Xerfi Canal présente l'analyse d'Olivier Passet, directeur des synthèses économiques de Xerfi
Les chiffres de croissance du deuxième trimestre 2013 ne font pas la reprise. Ils n'en sont que les prémices. Et le zéphyr de croissance évoqué dans une récente vidéo par Alexandre Mirlicourtois sera certainement celui d'une économie à la traine de la reprise mondiale et européenne. A la traine car tous les moteurs ne la porteront pas. Une reprise technique de l'investissement et une embellie de l'activité sur les marchés historiques d'exportations arracheront l'activité à sa léthargie mais le retard à l'allumage de la demande intérieure, publique et privée reste le scénario le plus probable. Faut-il pour autant en faire un argument de plus pour alimenter la sinistrose hexagonale ? Pas si sûr.
Il y a dans ce décalage un mal nécessaire, inhérent même à notre modèle s'il ne veut pas être disqualifié. Un modèle qui amortit les crises par une prise en charge partagée des risques. On l'a vu depuis 2008, où l'économie a plus ployé que rompu. Mais ce choix a un coût en termes de compétitivité et de dette. Si le second temps, celui de la reprise, n'est pas mis à profit pour repositionner l'économie en termes de compétitivité, on assiste alors à un décrochage. C'est bien ce que l'on observe depuis plus de 10 ans. Un décrochage lié au fait que les politiques ont perdu le fil de cette cohérence temporelle. On ne peut tout à la fois amortir à la baisse et rebondir au même rythme que les autres.
Il serait erroné de considérer que la similitude récente des performances de croissance entre des pays aussi dissemblables que la France, le Royaume-Uni, ou l'Allemagne dans leur abord structurel des problèmes, relègue au second plan ces enjeux. La similitude tient au fait que le contexte global s'est amélioré pour tous. Mais ce point d'intersection est momentané. Et ces pays sont bien sur des trajectoires différentes.
L'enjeu est aujourd'hui de gérer notre retard, et de le mettre à profit pour restaurer à moindre douleur notre compétitivité. C'est exactement ce qui s'est passé en Allemagne au moment de l'agenda 2010 du chancelier Shröder. L'effort a été lancé en 2003, au moment où les autres économies redémarraient. Un effort qui a créé, de 2003 à 2006, un écart de 1 point de croissance par an entre l'Allemagne et la moyenne de la zone euro. Un tempo qui a permis de forcer l'avantage, alors même que les autres économies s'échauffaient, qui a permis surtout d'amplifier les effets relatifs de la modération salariale.
C'est à ce point que se situe aujourd'hui l'économie française. Et à ce point critique, l'agenda Hollande c'est maintenant ou jamais.
Olivier Passet, Reprise : un agenda Hollande, maintenant ou jamais, une vidéo Xerfi Canal
Publié le jeudi 05 septembre 2013 . 3 min. 05
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Politique économique
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