La coopétition est une stratégie qui consiste à coopérer avec ses concurrents. Il existe de nombreux exemples de réussite des stratégies de coopétition. Par exemple, à l’origine, Airbus est un consortium d’entreprises concurrentes qui s’associent pour développer ensemble un avion long-courrier et devenir ensemble un rival direct de l’américain Boeing. De la même façon Eurocopter, Ariane Espace ou plus récemment les programmes de développement de drone européen de combat sont tous fondés sur de la coopération entre concurrents.
Pourtant, la coopétition est une stratégie a priori contre-intuitive. Travailler avec ses concurrents n’est pas un comportement naturel. Normalement, les « amis » sont à l’intérieur des frontières et « l’ennemi » est à l’extérieur. Collaborer avec les concurrents est donc tout à fait paradoxal. Cela permet d’avoir accès à des ressources complémentaires mais expose en même temps à une forme de pillage de connaissances par le coopétiteur. Pour autant toutes les formes de coopétition ne sont pas porteuse d’autant d’occasion de profit et de risques.
Les stratégies de coopétition peuvent prendre des formes très différentes. Deux formes principales peuvent être distinguées. La coopétition verticale et la compétition horizontale.
- Dans la coopétition verticale, deux entreprises concurrentes sur un même marché sont en même temps en relation de coopération de type client-fournisseur. Par exemple, SAP et Oracle sont deux concurrents directs sur le marché des ERP. Dans le même temps, Oracle fournit à SAP les bases de données qui lui sont nécessaires pour développer ses ERP. De même, Samsung et Apple sont deux rivaux acharnés sur le marché du smartphone, et Samsung fournit Apple en micro-processeurs.
- Dans la coopétition horizontale, deux entreprises en concurrence direct sur un marché coopèrent horizontalement sur des activités directement liées à ce marché. Par exemple, Samsung et Sony ont développé ensemble la technologie LCD qu’ils ont ensuite intégrée dans leurs téléviseurs respectifs. De même, Nintendo et Sony ont développé ensemble un jeu combinant deux de leurs personnages les plus fameux, Mario et Sonic.
Les deux types de coopétition sont assez différents et ne comportent pas le même niveau de risque.
- Dans la coopétition verticale, il est possible de limiter les échanges et d’ériger des « pare-feu ». Il est possible de protéger ses connaissances en s’en tenant au strict nécessaire pour les interfaces. Ce type de coopétition limite les risques, les tensions et est donc relativement stable dans le temps. En revanche elle ne permet pas de créer des innovations radicales.
- Inversement, dans la coopétition horizontale il n’est ni possible ni souhaitable d’ériger des pare-feu. Au contraire il faut s’ouvrir et partager pour que se produise une fertilisation croisée entre les connaissances des coopétiteurs. La coopétition horizontale est donc porteuse de plus grands risques de pillage de connaissances. Elle génère des tensions fortes, elle est instable, mais elle peut aboutir à des grandes avancées dans les connaissances.
Publié le jeudi 22 septembre 2016 . 3 min. 26
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de Frédéric Le Roy
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