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Xerfi Canal présente l'analyse d'Olivier Passet, directeur des synthèses de Xerfi

 

L’objectif de la loi Macron sur l’activité est de relancer l’économie sans argent public en pariant sur la mise en concurrence de certaines professions et en faisant sauter de multiples petits verrous qui s’insinuent dans la loi.

 

On peut stigmatiser son côté fourre-tout. Procès habituel et facile quand on ne veut pas, ou ne peut pas, absorber 164 articles au langage juridique abscond. Mais misons sur le fait que cette loi « anti grains de sable » met utilement la règle au diapason du long cahier de doléances des acteurs de terrain. A l’exemple de l’article 54 sur les Business Angels qui facilite l’organisation des Business Angels en sociétés d'investissement.
Des centaines d’amendements qui mettent de l’huile dans le système. Il faut s’en féliciter. Tout en sachant leurs effets seront diffus pour au moins 3 raisons:

 

Dans un pays qui a longtemps verrouillé un certain nombre d’ajustements, la dérèglementation pousse d’abord à la rationalisation des activités visées, autrement dit plus de concentration, moins d’emploi et de rémunération dans les professions juridiques, les transports etc. concrètement l’ouverture de ligne de car contre la fermeture de lignes SNCF.

 

Ensuite, la baisse de certains tarifs pour les usagers, du coût des services pour les entreprises, l’éclosion de solutions plus efficaces et plus innovantes demandent du temps.

 

Enfin, ce type de réforme bénéficie surtout aux pays qui les adoptent en premier. Quand les pays convergent, le gain est moins évident. Jusque dans les années 2000, il existait notamment une claire corrélation positive entre  la dérèglementation et le taux d’emploi, 10-15 ans après, cette dernière a disparu.

 

Voilà pour les généralités. On peut ensuite se demander ce que l’on ne trouve pas dans cette loi en prenant pour référence par exemple le rapport de l’OCDE de juillet dernier, intitulé « redresser la compétitivité ». Rien dans la loi Macron sur la propriété des réseaux d’énergie ou des gares. Rien sur la concentration des centrales d’achat qui écrase les fournisseurs. Rien sur la revente à perte dans le commerce ou les obstacles à l’entrée. Force est de constater que les puristes de la concurrence ne s’y retrouveront pas. Je pourrais encore parler des professions réglementées qui passent à travers les mailles, les taxis notamment pour prendre un cas emblématique. Sur la construction là aussi, la réforme, même si elle détricote la loi Alur, est loin de défaire la multitude des dispositifs qui biaisent la formation des prix. Sans conteste, le big bang libéral n’est pas au rendez-vous.

 

Il y a enfin les mesures politiquement les plus menacées. L’ouverture des magasins le soir et le dimanche notamment. Certes le CREDOC a déjà averti que ce type de mesure n’augmenterait pas le volume des affaires dans le commerce. En revanche, cette réforme est extrêmement efficace pour augmenter le contenu en emploi du secteur. Elle oblige à recruter de petits emplois périphériques sur les plages de temps atypiques au risque de perdre des parts de marché. Pour tous ceux considèrent que la cosmétique des petits jobs reste le meilleur remède contre le chômage, c’est une formidable pompe à petit job que le parlement risque de bloquer. C’est d’ailleurs sur ce type de mesures que les pays anglo-saxons ont créé le gros de l’écart en termes d’emploi, beaucoup plus que par la législation sur l’ouverture des surfaces. Dans le même ordre d’idée la loi ne s’attaque pas aux limitations de l’embauche des temps partiels courts.

 

Alors oui, la grosse loi aux plus de 160 articles risque bien d’avoir de petits effets, à moins d’y inclure sa principale conséquence, l’achat de la clémence de Bruxelles concernant le budget français.

 

Olivier Passet, Réforme Macron : les vrais objectifs, une vidéo Xerfi Canal


Publié le mardi 2 décembre 2014 . 3 min. 53

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