Le design sensoriel : penser avec nos sens
Publié le mardi 12 mars 2024 .
4 min. 15
Comme beaucoup, vous êtes certainement persuadé que vos jugements sont le fruit essentiellement de votre cerveau. Et pourtant !
Imaginez cette situation… Un de vos clients vous voit passer dans la rue et il vous interpelle pour le rejoindre dans le salon d’un hôtel cosy. Vous le voyez assis sur un fauteuil au doux toucher. Il déguste un verre d’orange pressée tandis que l’odeur d’un café serré frôle vos narines. Et un croissant croustille sous vos yeux tout comme la baguette de pain beurré…
Sans être une image d’Epinal, cette scène rend compte d’une expérience que l’on peut qualifier de « petit déjeuner à la française ». Elle se fonde sur nos cinq sens, en l’occurrence la vue, l’ouïe, le toucher, l’odorat et le goût. Au sein des entreprises, il est fort probable qu’une telle expérience résulte d’un travail avec l’outil du « design sensoriel ».
Mais, comment fonctionne cet outil ? Il puise en fait dans trois capacités de l’être humain face à ce que je vais appeler « un objet » pour englober une situation, un produit ou un service, ou un espace.
La première capacité est celle consistant à ressentir l’objet en question. Par exemple, quand nous rentrons dans une pièce où deux personnes se sont très mal parlé, nous ressentons de « l’électricité dans l’air ». Si dans ce cas-là, nous subissons la situation, ce ressenti peut être davantage orienté. C’est ainsi que certaines boutiques diffusent des essences mentholées au bord des caisses pour alléger l’acte de paiement.
La deuxième capacité est la capacité à apprendre des informations sur l’objet. Par exemple, selon le son de fermeture d’une porte de voiture, le conducteur imagine, entre autres, la qualité du véhicule. Un son de casserole ne communiquera pas le même sentiment de confiance qu’un son feutré et sourd.
La troisième et dernière capacité consiste à créer de la valeur intangible à l’objet concerné. Par exemple, une tarte aux pommes bien chaude et caramélisée apporte à un espace, une atmosphère de convivialité, d’affection et de douceur « faite maison ».
Ces trois capacités sont l’expression de nos cinq sens - sens qui se combinent et qui ne peuvent pas être dissociés les uns des autres. Et l’outil du design sensoriel travaille à proposer une expérience multi-sensorielle à la cible de l’objet.
La question qui se pose est dès lors : comment réussir l’utilisation du design sensoriel en entreprise ?
Nous pouvons retenir quatre points.
Le premier consiste à intégrer cet outil dès les débuts de la conception de l’objet. Cela favorisera l’exploration des dimensions psychologiques et physiologiques de ce que l’on créé.
Le deuxième point concerne l’existence d’une adhésion pleine de l’équipe projet en charge de la conception de l’objet.
Le troisième point est d’identifier du point de vue de la cible, la perception sensorielle de l’objet tout au long de l’expérience. Il s’agit ici d’éviter le risque de saturation de nos récepteurs sensoriels.
Quant au quatrième point, il ne faut pas sur-estimer les capacités sensorielles de la cible.
Il faut bien s’avouer que le design sensoriel nous dévoile une vérité sous-estimée : nos décisions plongent leurs racines bien au-delà de la logique cérébrale, car elles puisent largement dans nos expériences sensorielles. Notre manière de sentir, d’apprendre et de créer façonne notre vision du monde. Le design sensoriel nous pousse finalement à mieux prendre en compte l'influence profonde de nos sens dans nos jugements.
Et oui, nous ne pensons pas seulement avec notre cerveau !
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