Xerfi Canal présente l'analyse d'Olivier Passet, directeur des synthèses économiques de Xerfi
La croissance est à l’arrêt depuis 2 trimestres. Au premier rang des accusés : les réformes. Pour les uns, le parti pris du gouvernement en faveur d’une politique de l’offre. Pour les autres, l’insuffisance des réformes.
Pour évaluer l’impact des réformes gouvernementales sur notre panne de croissance, encore faut-il se dégager du bruit médiatique et se remémorer certaines mesures anciennes, déjà hors radar, mais qui mordent réellement sur l’activité. Se focaliser en effet sur le dispositif phare que constitue le pacte de responsabilité, et ses 41 milliards de baisse d’impôt, apparaît en effet très vite inapproprié. Regardons un instant où le gouvernement en est de sa mise en œuvre. Les entreprises n’ont pour l’heure bénéficié que de la première tranche du CICE, 12 milliards et ce depuis avril. Tout le reste, les baisses des cotisations patronales, la 2ème tranche du CICE, la C3S, la réforme de la fiscalité sur les bas salaires, la baisse de l’IS, est à venir. Prétendre dès lors que la conjoncture porte la marque du pacte est tout simplement contrefactuel.
Si la conjoncture est partiellement héritière de la politique publique, il faut alors remonter le temps:
• Elle est encore le fruit de la loi de finance de 2013, qui a fait reposer l’effort de consolidation budgétaire sur une hausse partagée de l’impôt entre les ménages et les entreprises et un début de maîtrise de la dépense publique.
• Elle porte aussi la marque de la hausse de la TVA de 6 milliards en début d’année. Une hausse qui n’a que peu affecté le pouvoir d’achat des ménages, dans le contexte d’inflation zéro que nous connaissons, mais qui a contribué à fragiliser un peu plus les marges des entreprises.
• Enfin, la conjoncture est aussi placée sous le sceau de la réaction tardive de la BCE face aux risques de déflation et aux dégâts causés par un euro surévalué.
Sur toutes ces dimensions, on oublie trop souvent qu’il faut près d’un an pour que les politiques portent le maximum de leurs effets. Autrement dit, ce n’est pas l’inflexion historique de la politique monétaire imprimée en juin par Mario Draghi qui agit aujourd’hui sur le cours de choses.
Regardons maintenant ce qui se passe concernant la contraction programmée de la dépense publique. Aussi importante soit elle sur le papier, force est de constater qu’elle n’affecte pas aujourd’hui violemment le cours du cycle. La contribution de la consommation et de l’investissement publique est continument positive depuis fin 2011.
Il y aussi ceux qui pointent ce qui n’a pas été fait. D’abord, ceux qui stigmatisent la lenteur du gouvernement concernant les réformes visant à flexibiliser notre économie. Mais ces réformes visent les horizons longs. Elles sont en revanche porteuses de déflation et plutôt pénalisantes pour le cycle à court terme.
A l’inverse, il y a ceux qui préconisent un soutien à la demande, mais prétendre lutter seul contre le déficit de demande européen, c’est
1/ déresponsabiliser nos partenaires, au premier rang desquels l’Allemagne sur la nécessité de réanimer leur demande intérieure et encourager leur option mercantiliste
2/ prendre le risque de pénaliser encore plus notre compétitivité à long terme.
Faut-il pour autant dédouaner le gouvernement ? Non car la réussite d’une politique relève d’abord de son bon timing. Une économie à laquelle on administre une politique de l’offre a besoin d’une assistance respiratoire, soit à travers la monnaie, soit à travers la demande étrangère, soit à travers des déficits transitoire au risque de voir la thérapie trop affaiblir le patient. Et de ce point de vue, le constat est sans appel :
1/ le gouvernement n’a pas soufflé sur la braise de la reprise quand il le fallait
2/ son pari d’une croissance venu d’ailleurs vire à l’échec, et une fois de plus il est piégé dans un agenda de réforme non tenable dans le contexte conjoncturel du moment.
Olivier Passet, Une politique économique en manque d'assistance respiratoire, une vidéo Xerfi Canal
Publié le mardi 26 août 2014 . 4 min. 05
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