Demander des jours de congés pour des règles douloureuses, pour un parcours PMA, pour aider un proche malade,
Attendre que l’employeur prenne en considération sa santé mentale,
Mais que viennent faire toutes ces questions relevant de l’intimité de chacune et chacun dans l’entreprise ?
Je vous rappelle que l’intimité vient du superlatif latin intimus qui veut dire « L’intérieur de l’intérieur, ce qu’il y a de plus intérieur dans l’intérieur ». Donc a priori, cette intimité devrait rester invisible, qui plus est, dans un contexte professionnel. Mais force est de constater qu’elle l’est de moins en moins et pour deux types de raisons.
- Les réseaux sociaux conduisent les individus à se dévoiler plus facilement, sur leurs situations personnelles, leurs croyances ou leurs caractéristiques. Ils sont même souvent dans une situation paradoxale où ils affirment qu'ils souhaitent préserver leur vie privée, ce qui ne se vérifie pas forcément dans leur comportement de divulgation sur la Toile et ailleurs.
- Les entreprises ont de leur côté créé des espaces pour l’intimité ; elles se sont invitées dans l’intime de leurs salariés en développant le télétravail et les visios de chez soi, en leur demandant de préciser leur situation personnelle pour trouver une place en crèche ou par exemple pour les aider dans leur vie quotidienne avec les conciergeries d’entreprise.
Ces deux tendances font qu’il est impossible pour les entreprises de considérer leurs salariés uniquement comme des travailleurs. L’enjeu est désormais de les reconnaître comme des personnes avec leurs identités plurielles et leur intimité personnelle.
Plusieurs sujets sont dès lors associés à cette intimité et sont devenus des enjeux pour le management. J’en distingue trois.
- L’intime renvoie à ces parties du corps cachées aux yeux du monde et deviennent visibles quand on parle des règles, des parcours de PMA, des changements de genre, qui supposent des aménagements des temps et lieux de travail.
- L’intime renvoie aussi à l’intimité avec les autres, aux relations spécifiques tissées avec des personnes aimées, et qui ont des effets sur le travail, quand on accueille un enfant, quand il s’agit d’accompagner ce proche malade ou handicapé ou quand l’intimité avec un proche devient source de violence et de souffrance.
- L’intime concerne enfin l’essence d’un individu, le plus profond de lui-même, mais qu’il peut avoir envie de dévoiler en totalité ou en partie. Dévoiler ses croyances, dévoiler d’autres facettes aussi de son identité, de genre par exemple ou dévoiler ses fragilités psychologiques suscite a minima des réflexions dans les entreprises.
Ce sont donc des facettes plurielles de l’intimité que les entreprises ont à gérer. Certaines ont déjà négocié des accords pour leur personnel aidant, pour accorder des jours de congés pour règles douloureuses, comme la MAIF, Schneider Electric Carrefour, L’Oréal ou la Mairie de Saint Ouen … C’est même devenu une composante de la marque employeur, afin d’attirer et de retenir les personnes concernées. D’autres se montrent encore dans l’expectative et n’osent pas nécessairement s’attaquer à ces thèmes qui leur semblent éloignés de leurs rôles.
Mais toutes les entreprises sont désormais concernées et poussées à l’action sur les frontières de cette prise en compte de l’intimité de leurs salariés. Avec en corollaire une question majeure : Jusqu’où la reconnaissance des singularités de chacune et chacun peut-elle être acceptée, au risque de ne prévoir que des aménagements individuels au détriment d’une approche collective ?
Publié le mercredi 17 juillet 2024 . 4 min. 09
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de Géraldine Galindo



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