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Si les robots tuent l'emploi, il faut taxer les robots

Publié le mercredi 5 avril 2017 . 4 min. 59

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Bill Gates a surpris tout le monde en suggérant qu’une taxation des robots serait une politique utile. Pourquoi le fondateur de Microsoft souhaite-t-il taxer l’innovation et l’investissement dans l’automatisation ? Pour deux raisons.

 

La première est qu’à ses yeux, nous allons connaître une accélération de la phase de numérisation et d’automatisation que nous connaissons. Certes le contenu des  emplois s’enrichit toujours de services nouveaux. Mais aucune loi naturelle de l’économie nous assure que les nouveaux emplois créés seront en nombre suffisant pour remplacer ceux qui seront perdus. Or, si l’on veut créer de nouveaux postes et financer la formation de ceux qui ont perdu le leur, il faut des recettes fiscales. Recettes que les robots ne nous offrent plus.

 

La seconde raison est qu’il existe un risque que les gens refusent les gains d’efficacité liés à l’automatisation s’ils constatent que le nombre d’emplois perdus est important. S’assurer, par la taxation, qu’une partie des gains d’efficacité est bien redistribuée vers les emplois est de nature à renforcer l’acceptabilité sociale de l’innovation explique Bill Gates. Un débat qui mérite d’être ouvert selon le Financial Times, qui est contre la taxation des robots en soi mais accepte l’idée qu’une partie des gains doit être taxée pour être redistribuée.

 

Ceux qui refusent le débat rappellent que l’innovation s’accompagne toujours d’un processus de « destruction créatrice » : oui, des emplois sont perdus, mais d’autres sont créés et, une fois les perdants compensés, tout rendre dans l’ordre et l’emploi global progresse. Sauf que les mécanismes stabilisateurs habituels qui ont accompagné ce mouvement lors des précédentes révolutions industrielles pourraient ne plus être présents demain, explique le Britannique Ryan Avent dans un livre récent.

 

Hier, une révolution technique s’accompagnait de la création de nombreux postes de travail non qualifié : fabriquer des voitures dans des usines mécanisées contribuait à créer ce type de poste. Aujourd’hui, Uber dit au grand public qu’il crée des emplois pour des non qualifiés… mais explique aux investisseurs qu’ils doivent lui prêter leur argent car elle sera la première entreprise de taxi sans chauffeurs. Rien ne nous dit que les services vont créer une masse importante d’emplois non qualifiés.

 

Hier, l’innovation technique était riche en gains de productivité. Si l’on en croît certains économistes, de Robert Gordon à Patrick Artus en passant par Paul Krugaman ou Daniel Cohen, nous sommes peut être entrés dans une période de stagnation séculaire, une longue période d’innovations à faibles gains de productivité. Passer de la diligence au TGV accroît la productivité. Passer de la réservation du TGV de l’agence de voyage à Internet aussi mais beaucoup moins, sans parler d’envoyer des vidéos sur Snapchat ou de jouer au dernier jeu à la mode…

 

Hier, les gains de productivité liés à l’innovation étaient redistribués. Henry Ford a doublé les salaires et réduit le temps de travail. Aujourd’hui, les richesses se concentrent entre les mains de quelques-uns, bénéficiant de dividendes ou de rentes de la propriété intellectuelle. Google fait d’importants progrès dans la voiture sans chauffeur et dans la prévention médicale. L’entreprise ne se transformera pas pour autant en producteur de voitures ou en labo pharmaceutique. Elle vendra ses innovations techniques pour capter la valeur ajoutée produite par d’autres secteurs dont les bénéfices seront donc concentrés entre les mains de quelques-uns.

 

Enfin, hier, on a pu redonner des emplois à ceux qui les perdaient en les formant, en accroissant le niveau d’éducation. Aujourd’hui avec 80 % d’une génération au bac, le gain d’éducation sera plus limité. De plus, comme l’indiquait The Economist récemment, la part des très qualifiés dans l’emploi est en train de baisser aux Etats-Unis. Mieux vaut un diplôme pour avoir un emploi mais une formation n’est plus la garantie d’en avoir un avec certitude.

 

Au final, il est clair que le travail non qualifié et peut être aussi en partie qualifié appartient aux perdants de l’automatisation. Si la destruction a bien lieu mais pas la création, il y aura alors abondance d’offre de travail pour une faible demande. Le prix, les salaires, diminueront, incitant à une sortie du marché du travail, à une montée des inégalités.

 

Les gagnants sont les actionnaires, les rentiers de la propriété intellectuelle mais aussi les rentiers du foncier et de l’immobilier. Savez-vous que la Silicon Valley connaît une diminution de sa population ? La masse des habitants ne peut suivre le niveau de vie des quelques startupers.

 

Est-ce si idiot de chercher les moyens de redistribuer les gains de l’automatisation dont on peut penser qu’elle fera plus de perdants qu’avant pour un petit nombre très concentré de gagnants ?

 

Christian Chavagneux, Si les robots tuent l'emploi, il faut taxer les robots, une vidéo Precepta Startégique.


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