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Si la Tour Eiffel s’élève depuis 134 ans dans le ciel de Paris, c’est évidemment grâce à cet ingénieur génial dont on fête en décembre 2023 le centième anniversaire de la mort. Mais c’est surtout parce qu’Eiffel était un excellent manager, en avance sur son temps.

D’abord en matière d’organisation du travail. La Tour Eiffel est l’ancêtre du meuble Ikéa. Elle a été pré-fabriquée, ce qui a permis de la monter en 2 ans, 2 mois et 5 jours. Ses 18 000 pièces ont été dessinées, moulées et numérotées dans les ateliers Eiffel à Levallois-Perret puis acheminées par voiture hippomobile sur le Champ de Mars. C’était un gigantesque Meccano mais aussi du taylorisme bien avant l’heure. Pour éviter les accidents du travail, de fait quasiment absents sur les chantiers Eiffel alors qu’ils étaient légion chez ses concurrents, les ouvriers devaient respecter une organisation très stricte. Dans les équipes de quatre personnes qui assemblaient la Tour, les tâches étaient pré-définies : il y avait le chauffeur, qui chauffait le rivet au rouge dans sa forge portative ; le teneur de « tas », qui le logeait dans son trou et le maintenait en place grâce à une tenaille; le riveur lui-même, qui frappait sa partie chaude avec une bouterolle pour former la deuxième tête ; et enfin, le frappeur, qui terminait l’écrasement de la tête à coups de masse.
Ces ouvriers n’avaient pas le droit de se parler ; ils n’avaient pas non plus le droit de boire de l’alcool. Tout cela était destiné à éviter les disputes et les bousculades qui, à cent mètres ou deux cents mètres du sol, auraient été fatales. Les pièces défectueuses, qui ne s’imbriquaient pas parfaitement, étaient retournées à Levallois car il n’était pas question non plus de bricoler en plein ciel et d’interrompre ce ballet bien réglé.

Deuxième atout, Eiffel était un patron social avant l’heure. Il avait appris son métier auprès de Charles Nepveu, un constructeur de locomotives qui avait publié un « Essai sur l’organisation du travail » prônant l’association des capitalistes et des ouvriers, et le partage des bénéfices. Même s’il n’allait pas jusque-là, Eiffel faisait aussi partie de cette génération d’entrepreneurs éclairés et acquis à l’idée de progrès pour tous. Sur son premier gros chantier, le Pont de Bordeaux, il avait plongé dans la Garonne pour sauver un ouvrier qui était tombé et ne savait pas nager. Il obligeait les salariés à avoir une assurance-décès, car sinon les familles qui étaient touchées sombraient dans la misère. Sur le chantier de la Tour, il y avait une cantine au 1er étage. Lorsque la grève a failli arrêter le chantier à six mois de la fin, Eiffel a proposé une prime d’un mois de salaire à ceux qui iraient jusqu’au bout, jusqu’au campanile.

Troisième atout-clé : Eiffel savait choisir ses collaborateurs, en ne craignant pas de s’entourer de gens plus diplômés que lui (même s’il était centralien) et à leur laisser une vraie autonomie pour stimuler leur créativité. Car il était conscient de ses propres limites. Ce n’est pas lui qui a eu l’idée de la Tour mais ses adjoints Koechlin et Nouguier ; il leur a racheté leur part du brevet contre une prime de 1% chacun sur toutes les sommes qu’il recevrait pour la construction. Ce n’est pas lui non plus qui a eu l’idée de cet exploit technique qu’est le Pont de Garabit, avec son arc en fer forgé d’un seul tenant amarré sur les deux rives de la rivière, au sommet duquel on pose le tablier : c’est son jeune associé Théophile Seyrig.

Quatrième force, justement : sa capacité d’innovation. Eiffel déposait beaucoup de brevets qui faisaient progresser la construction métallique (comme les ponts démontables, ou les grues à pivot tournant), et il était choisi pour des chantiers complexes, où ses technologies faisaient chuter les coûts tout en lui permettant de réaliser de belles marges : par exemple, avec la technique du lançage qui évite de bâtir des échaufaudages dans les rivières pour bâtir un pont.  Et même quand il a quitté la construction pour s’intéresser à la météorologie et l’aérodynamisme, Eiffel a reçu, à 81 ans la médaille d’or Langley, décernée par une fondation américaine, et qui est l’équivalent d’un prix Nobel de l’aéronautique.


Publié le jeudi 29 février 2024 . 3 min. 58

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