La coopétition est une stratégie qui s’est développée dans les années 1990 essentiellement dans les grandes entreprises. Ces grandes entreprises ont adopté les stratégies de coopétition pour gagner la double course à la mondialisation et à la technologie. La coopétition permet, tout d’abord, de partager les coûts que les entreprises doivent supporter pour faire face à la globalisation : coûts de R&D, coûts de production, coûts de distribution, etc. La coopétition permet, ensuite, de partager des connaissances avec des entreprises très complémentaires et de créer ainsi des technologies nouvelles.
La coopétition n’est toutefois pas réservée aux grandes entreprises. La double course à la globalisation et à la technologie touche également les PME. Les PME s’engagent donc aujourd’hui massivement dans des stratégies de coopétition. Il en est ainsi des agences immobilières, qui s’engagent dans des formes inédites de partage de mandat entre concurrents, des taxis indépendants, qui créent des groupements de taxi, etc. Il en est de même pour les consultants, les architectes, les entreprises des TIC, etc., qui se regroupent pour répondre ensemble à un appel d’offre. Ces stratégies ne portent pas nécessairement le nom de coopétition mais sont bel et bien des stratégies de coopération entre concurrents.
Si les PME n’ont pas été les premières à adopter les stratégies de coopétition, ce sont celles qui ont aujourd’hui le plus grand intérêt à la faire. En effet, par nature une PME a des ressources limitées. Le fait de s’associer avec plusieurs concurrents crée donc un effet de levier potentiel beaucoup plus important que pour les grandes entreprises. La coopération entre PME peut toucher un grand nombre d’entreprises concurrentes, ce qui démultiplie d’autant l’accès aux ressources.
La coopétition est même la stratégie qui paradoxalement, permet aux dirigeants de PME de garder leur indépendance. En effet, dans un contexte où beaucoup de dirigeants de PME ne souhaitent pas ouvrir leur capital ou s’intégrer dans un groupe, la coopétition est le meilleur moyen pour accroitre leur échelle d’activités ainsi que pour progresser technologiquement. La coopétition repose fondamentalement sur une logique de pair dans laquelle il n’y a pas de relation hiérarchique entre les coopétiteurs. La coopétition correspond par nature au désir d’indépendance qui anime nombre de dirigeants de PME.
Il en est de même pour les start-up qui se développent sur la base de technologies innovantes. Pour ces entreprises la coopétition est une occasion unique pour avoir accès aux connaissances qui leur sont nécessaires. Cette coopétition peut se faire avec d’autre start-up dans des consortia de R&D, mais également de façon dyadique avec une grande entreprise. De nombreuses start-up se sont ainsi développées dans la biotechnologie en commençant par développer leur technologie avec des coopétiteurs de plus grande taille.
La double course à la globalisation et à la technologie ne devrait pas s’arrêter dans les prochaines années. Il faut donc s’attendre au fait que les PME adoptent de plus en plus fréquemment et de plus en plus intensément dans des stratégies de coopétition. De leur capacité à coopérer de façon proactive avec leurs concurrents dépend en grande partie leur survie et leur développement.
Publié le jeudi 17 novembre 2016 . 4 min. 00
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