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Respecter la vraie valeur des choses

Publié le mercredi 14 décembre 2022 . 4 min. 53

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L’une des principales critiques que l’on adresse au capitalisme est de transformer tout en marchandise, même nous. Il s’agirait non seulement de fabriquer des consommateurs sans épaisseur et sans âme, mais plus encore de transformer l’individu moderne en produit fabriqué en série. La production de masse conduirait à la sérialisation d’hommes de masse. Ainsi par exemple le philosophe Gunther Anders dénonçait déjà en 1948 dans son ouvrage au titre prémonitoire, L’obsolescence de l’homme le fait que le maquillage transforme les femmes « en choses, en objets décoratifs, en produits finis ». Réduisant l’identité à l’image, nous ne ferions que consommer ce que nous sommes et n’être finalement que ce que nous consommons.

Cette chosification atteste d’une perte de valeur sérielle de l’être humain. Nous serions des choses, n’ayant dès lors plus de valeur autre que marchande. Cette critique bien connue laisse pourtant de côté une question majeure concernant la valeur des choses. On peut certes s’insurger contre la réification des êtes humains et la perte de leur valeur qui en résulte, mais qu’en est-il de la valeur même des choses ? Même si on peut lui adresser de nombreux reproches, la société de consommation à permis de rendre accessible la plupart des produits du quotidien à des millions de personne. La baisse tendancielle du prix des objets manufacturés est donc à la fois une conquête sociale qui a permis la diffusion de nombreuses catégories de produits et services, mais c’est aussi un frein majeur à l’adoption d’un modèle consumériste prenant davantage en compte la raréfaction des ressources naturelles. Autrement dit, il va nous falloir accepter une hausse significative du prix des choses. Car, seule une revalorisation significative de la valeur économique des biens qui circulent est la seule condition de possibilité à long terme d’un modèle de consommation de masse. Chacun de nous sait bien que payer un billet d’avion l’équivalent de quelques baguettes de pain est un non-sens économique et environnemental. Il faut bien comprendre que lorsqu’on saccage le prix des marchandises, c’est l’être humain qu’on saccage davantage encore que l’environnement.

La crise du politique se cristallise d’ailleurs en France autour de cette question. De quoi nous parle finalement un homme politique quand il n’a plus rien à dire ou à penser, si ce n’est du fameux pouvoir d’achat qui gangrène le discours social ? Jouer sur le sentiment non justifié que le pouvoir d’achat s’érode en France, alors qu’il ne cesse quasiment d’augmenter depuis la fin de la guerre montre bien une fois encore que ceux qui nous gouvernent ne savent pas ce qu’ils font, ni ce qu’ils disent d’ailleurs. Il est tout de même consternant que le nouvel imaginaire politique se dessine autour du prix à la pompe ou de la facture de gaz. Il est aisé dans une logique on ne peut plus lâche du quoi qu’il en coûte de calmer le grognement social à coups de chèques et de redistribution fiscale. Mais est-on seulement capable d’imaginer un litre d’essence à 10€ ? Qu’une enseigne de distribution utilise comme arme de communication la baguette de pain à 29 centimes en dit long sur l’irresponsabilité d’un monde des affaires qui a fait du low cost une idéologie pernicieuse confondant l’efficacité, l’utilité et l’efficience. Un produit qui est vendue au tiers du prix de référence du marché relève tout juste de l’efficience communicationnelle. Il ne fait que piétiner l’imaginaire de la marchandise, saccager la valeur du travail et annuler toute idée de qualité. C’est donc ce genre de pratiques qu’il nous faut collectivement nous battre pour rehausser la valeur économique des marchandises.

L’inflation significative qui guette le bois, les denrées alimentaires, et l’énergie est peut-être une aubaine inespérée pour abandonner l’idéologie mortifère du low price et redonner de la valeur aux choses, à la matière, au travail et donc à nous-mêmes. Car c’est paradoxalement de cette manière que l’on pourra construire une relation plus équitable dans la répartition de la valeur économique. Après le règne du capitalisme symbolique et émotionnel qui nous a fait oublier l’utilité des biens marchands, il nous faut penser un capitalisme de la substance qui glorifie l’être des choses, leur origine, leurs ingrédients. Bref une façon de redonner une dignité à la matière et à nous-mêmes, puisque nous sommes ce que nous consommons.


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