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Pourrons-nous nous passer à l’avenir des flux migratoires pour maintenir notre puissance économique ? C’est une question qui fait polémique, pour deux raisons principales :


1. elle heurte un domaine éminemment passionnel, mêlant des enjeux d’identité, de sécurité à des problématiques économiques plus prosaïques ;
2. elle revient à aborder l’enjeu sur un mode utilitariste, écrasant la dimension humaine.


Les emplois se polarisent


Il n’en reste pas moins que nous avons changé de séquence concernant les problématiques du marché du travail. Le chômage de masse tend peu à peu à s’effacer dans de nombreuses économies avancées. Les questions de pénurie et de rareté deviennent saillantes : la plupart des pays développés sont confrontés à un déclin relatif de leur population en âge de travailler, tandis que le vieillissement exacerbe les problèmes de dépendance et la charge financière attenante.


La France, un peu retardataire dans ces processus, imprégnée encore par les problèmes de chômage de masse qui hantent les esprits depuis 50 ans, relativement confiante dans sa vitalité nataliste, n’ayant pas encore subi les affres du brain drain, contrairement à d’autres économies européennes, demeure campée dans ses certitudes. Son logiciel demeure défensif vis-à-vis de l’immigration. Mais avons-nous vraiment le choix ?


Force est de constater que nos emplois tendent peu à peu à se polariser :


• D’un côté, des compétences rares, à haut niveau de connaissance et mobiles à l’échelle internationale. Sur ce segment, les grandes économies se livrent déjà à une forte compétition pour attirer les cerveaux, dans une logique de « mercato ». Et les entreprises sur ce segment de l’emploi sont de plus en plus rattrapées par les enjeux de rétention et d’attraction des compétences. Cette concurrence accrue tire les rémunérations vers le haut, oblige à concéder de plus en plus d’avantages concernant les modalités de travail, avec à la clé de nouvelles exigences en matière de salaire, de télétravail ou de temps de travail.
• Aux antipodes, l’économie numérique gloutonne en métiers de logistique, ou encore les secteurs de la dépendance, du care, du transport et de la sécurité sont fortement demandeurs de bras, sur des emplois souvent dégradés.


Attirer les cerveaux ou éviter leur fuite


Cette vision binaire est certes simplificatrice, mais ces deux pôles nous permettent de saisir les enjeux en matière d’immigration. L’un et l’autre sont menacés de pénurie, mais n’abordent pas la solution migratoire de la même façon.


Pour la première sphère, il s’agit d’attirer les cerveaux ou d’en éviter la fuite. Et c’est bien cette crainte d’exode, largement fantasmée, qui anime les décideurs publics. Pourtant, le nombre d’expatriés diplômés de l’enseignement supérieur en pourcentage des personnes de même niveau de qualification résidant dans le pays avoisine 4%, ce qui situe la France en bas de l’échelle des pays avancés. Cette crainte est pourtant à l’origine d’initiatives récentes à l’instar du dispositif Passeport Talent introduit en 2016 dans le cadre de la « loi Macron », programme qui vise à faciliter l’installation des professionnels hautement qualifiés et des entrepreneurs étrangers en France en simplifiant les procédures administratives et en offrant des avantages spécifiques. La menace n’en reste pas moins latente, les pays du Sud européen (Grèce, Italie, Espagne) ayant subi une saignée particulièrement pénalisante pour leur croissance potentielle.

Emplois non ou peu qualifiés : le réalisme productif allemand


La réticence migratoire amplifie pour sa part bel et bien les risques de pénurie en bas de l’échelle des qualifications. Car contrairement au ressenti, la France a fortement resserré le robinet migratoire, se démarquant de la plupart des autres grandes économies avancées. Son histoire longue est bien marquée par de grandes vagues, mais les premières lois restrictives datent de 1974 avec la « Loi Bonnet » qui introduit le principe de l’autorisation de travail pour les étrangers en France et établit une liste limitative de métiers en tension. Depuis, les lois se sont succédé dans un psychodrame incessant, réduisant drastiquement la contribution des flux migratoires à la croissance démographique.


Or, ces petits emplois invisibles exercent une fonction vitale pour le maintien à flot de nos économies, comme l’ont bien révélé les épisodes de confinement. Et face à ce risque, la France a peu de cartes dans son jeu. Elle ne dispose plus, comme par le passé, d’un grand réservoir de personnes non diplômées. Elle s’est normalisée sur ce plan. À ce risque, elle peut opposer la revalorisation de ces métiers pour attirer les résidents. Mais là encore, le principe de réalité montre que nous n’en prenons pas le chemin, notamment parce que le mercato et les enchères au sommet pompent la valeur au détriment des moins qualifiés. Elle peut enfin croire en la robotisation prochaine de ces métiers. Mais là encore, l’histoire n’en prend pas le chemin, surtout quand ces métiers engagent une relation humaine. D’autres pays comme l’Allemagne ont fait délibérément le choix opposé à celui de la France, acceptant des entrées massives, les encadrant au plan matériel et éducatif. Non sans cynisme, il est vrai, désireux de maintenir une forte pression salariale en bas de l’échelle des qualifications. L’Allemagne sait que la compétitivité se joue à tous les stades de la chaîne de valeur.


Aux émotions françaises répond le réalisme productif allemand. Et il se pourrait bien que le malthusianisme migratoire à la française explose lui aussi avec un temps de retard, rattrapé par le principe de réalité.


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