Retraites : faux débats et vrai problème
Publié le vendredi 6 septembre 2019 . 5 min. 16
La réforme des retraites, qui entre dans sa dernière phase de concertation, est d’abord une réforme systémique. Elle a vocation idéalement à fixer un cadre uniforme, basé sur un algorithme unique de d’aquisition de droits à la retraite, allant des salariés du public et du privé, jusqu’aux indépendants. Le but est donc d’abord de mettre fin à la balkanisation des régimes. Et ce faisant, de rendre son pilotage financier à court terme, beaucoup plus simple et consensuel. 1/ De petites variations de paramètres (notamment de la valeur du point) produisent des effets beaucoup plus puissants lorsqu’ils sont appliqués à tous et 2/ l’uniformité réduit la défiance associée à toute réforme, l’inquiétude récurrente que le jeu est biaisé au profit de certains… et donc la conflictualité des ajustements.
En théorie, on aimerait que la question de l’équilibre financier du système, soit dissociée de ce débat. Car au fil des réformes, le système a été paramétré, de sorte à assurer sa viabilité financière à long terme. Ce qui font remarquer que ce n’est pas l’enjeu prioritaire aujourd’hui ont raison. Les dernières projections, construites sur des hypothèses de croissance variant de 1% à 1,8% à long terme, montrent que la part des dépenses de retraites va au pire se stabiliser, au mieux décroître de 2 points de PIB. Et que le découvert global est sous contrôle et n’excédera pas un point de PIB à terme…. Ce qui veut dire que la viabilité financière du système est à la portée de réformes relativement douces.
Des économies sur le dos des futurs retraités
Mettre maintenant le focus sur l’âge de la retraite ou la durée de cotisation donne l’impression que la réforme, derrière sa simplicité et son uniformité revendiquées, est un écran de fumée, destinée à faire des économies sur le dos des futurs retraités. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, avait été postulé dès le début du processus, que l’âge de la retraite à 62 ans, ce seuil minimal où l’on peut partir avec un taux plein, dès lors que l’on a cotisé toutes ses annuités, demeurerait inchangé. Puis le message s’est brouillé, pour prendre toutes les allures d’une tartufferie : 62 ans, oui, mais avec une décote jusqu’à 64 ans. On peut certes minimiser la portée de la mesure. Le paramétrage actuel, avec à terme 43 ans de durée de cotisation, conduira de fait à un âge effectif de départ à la retraite à taux plein de 64 ans…
Et pourtant, non ce glissement n’est pas anodin. Alors que dans le système actuel, ceux qui ont commencé à travailler avant 19 ans, peuvent et pourront bénéficier à 62 ans d’une retraite à taux plein. Mettre une décote avant 64 ans, les obligerait à travailler deux années de plus pour bénéficier de tous leurs droits… ce qui veut dire en gros, que les moins qualifiés seraient pénalisés, par rapport à ceux qui ont fait des études longues. Ce qui fait ressurgir la fracture si emblématique de la crise des gilets jaunes, entre la France déclassée et la France diplomée des métropoles.
La réforme a pris soin de bétonner la situation des plus précaires : la retraite ne pourra pas être inférieure à 85 % du SMIC, contre 81% aujourd’hui et même 75 % pour les agriculteurs ; elle protège davantage des familles monoparentales ; elle est favorable aux carrières courtes et hâchées… Mais la portée symbolique de la réforme de l’âge, est suceptible de tout faire capoter. Surtout si l’on ajoute à cela le bataillon des fonctionnaires (notamment enseignants) qui pourraient perdre dans le nouveau système… On comprend qu’Emmanuel Macron ait rétropédalé.
La question de l’âge et de la durée de cotisation
Faut-il pour autant considérer que le débat sur l’âge et la durée de cotisation doit être sorti du périmètre de la réforme ? Non. Pour deux raisons : Premièrement, qu’on le veuille ou non, il s’agit bien d’un enjeu structurel qui engage l’équité du système. Or jusqu’ici, le non-dit des réformes successives, c’est que le maintien du niveau de vie relatif des retraités a été sacrifié sur l’hotel de l’age de départ. La solidité financière à long terme du système de répartition se bâtit sur une paupérisation relative des retraités par rapport aux actifs, compte tenu des règles d’indexation. Deuxièmement, la soutenabilité de long terme recouvre un long tunel de déséquilibre qui atteint un demi-point de PIB en 2025, quel que soit le scénario, puis reste substantiel, entre 1 point et 0,3 point jusqu’en 2035. Il n’y a pas péril en la demeure financièrement parlant. Mais une vraie légitimité à se demander s’il ne vaudrait pas mieux affecter ce demi-point de PIB à des investissements d’avenir plutôt qu’à financer le découvert des retraites, même s’il n’est que transitoire.
En théorie, on aimerait que la question de l’équilibre financier du système, soit dissociée de ce débat. Car au fil des réformes, le système a été paramétré, de sorte à assurer sa viabilité financière à long terme. Ce qui font remarquer que ce n’est pas l’enjeu prioritaire aujourd’hui ont raison. Les dernières projections, construites sur des hypothèses de croissance variant de 1% à 1,8% à long terme, montrent que la part des dépenses de retraites va au pire se stabiliser, au mieux décroître de 2 points de PIB. Et que le découvert global est sous contrôle et n’excédera pas un point de PIB à terme…. Ce qui veut dire que la viabilité financière du système est à la portée de réformes relativement douces.
Des économies sur le dos des futurs retraités
Mettre maintenant le focus sur l’âge de la retraite ou la durée de cotisation donne l’impression que la réforme, derrière sa simplicité et son uniformité revendiquées, est un écran de fumée, destinée à faire des économies sur le dos des futurs retraités. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, avait été postulé dès le début du processus, que l’âge de la retraite à 62 ans, ce seuil minimal où l’on peut partir avec un taux plein, dès lors que l’on a cotisé toutes ses annuités, demeurerait inchangé. Puis le message s’est brouillé, pour prendre toutes les allures d’une tartufferie : 62 ans, oui, mais avec une décote jusqu’à 64 ans. On peut certes minimiser la portée de la mesure. Le paramétrage actuel, avec à terme 43 ans de durée de cotisation, conduira de fait à un âge effectif de départ à la retraite à taux plein de 64 ans…
Et pourtant, non ce glissement n’est pas anodin. Alors que dans le système actuel, ceux qui ont commencé à travailler avant 19 ans, peuvent et pourront bénéficier à 62 ans d’une retraite à taux plein. Mettre une décote avant 64 ans, les obligerait à travailler deux années de plus pour bénéficier de tous leurs droits… ce qui veut dire en gros, que les moins qualifiés seraient pénalisés, par rapport à ceux qui ont fait des études longues. Ce qui fait ressurgir la fracture si emblématique de la crise des gilets jaunes, entre la France déclassée et la France diplomée des métropoles.
La réforme a pris soin de bétonner la situation des plus précaires : la retraite ne pourra pas être inférieure à 85 % du SMIC, contre 81% aujourd’hui et même 75 % pour les agriculteurs ; elle protège davantage des familles monoparentales ; elle est favorable aux carrières courtes et hâchées… Mais la portée symbolique de la réforme de l’âge, est suceptible de tout faire capoter. Surtout si l’on ajoute à cela le bataillon des fonctionnaires (notamment enseignants) qui pourraient perdre dans le nouveau système… On comprend qu’Emmanuel Macron ait rétropédalé.
La question de l’âge et de la durée de cotisation
Faut-il pour autant considérer que le débat sur l’âge et la durée de cotisation doit être sorti du périmètre de la réforme ? Non. Pour deux raisons : Premièrement, qu’on le veuille ou non, il s’agit bien d’un enjeu structurel qui engage l’équité du système. Or jusqu’ici, le non-dit des réformes successives, c’est que le maintien du niveau de vie relatif des retraités a été sacrifié sur l’hotel de l’age de départ. La solidité financière à long terme du système de répartition se bâtit sur une paupérisation relative des retraités par rapport aux actifs, compte tenu des règles d’indexation. Deuxièmement, la soutenabilité de long terme recouvre un long tunel de déséquilibre qui atteint un demi-point de PIB en 2025, quel que soit le scénario, puis reste substantiel, entre 1 point et 0,3 point jusqu’en 2035. Il n’y a pas péril en la demeure financièrement parlant. Mais une vraie légitimité à se demander s’il ne vaudrait pas mieux affecter ce demi-point de PIB à des investissements d’avenir plutôt qu’à financer le découvert des retraites, même s’il n’est que transitoire.
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