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Les leçons du frigo, cette invention qui a refroidi les solidarités

Publié le jeudi 21 septembre 2023 . 4 min. 16

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Si je vous demande quelles sont les innovations qui ont le plus changé la vie des gens, nul doute que vous penserez spontanément à internet, à la roue, ou encore au vaccin. Et je parie que personne n’aurait l’idée de citer le réfrigérateur.


Pourtant, cet objet du quotidien somme toute banal a totalement changé les manières de vivre et de faire société. Le réfrigérateur en dit beaucoup sur nos façons de vivre et pas seulement sur nos manières de table. Il a profondément modifié le lien qui amène les hommes à faire société. Pourtant il est invisible, inodore, voire dans le meilleur des cas inaudible. Pourtant nous avons tous en tête ce célèbre refrain de la Complainte du Progrès de Boris Vian : « un frigidaire et nous serons heureux ! »
De la même façon que l’’aspirateur a remplacé le balai, la machine à laver la lessiveuse, le frigo est objet a permis  de dégager du temps disponible pour les loisirs : plus besoin de faire le marché tous les jours pour s’approvisionner en produits frais, d’entreposer dans le garde-manger les produits périssables, de mettre en oeuvre des méthodes de conservation laborieuses. Le réfrigérateur est cet objet magique permettant de passer de l’immédiat (chassé-mangé, cueilli-mangé ou préparé-mangé) au différé (manger plus tard). Tant et si bien que l’absence de réfrigérateur renvoie à une situation d’inconfort. Objet officiellement asexué et utilisable par tous, le réfrigérateur emblématise la répartition inégalitaire des tâches ménagères, puisqu’il reste essentiellement une affaire de femme qui le remplit le nettoie et l’entretient. Contrairement à la plupart des objets techniques (téléphone, ordinateur, automobile) qui jouent sur le temps en l’accélérant, le frigo permet de le prolonger. Le fait de pouvoir stocker des denrées fraîches allonge leur temps d’usage. Le réfrigérateur ralentit la dégradation des aliments et permet de différer les temps d’approvisionnement. Et c’est justement là que cette innovation technique a bouleversé nos modes de socialisation. Le réfrigérateur a été un opérateur essentiel de la disparition de la solidarité organique qui caractérisait les sociétés de nos aïeux. Des sociétés dans lesquelles la solidarité était nécessaire. A partir du moment où il n’était pas possible de conserver la nourriture plus d’une ou deux journées, il était impératif de donner le surplus alimentaire à son entourage. L’absence de moyen de conservation imposait un système d’entre’alimentation. On cuisinait ce qu’on avait acheté le jour même et les restes étaient naturellement proposés aux voisins, ce qu’on connaissait comme ceux que l’on connaissait moins. Le trop plein était systématiquement donné sous peine de devenir avarié. Cela signifie tout simplement que la solidarité était de mise sans jugement de valeur sur les personnes de l’entourage direct. D’où une plus forte capacité d’intégration et de cohésion. Et c’est justement cette chaîne de relations d’entraide structurée par le partage alimentaire qu’est venu briser l’avènement du frigidaire, aujourd’hui présent dans plus de 97%des foyers. Sans parler de l’isolement que renforce nécessairement la capacité de commander en un clic n’importe quel produit alimentaire livré en quelques minutes.


Cela doit nous faire réfléchir au fait que les technologies conditionnent les façons dont nous interagissons les uns avec les autres. C’est pourquoi il est illusoire de penser que la technologie est neutre. Elle prescrit des usages et des rapports au monde spécifiques. C’est pourquoi elle renvoie inexorablement à des idéologies et à une morale peut-être davantage qu’à la science.


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