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N’en déplaise aux défenseurs de la pensée positive qui se la sont largement appropriés, l’optimisme est par excellence une idée du siècle des Lumières. L’Europe intellectuelle veut alors se persuader qu’elle vit dans le meilleur des mondes possibles et la doctrine de l’optimisme est l’un de ses grands recours. Cette idéologie de l’optimisme est d’ailleurs intimement liée à l’idée que la Nature est bonté et que tout ce qui vient d’elle est forcément bon et juste, ce qui n’est pas sans résonance avec la vague écologiste contemporaine. Convaincus que la science et la raison sont à même d’apporter le progrès à la fois technique et moral, les hommes des Lumières sont nombreux à considérer que notre monde est le moins mauvais des mondes possibles, celui capable de nous apporter la liberté et le bonheur.


Certes, nous avons toujours de bonnes raisons d’espérer qu’une situation va bien tourner. Mais le fait d’attendre une issue favorable en vertu du simple fait que l’on est optimiste n’est pas une raison suffisante. Ce n’est en tous cas pas plus rationnel que de s’attendre à une telle issue parce qu’on est anglais ou parce qu’il a fait beau trois jours de suite. Car s’il y a une bonne raison pour que l’issue soit favorable, il n’y a donc a fortiori pas de raison pour qu’elle ne soit pas également défavorable. C’est pourquoi la foi de l’optimiste n’a pas de fondement. L’optimisme est une bizarrerie de tempérament. Dans un sens on peut légitimement penser que l’optimisme est davantage une question de croyance que d’espoir. C’est en fait une croyance fondée sur l’opinion que les choses vont aller dans le bon sens davantage que la sorte d’engagement vigoureux qu’implique l’espoir. L’optimisme est une sorte d’opinion générale autonome. C’est pourquoi il est difficile d’argumenter contre l’optimisme comme cela est également le cas pour le cynisme ou la crédulité. Un optimiste n’est pas simplement quelqu’un qui a de grandes espérances. Il est possible d’avoir de l’espoir sans nécessairement penser que les choses vont bien tourner de manière générale. Contrairement à l’espoir qui est une vertu, l’optimisme n’est pas une disposition à laquelle on parvient suite à une mûre réflexion. C’est ici qu’il faut distinguer l’optimisme et l’optimalisme. L’optimalisme est une doctrine qui postule que nous habitons dans le meilleur des mondes possibles. Pour l’optimaliste nous bénéficions déjà d’un bon alignement des astres. Par contraste, l’optimiste envisage les déficiences du temps présent mais se projette néanmoins dans un avenir radieux. La question est de savoir si la perfection existe déjà ou s’il s’agit de l’atteindre, ce qui a évidemment de nombreuses résonances sur la question éthique liée aux vertus possibles du capitalisme. Est-ce le meilleur des systèmes économiques possibles ou bien peut-il nous permettre d’envisager un monde meilleur ? Ne nous voilons pas la face, il ne s’agit évidemment pas de faire montre d’un optimalisme ou d’un optimisme béat. Qu’il soit ou non le moins pire des systèmes, Il est indispensable de dédiaboliser le capitalisme pour pouvoir en attendre quelque chose. A l’encontre de toutes les critiques qui pleuvent sur le capitalisme, il faut opposer le fait que le capitalisme permet l’accroissement général du niveau de vie, nous procure une vie plus variée qui offre davantage de loisirs et d’activités, et qu’il apporte des utilités bien plus qu’il n’en détruit. Sans parler de la fameuse destruction créatrice, n’oublions pas que le capitalisme est un levier essentiel pour que chacun puisse déployer des capacités créatives et des possibilités d’expression personnelle.


Il est de bon ton de critiquer le marché et le capitalisme comme si nous en étions extérieurs. Or, comme le montre le travail de Laurence Fontaine, non seulement nous faisons tous partis du marché, mais le marché est également la marque d’une liberté acquise qui respecte la dignité en donnant le droit d’acheter et de vendre. Son analyse de l’histoire et des pratiques du marché montre que l’échange individuel, tel qu’il se pratique dans le marché, suppose une égalité de statut entre ceux qui s’y rencontrent. De fait, acheter au marché signifie passer du temps à discuter, à jauger les marchandises, à entrer dans une relation de personne à personne et l’ensemble de ces attitudes suppose un dialogue d’égal à égal. Pourquoi ne considérerions pas que nous sommes également tous parties prenantes du capitalisme et qu’il ne tient qu’à nous d’agir en conséquence d’agir pour le rendre plus vertueux. Ce pouvoir libérateur du marché qui a permis aux individus de s’émanciper peu à peu des tutelles féodales en pouvant marchander entre eux, en passant contrat pour parvenir à un accord sur la valeur des marchandises et en obtenant des crédits, ne pourrait-on l’envisager à propos du capitalisme ? Ne pourrait-il être également un pourvoyeur d’égalité et même de démocratie. C’est donc notre choix de construire un capitalisme qui libère les pulsions de vie. Plutôt que d’optimisme, parlons plutôt de choix d’agir. Ce qui va d’ailleurs dans le sens d’une demande grandissante des populations d’être actrices, de participer et de faire vivre la démocratie. Mais pour que le capitalisme libère la volonté que chacun ait de choisir et d’agir, il faut penser ensemble un capitalisme qui soit pourvoyeur de sens et non pas seulement de rentabilité ; un capitalise qui fabrique des utilités plutôt que de les détruire et qui permette de tisser du vivre ensemble plutôt que de s’appuyer sur la rivalité et les pulsions narcissiques.


Référence
Laurence Fontaine,  Le marché. Histoire et usages d’une conquête sociale, Gallimard, 2014
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Publié le mercredi 07 avril 2021 . 6 min. 29

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