En France, on voit du néolibéralisme partout, sauf dans les statistiques.
C’est l’essayiste Denis Olivennes qui a trouvé cette formule choc dans son dernier livre, La France doit travailler plus… Elle s’inspire d’une citation célèbre du prix Nobel d’économie Robert Solow qui, en 1987, constatait : « On voit des ordinateurs partout sauf dans les statistiques de productivité ».
Alors, ce néolibéralisme français, dénoncé à tort et à travers, n’est-il qu’un fantasme ?
C’est le sujet de ce billet libéral.
Et puisqu’il est libéral, la réponse est sans appel: non !
Denis Olivennes le rappelle. Et je le cite : «La France a le système de redistribution de la richesse, par l’impôt prélevé sur les riches et par les prestations versées aux plus pauvres, parmi les plus développés au monde.»
Des chiffres:
–4 millions de bénéficiaires du RSA
–1,2 million de l’allocation adulte handicapé
–600 000 du minimum vieillesse
–300 000 de l’allocation de solidarité spécifique pour les chômeurs en fin de droit
Mais il n’y a pas que la couverture du risque d’indigence. Par exemple:
–13,8 millions de foyers recevant une prestation de la caisse d’allocation familiale
–8 millions d’arrêts de travail indemnisés chaque année, etc., etc.
Bien sûr, il faut rappeler aussi que la France «ultra-libérale» affiche, parmi les pays riches, les taux de dépenses publiques et de prélèvements obligatoires les plus élevés au monde.
«Drôle de libéralisme taxophile et dépensolâtre», ironise l’auteur, pourtant classé à gauche.
On se souvient que l’historien Jacques Marseilles a pu comparer la France à «une sorte d’Union soviétique qui aurait réussi».
Denis Olivennes renchérit, moqueur: «Nous avons un pro-libéralisme pro-fonctionnaires ».
Avec près de 6 millions d’agents publics, c’est-à-dire 9 agents pour 100 habitants, nous sommes très au-dessus du Royaume-Uni ou de l’Allemagne…
Et notre ultra-libéralisme est aussi ultra-réglementé. L’auteur de La France doit travailler plus… rappelle que le Code général des impôts comptait 300 000 mots il y a vingt ans. Il en a gané 500 000 depuis.
Même obésité pour le Code du travail, passé en deux décennies de 650 000 à 1 million de mots. Sur la même période, note Denis Olivennes, «nos législateurs prolixes et nos admininstrations inventives ont donc, chaque jour, ajouté 28 mots au Code des impôts et, chaque heure, 2 mots au Code du travail.»
Alors pourquoi dans cette patrie de la dépense publique, ce paradis de la redistribution des richesses, ce royaume de l’égalité, ce havre de l’emploi public et cette pépinière de normes, pourquoi une large majorité de Français adhère avec autant de facilité au procès en ultra-libéralisme ?
Peut-être parce qu’il existe une alliance entre réactionnaires et révolutionnaires contre le bouc émissaire libéral, pour reprendre la classification de Philippe Nemo. Tout les oppose, sauf qu’ils se retrouvent pour utiliser les leviers de l’Etat afin de façonner la société à leur guise. Et les deux ennemis deviennent alors amis pour éliminer celui dont la pensée sape leurs fondements – le libéral, de facto monoritaire.
N’est-il pas temps de revenir aux statistiques ?
Publié le lundi 17 février 2025 . 3 min. 51
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