En France, en 2022, la proportion de titulaires du baccalauréat était plus élevée chez les filles (85 %) que chez les garçons (75 %). Cependant, la proportion d’élèves ayant suivi un enseignement de sciences fondamentales était beaucoup moins élevé chez les filles. Par exemple, 53 % des garçons de terminale avaient choisi les mathématiques parmi leurs enseignements de spécialité, contre 25 % des filles.
Ces choix de spécialité ont de fortes incidences sur la poursuite d’études. En effet, ne pas faire de mathématiques de spécialité en terminale revient à se priver de certaines poursuites d’études, telles que les écoles d’ingénieur·es, ou encore les classes préparatoires scientifiques. Or, la sous-représentation des femmes dans les filières qui comportent des mathématiques, telles que les filières d’ingénierie, ou encore tout ce qui a trait au numérique ou à l’intelligence artificielle, pose des problèmes sociétaux. En effet, cela implique que les personnes qui conçoivent les infrastructures matérielles et digitales de nos sociétés sont majoritairement des hommes, et ne représentent pas la diversité de notre population.
Au-delà de ça, il faut souligner que la sous-représentation des femmes en mathématiques n’est bien sûr pas biologique ou inhérente à ce qui pourrait être qualifié de « désirs intrinsèques » des femmes. En effet, dans certains pays, certaines cultures, les filières mathématiques sont beaucoup plus mixtes. Cela a d’ailleurs été qualifié de « paradoxe de l’égalité des sexes », car c’est généralement dans les pays les moins avancés sur le sujet de l’égalité des sexes qu’il y a les taux de féminisation en sciences, techniques, ingénierie et mathématiques les plus élevés.
Récemment, une équipe de recherche autour d’une chaire intitulée « Femmes et sciences » a montré que ce paradoxe s’explique par la prégnance des stéréotypes de genre, qui restent à un niveau élevé y compris dans les pays avancés sur le sujet de l’égalité des sexes. Notamment, les stéréotypes associant les mathématiques aux hommes sont plus forts dans les pays plus avancés sur l’égalité des sexes, et cela va de pair avec une moindre représentation des femmes dans les filières nécessitant des mathématiques. Autrement dit, les progrès en matière d’égalité des sexes n’effacent malheureusement pas les stéréotypes associant les mathématiques aux hommes, et la sous-représentation des femmes dans ces filières serait en grande partie liée à ces stéréotypes.
Cela signifie qu’il faut impérativement travailler sur ces stéréotypes. L’idée n’est pas de forcer les femmes à faire des mathématiques, comme le sous-entendait de manière un peu provocatrice le titre de cette chronique, mais plutôt de leur donner la liberté et la possibilité d’en faire, en luttant contre les stéréotypes qui les freinent.
Publié le mardi 15 avril 2025 . 2 min. 53
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