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Réforme des retraites : les réels débats économiques

Publié le mercredi 14 décembre 2022 . 5 min. 56

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La réforme des retraites revient sur le devant de la scène pour une énième saison, avec en arrière-plan, encore et toujours, le psychodrame de la non-soutenabilité financière du système. Notre système, émietté en multiples régimes, va globalement dans le décor en dépit de l’excédent actuel. Le rallongement de la durée de vie, donc de la durée de dépendance des seniors, la baisse du nombre de cotisants pour un retraité, font basculer inexorablement le système dans son ensemble dans le rouge, même s’il existe quelques petits ilots de prospérité, notamment du côté des complémentaires, en excédent structurel.


La retraite à 65 ans libère des ressources fiscales pour la transformation climatique


Cet argument comptable, froid et objectif, devrait a priori dépassionner le débat. Personne ne souhaite la faillite du système. Pourtant, il n’en est rien. Sur quel taux de croissance nous basons-nous ? Quel taux de chômage et d’activité ? Quel périmètre est retenu pour évaluer ce fameux découvert du système ? Tout cela agit substantiellement sur le diagnostic, bien moins incontestable que le suggèrent les promoteurs d’une réforme dure.


Pour simplifier à l’extrême, deux lectures s’opposent :


1. La première intègre l’hypothèse d’un effort constant de l’État en % du PIB pour abonder un certain nombre de régimes spéciaux en déficit. Ce transfert est compté en ressource stable du financement du système. Dans ce cadre, le système génère un déficit temporaire, à l’exception du scénario le plus noir en matière de croissance, mais qui n’excède pas 0,7% du PIB, ce qui permet de plaider pour un ajustement technique plus doux que l’artillerie lourde des 65 ans, dont les effets permanents vont au-delà des besoins du système.
2. Le second point de vue retient une autre convention, appelée équilibre permanent des régimes. L’État se contente d’équilibrer les régimes spéciaux qu’il abonde, dont les déficits vont diminuer à moyen et long terme. L’hypothèse implicite c’est que sa contribution au financement se réduit en % du PIB, ce qui aggrave la situation globale. Là, il y a légitimation de la réforme de l’âge et des gains attendus (de l’ordre de 30 milliards, soit 1,2% du PIB), dès lors que la croissance à long terme passe sous le seuil de 1%.


Bref, posé ainsi, sous l’angle strictement comptable, le débat se perd en conjectures. La véritable question est la suivante : travailler plus longtemps pour quoi faire ? La réponse est contenue en creux dans les arguties techniques présentées précédemment. La retraite à 65 ans permet d’équilibrer le système et diminue la contribution de l’État à son financement. Elle libère ainsi des ressources fiscales dédiées jusqu’ici à de la dépense courante de transfert et permet de redéployer la dépense publique sur des dépenses d’investissement, notamment celles en lien avec la transformation climatique. Cet argument est recevable. Mais il passe sous silence une autre dimension des besoins. Le système est moins menacé par un risque d’insolvabilité que par la dégradation du niveau de vie relatif des seniors qui sous-tend sa relative soutenabilité.


Corriger la paupérisation des seniors


La France est en effet à un point de bascule, où si l’on en croît les projections du COR, elle est en passe de perdre l’un des principaux acquis qui singularisent son système par rapport aux systèmes des autres pays avancés. La France était parvenue jusqu’à aujourd’hui à propulser le niveau de vie moyen des retraités à hauteur de celui des actifs, là où dans les années soixante-dix, ce niveau relatif voisinait 70%. Cette caractéristique place la France en proue des pays développés en la matière. Elle a surtout réduit considérablement les phénomènes de pauvreté dans la population des seniors comme en témoigne la part des plus de 66 ans gagnant moins de 50% du revenu médian de la population.


Et, si malgré le vieillissement de la population française, la charge supportée par les actifs au titre des retraites tend à décroitre ou à se stabiliser dans trois scénarios sur quatre, c’est que la baisse relative de la pension moyenne fait plus que compenser la diminution du rapport entre le nombre de cotisants et le nombre de retraités. La paupérisation relative des retraités est la principale variable d’ajustement du système.


Or, la France dispose de deux dispositifs décisifs pour amortir ce risque pour les plus basses retraites. Le « minimum contributif » qui permet à tout retraité de plein droit n’ayant pas cotisé suffisamment de trimestres ou ayant perçu trop peu de revenus d’activité de rehausser sa retraite. Et l’Allocation de solidarité aux personnes âgées, souvent dénommée minimum vieillesse, qui complète le revenu des ménages seniors, pour franchir le seuil de 953 euros pour une personne seule. 40% des retraités sont concernés par le premier dispositif, de l’ordre de 20% pour les cohortes les plus récentes. Et 3 à 4% par le second. C’est là que se propose d’agir le gouvernement en portant le minimum retraite à 85% du SMIC, soit 1200 € par mois pour ceux qui auraient des carrières complètes. Cette réforme, si elle est élargie à tous les retraités et pas seulement aux dernières cohortes, et si elle maintient à long terme l’alignement du minimum sur 85% du SMIC, comporte un vrai pouvoir de correction du mouvement de paupérisation qui s’engage.


Bref, la légitimité de la réforme des retraites n’est pas d’ordre comptable, mais bien dans les perspectives qu’elle ouvre en matière de transformation climatique et de cohésion sociale.


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