De l'intelligence des données à l'expertise augmentée
Connexion
Accédez à votre espace personnel
Recevez nos dernières vidéos et actualités quotidiennementInscrivez-vous à notre newsletter
ÉCONOMIE
Décryptages éco Intelligence économique Intelligence sectorielle Libre-propos Parole d'auteur Graphiques Notes de lecture
STRATÉGIE & MANAGEMENT
Comprendre Stratégies & Management A propos du management Parole d'auteur
RESEARCH
RUBRIQUES
Économie généraleFranceEurope, zone euroÉconomie mondiale Politique économique Emplois, travail, salairesConsommation, ménagesMatières premières Finance Géostratégie, géopolitique ComprendreManagement et RHStratégieMutation digitaleMarketingEntreprisesFinanceJuridiqueRecherche en gestionEnseignement, formation
NEWSLETTERS
QUI SOMMES-NOUS ?

Voir plus tard
Partager
Imprimer

Il y a quelques années, une générale de l’armée chinoise, Shen Yun-Ying, pour qui l’on donnait une grande soirée à l’Ecole militaire, à Paris, est venue trouver son hôte, un peu avant minuit, pour lui dire qu’elle s’en allait. Le café n’était pas encore servi et elle semblait pourtant ravie de sa soirée. L’officier lui a demandé la raison de ce départ précoce. Elle a répondu : « Il faut savoir quitter la fête lorsqu’elle bat son plein. »

Beaucoup de grands stratèges ont cru qu’ils le resteraient toute leur vie, que la fête ne finirait jamais. Prenez Napoléon. Génial en tant que général Bonaparte jusqu’en 1799, il atteint le sommet de son art à Austerlitz et à Wagram où il surclasse ses adversaires grâce à sa pratique innovante de la guerre : il étudie les théâtres d’opérations, fait remonter tous les renseignements sur l’adversaire, invente des manœuvres inédites et sait les faire appliquer.

Mais la guerre l’use, sa santé se dégrade, son jugement devient moins sûr et sa vision stratégique se trouble. Sa manière de faire la guerre n’évolue plus, contrairement à celle de ses adversaires. Et il devient mégalo. À partir de 1809, malgré ses talents de manœuvrier et quelques succès éphémères, sa défaite politique est inéluctable. Il a atteint ce qu’on appelle en stratégie son « point culminant ». Le point culminant, c’est cette limite au-delà de laquelle tout agrandissement de l’empire l’affaiblit au lieu de le renforcer.

On pourrait imaginer qu’on reste un grand stratège toute sa vie, tant les qualités de flair, de vision, cette capacité de prévoir les mouvements de l’adversaire ou de réagir paraissent, à première vue, intrinsèques à la personnalité d’un leader. Et d’ailleurs, Steve Jobs, qui est le modèle de presque tous les patrons, a gardé ce toucher de Midas toute sa vie. Lorsqu’il nous a quittés en 2011, il venait de sortir coup sur coup l’Iphone et l’Ipad. Mais il n’avait que 56 ans. Que se serait-il passé si à 70 ans, il avait toujours été le patron d’Apple ?

Beaucoup de stratèges tombent dans le piège du « coup de trop ». Et pour cause : quand votre intuition semble infaillible et que les faits vous donnent toujours raison, il est bien difficile de conserver l’humilité nécessaire à l’exercice stratégique. Carlos Ghosn a ainsi été victime de son hubris - sa folie des grandeurs -, après un parcours triomphal de quatre décennies. Convaincu qu’il était le meilleur patron de l’automobile mondiale, il s’est organisé pour que sa rémunération chez Renault atteigne au moins celle que Barack Obama lui avait proposée pour devenir CEO de General Motors : Mary Barra, qui a pris le poste puisque lui l’a refusé, touchait plus de 20 millions d’euros alors que Ghosn, qui dirigeait Renault et Nissan, n’en touchait « que » 14.

Pire, sa dernière vision stratégique – faire de l’Alliance le premier constructeur mondial en volume – était défaillante par construction. À quoi bon devenir le 1er du secteur si c’est au prix d’une rentabilité dégradée et d’investissements sacrifiés ? Et même au prix d’opérations « limite », puisque le chiffre des ventes de Renault en Chine était artificiellement gonflé ? Renault et Nissan étaient fragilisés par leur course aux volumes et entraient déjà dans une spirale descendante.

Parce qu’il a évité le « coup de trop », Otto von Bismarck est sans doute le plus grand stratège de l’histoire. Lorsqu’il a battu l’Autriche à Sadowa, ses troupes n’ont pas passé la frontière autrichienne, parce qu’il a deviné qu’il risquait d’effrayer le reste de l’Europe, ce qui l’empêcherait de réaliser l’unité allemande, son premier objectif. Il a su retenir sa puissance.

Peu de grands leaders ont été capables de s’arrêter, comme lui, et moins encore ont été capables de partir avant même que s’émousse leur capacité de compréhension du monde. Mais on peut peut-être citer François Pinault, qui a passé le témoin à son fils François-Henri à 67 ans. Ou Bill Gates, le fondateur de Microsoft, qui est allé se consacrer à sa fondation à 52 ans.


Publié le mercredi 13 mars 2024 . 3 min. 58

x
Cette émission a été ajoutée à votre vidéothèque.
ACCÉDER À MA VIDÉOTHÈQUE
x

CONNEXION

Pour poursuivre votre navigation, nous vous invitons à vous connecter à votre compte Xerfi Canal :
Déjà utilisateur
Adresse e-mail :
Mot de passe :
Rester connecté Mot de passe oublié?
Le couple adresse-mail / mot de passe n'est pas valide  
  CRÉER UN COMPTE
x
Saisissez votre adresse-mail, nous vous enverrons un lien pour définir un nouveau mot de passe.
Adresse e-mail :