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Retraites : l'impact réel du faible taux d'emploi des séniors

Publié le lundi 16 janvier 2023 . 5 min. 48

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C’est un fait bien établi. La France mobilise beaucoup moins sa population senior dans l’emploi que la plupart des autres pays avancés. Le décrochage s’opère après 60 ans. Les écarts sont importants : le taux d’emploi hexagonal des 60-64 ans est parmi les plus faibles des pays de l’OCDE ; idem pour les 65-69 ans ; et c’est la raison principale qui motive la succession des réformes du système des retraites depuis 1993, avec pour objectif de freiner la dégradation du nombre de cotisants par retraité.


Pour les diplômés, la France est quasiment dans la norme des pays de l’OCDE


Ces réformes ont agi sur deux leviers :


- le premier est l’âge légal qui a été porté à 62 ans en 2010 pour les générations nées après 1955 ;
- le second levier étant le nombre d’années de cotisation qui ouvre une retraite à taux plein allongé graduellement de 37 à 40 ans entre 1994 et 2004 avec la réforme Balladur, puis porté à 42 ans avec la réforme Fillon de 2003, à raison d’un trimestre par année à partir de 2009. Puis enfin à 43 ans avec la réforme Touraine de 2014, le processus étant étalé jusqu’en 2035.


Et ces réformes paramétriques ont bien imprimé leur marque sur l’emploi des seniors, notamment depuis la réforme Fillon. 1/ L’âge de départ à la retraite a augmenté de 2 ans depuis 2009 ; 2/ La part des seniors en emploi a augmenté fortement depuis 2009. La France peu à peu se normalise. Et ce mouvement indépendamment de la réforme actuelle n’est pas achevé. Pour deux raisons : 1/ du fait de la réforme Touraine qui continue à agir sur l’âge de départ à la retraite, 2/ du fait de la montée en puissance de l’emploi féminin dans les générations qui se rapprochent l’âge de la retraite et surtout du fait du rallongement des études des nouvelles cohortes. Ces dernières sont entrées plus tardivement dans la vie active. Ceux qui ont commencé à travailler à 22 ans basculent aujourd’hui en retraite à 64 ans et demi, s’acheminant vers 65 ans avec la réforme Touraine. Bref, pour les diplômés, la France est quasiment dans la norme des pays de l’OCDE.


20 à 25% de la population de 60-61 ans est en grande difficulté


Ces constats affaiblissent a priori le principal contrargument au recul de l’âge de la retraite. Ces réformes ne feraient qu’augmenter le chômage des seniors, pénaliseraient l’entrée des jeunes sur le marché du travail et transformeraient les retraités en chômeurs ou en assistés sociaux, avec au bout du compte un effet négligeable sur les finances publiques.


Ce n’est pas ce que l’on observe. La part des seniors en emploi a bien augmenté. Et leur présence accrue et prolongée sur le marché du travail n’a pas pénalisé l’emploi des autres catégories d’âge, et notamment pas des plus jeunes qui bénéficient aujourd’hui de la relance de l’apprentissage. Il n’en reste pas moins, en dépit de ces constats macro-économiques, que le tableau actuel révèle bien un certain nombre de difficultés concernant l’employabilité des seniors et le désir des employeurs de les maintenir en emploi.


Premièrement, le décalage de l’âge de la retraite a bien massifié le problème du chômage pour les plus de 60 ans, à contre-courant de ce que l’on observe sur les autres catégories d’âge. Sur la tranche d’âge la plus affectée par l’allongement de la durée de vie active, on est passé d’un taux de chômage de 2% dans les années 90 à 7-8% aujourd’hui, soit la moyenne que l’on observe sur les classes d’âge intermédiaire. Alors, oui, décaler l’âge de la retraite étire du même coup la problématique du chômage aux actifs les plus âgés qui ne disposent pas de possibilité de rebond. Surtout, ce que révèlent les données plus fines par âge, c’est qu’une proportion importante de seniors bascule en inactivité avant de pouvoir exercer ses droits à la retraite. Cette proportion d’inactifs culmine à plus de 20% à 60 ou 61 ans, là où cette part est plus proche de 7-9% avant 55 ans. Ce sont très majoritairement des personnes sorties du marché après 50 ans, soit du fait d’incapacités liées à la santé, soit du fait de leur découragement à chercher un emploi, après un épisode de chômage longue durée. Si l’on exclut les inactifs qui n’ont jamais travaillé, ou cessé de travailler avant 50 ans, entre les chômeurs, ceux qui sont en incapacité, où ceux qui sont découragés et sans droit à la retraite, on peut considérer que 20 à 25% de la population de 60-61 ans est en grande difficulté et ne parvient pas à tenir sans casse la distance qui la relie à la retraite.


Il y a donc bien un vrai problème spécifique de faible employabilité des seniors en France et de faible appétence des entreprises à les maintenir en emploi, qui ne relève pas seulement du paramétrage de l’âge légal de la retraite. C’est un problème qui explique aussi la faible implication des entreprises en faveur d’un allongement de la durée de vie active. La montée en puissance des diplômes s’est opérée tardivement en France. Lorsque l’on parlait de l’emploi senior jusqu’au milieu des années 2000, on pointait une frange de la population dont la part des non-diplômés était anormalement élevée par rapport aux canons européens et notamment allemands. Opérant sur les métiers menacés et disposant de très faibles possibilités de reconversion. Ce fossé s’estompe aujourd’hui très vite. Cela peut faciliter les choses. Cela ne retire rien au fait, qu’au-delà du paramétrage, la France va devoir s’acculturer à l’emploi senior, penser les conditions de travail, sécuriser les transitions. L’emploi senior est une idée neuve en France et s’en remettre à du paramétrage peut être explosif.


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