête français a décroché de près de 50% par rapport à 1939. On aurait pu soutenir alors, qu’une fois remises en route les capacités de production non détruites, et compte tenu de l’effondrement général des revenus des agents privés en France et en Europe, la récupération de la production d’avant-guerre serait plus que problématique… Ce rattrapage s’est en fait opéré en 4 ans se transformant en rampe de lancement de ce que l’on a appelé les Trente glorieuses…


Trois phénomènes expliquent le miracle d’après-guerre


Bref, la question à laquelle renvoie l’analogie à la guerre est de savoir si le rebond post-confinement, peut créer un nouvel élan et arracher l’économie à la fatalité d’une récession longue. Le miracle d’après-guerre relève de trois phénomènes :


1. L’alternance d’une phase de destruction et de reconstruction. Destruction d’infrastructures, de bâtiments, de machines, dont le renouvellement rapide a été rendu possible par l’accès aux aides et aux prêts garantis du plan Marshall. Autrement dit, un formidable plan de relance par l’investissement, financé par l’étranger.


2. L’accélération du progrès technique, inhérente aux applications civiles des efforts de R&D militaires.


3. La reconfiguration profonde des économies soumises à des destructions massives, qui leur a permis de faire un saut en accéléré vers un nouveau modèle de croissance. En l’occurrence, dans l’après-guerre, l’Europe s’est ralliée au modèle consumériste américain. Une transformation/transposition favorisée par le fait que l’aide du Plan Marshall était assortie de l’obligation de s’approvisionner en biens et équipements importés des États-Unis.


Aujourd’hui, le choc de destruction créatrice est devant nous


Jusqu’où peut-on pousser la comparaison aujourd’hui?


Concernant les destructions de capital d’abord, force est de constater que ces dernières sont devant nous. Si la covid a détruit du capital à ce jour, c’est du capital immatériel : à travers la remise en cause d’un certain nombre d’usages qui fondaient notre modèle de consommation intensif et autour duquel s’organisaient de nombreux business models à leur tour déclassés : notre modèle de mobilité, de consommation de loisir, etc. Et le plan Marshall qui se met en place au plan européen, augmenté des plans de relance nationaux, s’il promeut bien un nouveau modèle de croissance verdi, ne vient pas reconstruire ou remplacer ce qui a été détruit, mais accélère au contraire le déclassement de l’économie carbonée… autrement dit, le choc de destruction créatrice reste devant nous.


Si l’on se place maintenant sur le registre du progrès technique, force est de constater que l’hyperpouvoir prédictif que l’on confère à l’intelligence artificielle et aux mégadonnées est loin d’avoir été au rendez-vous de la pandémie, ni en matière de traçabilité/prévention, ni de diagnostic ou ni en matière d’essai thérapeutique. Bref, les promesses de l’eldorado digital ne cessent d’être déçues.


De tout cela, il reste un plan Marshall en temps de paix qui n’aurait jamais eu l’ampleur actuelle ni bénéficié des mêmes facilités financières avant-crise… Et qui faute de pouvoir produire des miracles en matière de croissance a au moins le mérite de réduire les déboires de notre impréparation de l’avenir.


Publié le lundi 21 septembre 2020 . 5 min. 29

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