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Xerfi Canal TV présente l'analyse d'Olivier Passet, directeur des synthèses - Xerfi

 

La France on le sait détient un record en termes de dépenses sociales rapportées au PIB, par comparaison aux autres pays développés. Il s’agit de la première source d’écart pour expliquer notre surcroît de dépenses publiques. On se dit alors que les marges d’ajustement sont larges et que les pistes d’économie sont relativement aisées à trouver. Et on les trouve en effet. Mais avec un impact qui déçoit systématiquement. Pourquoi.

 

Je vais partir ici des retraites. Premier poste de dépenses sociales en France et principal contributeur à nos écarts de dépenses publiques.

 

Premier constat. Les pensions versées aux retraités ou aux survivants représentaient 14,4% du PIB en 2014, ce qui place la France  sur les premières marches du podium européen, juste derrière la Grèce, l’Italie et l’Autriche. Très nettement au-dessus de la moyenne européenne.

 

Nos ratios de dépendance expliquent-ils cet écart ? Non. La France est certes plutôt en haut de l’échelle en termes de dépendance aujourd’hui. Elle prend de plein fouet les effets du papyboom. Mais elle n’en demeure pas moins proche de la moyenne européenne. Et ce n’est que demain, c’est-à-dire au-delà de 2030-2040 qu’elle va tirer avantage de son taux de  fécondité très supérieur à celui de la plupart de ses partenaires.

 

En revanche, lorsque l’on regarde ce que représente le niveau de revenu disponible des retraités par rapport à celui des actifs, on voit que la France est le pays qui préserve le mieux le pouvoir d’achat de sa population âgée. On voit aussi que la France est un des pays qui préserve le mieux sa population âgée de la pauvreté. Tout indique donc que le système français est particulièrement généreux.

 

D’où vient alors qu’il soit si difficile de trouver des sources d’économie. A l’attachement de la population à un système particulièrement sécurisant certes. Mais pas seulement.

 

Pour le comprendre il faut regarder les taux de remplacement. C’est-à-dire le niveau des pensions rapporté au revenu perçu avant la cessation d’activité. On s’attendrait dans le cas français à trouver des taux de remplacement nets après impôt particulièrement élevés. Ce n’est pas le cas. La France se situe plutôt en dessous de la médiane à proximité de l’Allemagne. Pourquoi ? D’abord parce que les pays complètent leurs régimes publics obligatoires de régimes privés obligatoires ou facultatifs. Ensuite parce que beaucoup de pays consentent des avantages fiscaux aux retraités supérieurs à ce qui prévaut en France. En résumé, lorsque l’on mesure la générosité du système de retraite français uniquement à travers le prisme des dépenses publiques, on introduit 2 biais : On trouve plus de dépenses en France : 1/ pour des raisons institutionnelles. La France a un système par répartition de type public. 2/ la France verse plus de retraites brutes mais les taxe davantage aussi. Tout cela produit un système ou la grosse masse des retraites transite par le budget des administrations publiques. Mais cette traçabilité n’en fait pas pour autant un système plus coûteux pour les populations, une fois que l’on prend en compte, dans les autres pays les circuits privés, qui n’apparaissent ni en dépense ni en prélèvements obligatoires.

 

Cela nous invite à comparer alors ce qui est comparable lorsque l’on commente l’indicateur de pensions publiques rapportées au PIB. Eliminons les pays dont les niveaux de vie sont notoirement différents. Ceux surtout qui panachent des systèmes publics et des systèmes privés obligatoires ou facultatifs. Et l’on voit alors que la position française est beaucoup moins atypique.

 

Il n’en reste pas moins que la France garantit un des meilleurs niveaux de vie à ses retraités. Comment y parvient-elle avec des taux de remplacement médiocres ? Et bien de façon paradoxale parce que la part des revenus du patrimoine sont particulièrement élevés en France. Pourtant assuré par le système public, les français se constituent via l’assurance vie, via l’immobilier, l’équivalent d’une retraite par capitalisation qui n’a rien à envier à certains pays dotés de systèmes par capitalisation. Parce qu’aussi, bien moins de seniors prolongent leur emploi dans des conditions souvent dégradés.

 

En conclusion, le système de retraite français véhicule des masses importantes de dépenses publiques. Parce qu’il a vocation universelle. Par ce qu’il sert une pension plus longtemps que les autres 3 à 4 ans de plus compte tenu de l’âge effectif de la retraite et de l’espérance de vie, vrai problème, on le sait. Mais pas parce qu’il offrirait des revenus de remplacement particulièrement généreux. Et tout indique, compte tenu de son paramétrage actuel, qui va mordre sur le pouvoir d’achat et rallonger la durée effective d’activité, qu’il est programmé pour rentrer dans le rang, notamment lorsqu‘on le compare à des pays dotés d’institutions comparables.

 

Olivier Passet, Retraites : le système français est-il trop coûteux et généreux ?, une vidéo Xerfi Canal TV


Publié le lundi 12 décembre 2016 . 5 min. 18

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