Xerfi Canal TV présente l'analyse d'Olivier Passet, directeur des synthèses - Xerfi
Sommes-nous sortis de la zone de danger concernant la déflation ?
En première analyse non. Non lorsque l’on rapproche l’évolution de l’inflation sous-jacente, hors éléments les plus volatiles (énergie, produits agricoles), de l’ampleur des impulsions monétaires non conventionnelles menées de part et d’autre de l’Atlantique et du Pacifique.
Cette vague de déversement de liquidité est maintenant plutôt derrière nous que devant, sans qu’elle est eu raison de la déflation rampante. De deux choses l’une, soit ces politiques ont été efficaces, et cela signifie que les forces déflationnistes sont virulentes et restent donc menaçantes. Soit elles sont inefficaces, et cela signifie que la grande modération est une composante structurelle.
Non ensuite, lorsque l’on observe l’inflation anticipée par les marchés, à moyen et long terme, que l’on peut déduire de l’évolution des rendements des obligations indexées. Ni aux Etats-Unis, ni en Europe, les banques centrales ne sont parvenues à ré ancrer de façon probante les anticipations.
Non encore, lorsque l’on prend un abord large de l’inflation, en y intégrant le prix des actifs. L’inflexion programmée des politiques monétaires à moyen terme crée un horizon défavorable à la valorisation des actifs et aux effets de richesse donc.
Non à nouveau, lorsque l’on élargit le champ géographique. Ce que l’on constate alors, c’est que la vague de stabilisation bien précaire de nos dynamiques de prix dans le monde avancé, a été obtenu en exportant le germe déflationniste vers les économies émergentes (à l’exception de celles, comme le Brésil qui sont piégées dans une spirale de dévaluation).
La guerre du change ne fait que diffuser le germe de la déflation à échelle mondiale. L’inflation monde continue ainsi à décélérer, semblant entériner le scénario de japonisation du monde.
Non toujours, si l’on considère que cette déflation exportée des pays avancés vers les émergents, a de fortes chances de nous revenir dessus. Ces derniers, notamment la Chine, sont maintenant engagés dans un processus de dévaluation compétitive, qui risque d’engendrer une nouvelle contagion de baisse des prix à échelle mondiale.
Non, enfin, si l’on prend en compte la dimension non monétaire de l’inflation zéro. Et que l’on prend notamment la mesure de la dimension technologique de la désinflation. Les gains de productivité liés au numérique se concrétisent en amélioration de la qualité et en rationalisation des process pour un prix inchangé des produits dans les secteurs moteurs de l’économie. Ce processus n’est pas prêt de s’arrêter, si l’on scrute de près les pressions sur les prix que l’on observe dans la plupart des secteurs.
Bref, on ne voit pas ce qui peut faire sortir l’économie mondiale du fil du rasoir déflationniste. Et l’on a beaucoup de raison de craindre, un nouvelle rechute si la croissance venait à ralentir davantage.
Gros bémol, cependant, car il i y a toujours des oui mais en économie, c’est que les pays les plus avancés dans la restauration de leur potentiel de croissance et dans le rééquilibrage de leur marché du travail, semblent avoir pris conscience que la seule issue au spectre déflationniste résidait dans l’évolution positive des salaires. Etats-Unis, Royaume-Uni et Allemagne redécouvrent, en même temps, les vertus du salaire minimum. Pointent, au même moment, les dangers de flécher trop d’incitations sur les petits jobs dépréciés et les entreprises qui les rémunèrent.
Ils le font au moment où leurs marchés du travail se rapprochent numériquement du plein emploi, et pour éviter que la dépréciation de la structure des qualifications ne pénalise davantage leur productivité et leurs débouchés internes. L’inflexion est timide, trop timide même, mais c’est la seule qui peut nous arracher du siphon de la déflation mondiale.
Olivier Passet, Sortir du siphon de la déflation mondiale, une vidéo Xerfi Canal TV
Publié le mercredi 03 février 2016 . 4 min. 16
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