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Travailler plus et/ou immigration : le nouveau débat interdit

Publié le lundi 14 février 2022 . 5 min. 16

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Nos cerveaux n’ont pas encore accoutumé cette idée. Mais la question de la pénurie de main-d’œuvre va devenir prégnante dans un horizon très rapproché. Pour deux raisons simples :


1. Premièrement, l’arrière-plan démographique n’a plus rien à voir avec celui des années 2000. Là où nous avions une population en âge de travailler qui augmentait au rythme de 200 à 300 000 par an en moyenne jusqu’en 2010, nous avons basculé en l’espace de quelques années sur une décroissance de 50 000 par an. Et même si l’on suppose une mobilisation accrue de la main-d’œuvre plus âgée, la population active plafonnera sur un seuil de 29-30 millions de personnes qui s’étirera jusqu’en 2050.


2. Deuxièmement, le contenu en emploi de la croissance s’est nettement accru depuis quelques années. L’économie française crée des emplois dès le seuil de 1% de croissance et même moins, plutôt 0,7%, quand ce seuil était de 1,5 à 2% jusqu’au milieu des années 2000.


La peur du grand remplacement de l’homme par la machine


Le bilan du quinquennat en matière de chômage porte la marque de ces inflexions. Fin 2021 les créations d’emploi sont placées sur une orbite de 200 000 créations d’emploi par an sur 5 ans. Qui est sensiblement supérieure au rythme des créations sur longue période. Mais cette performance n’a rien d’extraordinaire par rapport à ce que l’on observait dans les années 2000, et notamment sous l’ère Jospin-Chirac. En revanche, son pouvoir d’absorption de la population en âge de travailler et donc de décrue du chômage est très supérieur. Potentiellement de 200 à 250 000 par an si l’on exclut les effets amortisseurs du rallongement de la durée d’activité de seniors.


Ce nouveau contexte est loin d’avoir été intériorisé encore. 40 ans de chômage de masse nous ont conditionnés à considérer le sous-emploi comme un problème irréductible et les difficultés de recrutement comme la conséquence d’une déqualification par le chômage de longue durée. Nous vivons toujours dans la peur du grand remplacement de l’homme par la machine, que les spéculations sur la fin du travail, avec le digital, ont ravivée.


Vers un problème de pénurie de main-d’œuvre


Ce n’est pourtant pas ce à quoi nous assistons : les taux d’emploi tendent à progresser dans les économies développées, et le digital, loin d’opérer une substitution entre l’homme et la machine n’a fait jusqu’ici que renforcer le lien de complémentarité entre capital et travail. Lorsque l’on rapporte le stock de capital productif à la main-d’œuvre, ce que l’on appelle l’intensité capitalistique, la croissance de ce ratio décélère, en France comme aux États-Unis, témoignant d’une moindre substitution du travail par le capital. D’une part, la composante immatérielle du capital ne cesse de croître, et absorbe une part de plus en plus importante de travail qualifié pour produire ses logiciels, ses algorithmes ou sa composante R&D. D’autant plus que le déclassement rapide de ce type de capital implique un renouvellement et des développements permanents. Et le digital recrée un espace de complémentarité avec le travail non qualifié à travers ses mineurs du web et son armée de petits boulots dédiés à la logistique.


Cette dynamique conduit inexorablement nos économies vers un problème de pénurie de main-d’œuvre. Un problème d’autant plus intense que la transformation écologique de nos économies requière une mobilisation sans précédent de la main-d’œuvre locale : renouvellement de nos infrastructures énergétiques, chantier de l’isolation thermique, raccourcissement des circuits, pratiques moins productivistes dans l’agriculture, etc. Tout cela joue dans le même sens. Alors que la population d’âge actif tend à s’éroder, les besoins locaux de main-d’œuvre tendent à croître.


Les difficultés de recrutement que nous vivons déjà, et que pointent les enquêtes et l’augmentation des emplois vacants, ne sont que le prélude d’une tendance plus profonde. L’exacerbation des tensions en sortie de crise tient à la violence et à la rapidité de la recomposition de l’offre qui impose des réallocations violentes. Elles vont s’apaiser au fil des trimestres. Mais cela ne remet pas en cause le fait que le marché du travail va se transformer très rapidement en espace de gestion de la pénurie.
Un problème qu’il faut anticiper si l’on ne veut pas saper la croissance potentielle. Ce qui va nous conduire à reposer de façon radicalement différente les questions de formation, de salaire et d’immigration. Rivé sur un clientélisme de court terme, le débat présidentiel ne s’est pas emparé de cet enjeu majeur et demeure rivé sur des antiennes d’un autre temps. 


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